L'addoïct

tete-en-folie

Un clin d'oeil aux ados ... et à leurs parents

L'addoïct

 
   L'addoïct est un petit être maléfique, mais fragile et attachant, qui sévit dans de nombreux foyers.
   Nocturne par nature mais diurne par obligation, il se plait à occuper de manière quasi exclusive sa « tanière », à l'exception de toute autre pièce de la maison. Il aime l'en imprégner de son odeur et y parvient avec succès en évitant d'ouvrir la fenêtre, de changer ses draps et de prendre des douches trop fréquentes. Les vêtements éparpillés à même le sol semblent ajouter une touche intéressante au fumet qui se dégage de la pièce. Enfin, il y règne un ordre dont la logique échappe totalement à la compréhension de ses géniteurs.
   L'addoïct souffre de surdité sélective. Il perçoit aisément des ultra-sons inaudibles pour la plupart des adultes de son espèce, mais n'affiche aucune réaction au timbre de la voix de ses parents. Au mieux, un grognement indique qu'il a vaguement entendu quelque chose mais n'en a pas saisi la substantifique moelle.
  De structure mentale et affective compliquée, voire incompréhensible, l'addoïct alterne les phases de grand enthousiasme avec celles de dépression sévère, d'inactivité, voire de léthargie, entrecoupées de colères impressionnantes (par exemple, quand il n'y a plus de Nutella dans le placard).
   La tenue vestimentaire des addoïcts, contrairement aux apparences, est soigneusement étudiée. Une part non négligeable du budget de la famille y est consacrée, alors qu'il suffirait de déchirer les vieux jeans et de supprimer les ceintures pour obtenir le même effet. Si les garçons ont oublié l'usage du peigne et de la brosse (qui doivent se trouver au même endroit que le shampoing),  une partie de la gente féminine a un lisseur greffé au bout de la main, et le manie avec une habileté déconcertante, au vu des faux-plis qu'elle laisse sur le linge qu'on lui a demandé de repasser.
   L'addoïct est omnivore avec, cependant, une prédilection pour les féculents et les plats gras et sucrés. Les végétaux n'ont que peu d'attrait pour lui, à l'exception du chanvre (plus communément nommé cannabis) et qu'il ne consomme ni en tisane, ni en gratin, mais plutôt grillé, et en compagnie de ses congénères. L'addoïct montre d'ailleurs une forte propension à la vie tribale, et son espèce se décline en plusieurs groupes dont chacun présente une dépendance particulière.
    Les Kikou Lol « addictionnent» tout particulièrement la page de leur profil facebook et résistent difficilement au plaisir de vérifier si le nombre de leurs amis a augmenté. Ils maîtrisent l'art de « lâcher des coms » vides de sens ou d'intérêt, mais un peu moins celui de l'orthographe.
   Le « No Life », quant à lui, s'adonne lui à des jeux en ligne dans lesquels son inventivité pour créer des personnages et des scénarios ferait se pâmer son professeur de Français. Le No Life est essentiellement de sexe masculin. C'est le plus nocturne de tous les addoïcts.
   Les wesh-wesh, identifiables à leur casquette, et leur sac en bandoulière, parlent fort et s'insultent beaucoup. Ils utilisent des mots que personne ne comprend mais d'un nombre assez restreint, ce qui devrait permettre d'établir facilement un lexique. Ils ont des qualités rares en danse et en poésie mais restent des artistes incompris de l'Opéra Garnier et de l'Académie française.
  Enfin, l'intello, qui pourrait être défini comme la version scolaire du « workaholic » est le plus solitaire de l'espèce et accorde une moindre importance à sa tenue vestimentaire. On peut le dire rebelle car il s'oppose très nettement aux tendances observées dans sa génération : l'orthographe n'a pas de secret pour lui, il aime son prof de maths, parle couramment l'anglais et consulte wikipedia au lieu de facebook.
   Parents, tenez bon ! Ils deviendront tous adultes et finiront par quitter la maison mais quand ??
        Cécile
Signaler ce texte