L'admiratrice
albane-soren
Quand ta bouche m'a frôlée, du vinyle j'ai glissé,
A genoux, ingénue, jusqu'au fond j'ai plongé.
J'ai laissé ton murmure arpenter mon échine,
Tes baisers sulfureux, tes charges de dopamine,
Mon Idole, ton opium, tout m’enivre et m’achève,
Tes paroles me libèrent, ton silence me malmène,
Je ne peux m’y résoudre, gangrénant mes pensées,
Mon amour, je t’adore, je te veux, j’ai sombré.
Comme une houle qui enfle, mille cellules effrénées,
S’installe et me tiraille ma sombre curiosité.
Recherchant une nouvelle, un murmure, ton sillage,
Tu me vides, me bouleverses, me remplis, me soulages,
D'une absence, d'un regard, d'un sourire, d'une étreinte,
Dessinant, à ta guise, mille ivresses, joies et craintes.
Ô, ma muse, tu t'amuses, aussi parfois je prie :
Qu'il me serait plus doux que tu sois d'une autre vie...
Me voilà à tes portes, attendant que soit l’heure,
Qu’importe l’éternité qui matraque mon cœur,
Je m'installe, dès l’aube, pétillante d’envie,
Nourrissant ma passion, cette absurde frénésie.
La pendule n’est plus rien, même mourir serait bien,
Je me plie aux barrières et m’en briserais les reins.
Dans ton bel alambic, tes puissantes liqueurs,
Lorsqu’enfin tu arrives, entends-tu la rumeur ?
Balançant doucement sur l'acanthe des Douleurs,
Tu agites tes grelots, déshabilles mes humeurs.
"Ne crains rien" me rassure ton visage délicieux,
Et tes bras bienveillants qui me guideraient à Dieu.
Et là, sous tes mains, caressant le piano,
Je rêve même un instant que les notes sont ma peau.
Mais Venus incomprise, je réalise bientôt,
Dans la foule hystérique, que je suis bien de trop.
Tes rideaux de lumière finalement se retirent,
Elevées sur tes cimes, je m'effondre, Martyre,
Dans cette trombe orageuse, je demeure, je dénombre,
Les instants de magie, l’invisible, les secondes,
Et je ne saurais pas dire si le jour ou la nuit,
Vient se confondre en moi, m’enveloppe ou me détruit.
Je crois bien que je souffre, dans mon âme et ma chair,
Sans nom je resterai, dans cette ruche éphémère.
D'où jaillisse mon Délire, nourrissant mes organes,
Quand ton corps s'évapore, devenant filigrane,
Sème le vide comme l’éclair d’une balle dans ton crâne,
Ou ce soir de novembre, te brisant au platane,
Tu ne reviendras pas, mon amour, ma folie.
Et quand l’ombre de tes mots, tes dernières mélodies,
Me quitteront pour de bon, tordant tout de mon corps,
Ne sachant vivre qu’en toi… comment ferai-je alors ?
Mon amour... je t’adore, je te veux, j’ai sombré.
Du souffle par ici!
· Il y a plus de 12 ans ·Frédéric Clément