Lady Big Dick
stockholmsyndrom
- Ecoute, j'adore l'idée. Pour être franc, je vais pas y aller par quatre chemins, physiquement tu vois, t'es pas Kate Moss, t'as les épaules d'une lanceuse de poids Biélorusse tu vois. Donc le concept, ouais, il est tout a fait pour toi. Bon et ton nom de scène alors ?
- Bah je sais pas, j'avais pensé a Frida le blond, un truc du genre, une touche d'humour ca fait pas de mal, non ?
- AH…AH…AH… C'est nul, ca fais trop seventies, faut un truc qui frappe, faut un nom anglo saxon, un truc jeune, vendeur, faut s'immiscer dans le disque dur du client tu vois, Lady Big Dick, Ursula Strauss Khan, un truc trash, le public raffole de ca, un truc dans l'ère du temps.
- Hum d'accord…oui… mais… mais…
- Ouais mais oui, c'est bon, faut vivre avec son temps, faut changer. En stagnant tu renvoie l'image de notre société, les gens viennent au Cabaret pour se changer les idées, faut pas qu'ils aient l'impression de se faire autant chier que devant un discours poussiéreux de François, bouge toi le cul, merde.
- Oui t'as raison, faut rajeunir ma carrière.
- Voila, t'es la pour leur faire cracher l'oseille, et c'est pas en se dandinant en tutu sur du Michel Sardou comme tu le fais depuis 20ans que tu vas amasser les liasses. Faut que tu troue tes bas, que tu fasses dégouliner ton rouge a lèvres, que tu te touches sur du Marilyn Manson.
- Hum… je sais pas trop… Je me voyais quand même rester dans le glamour…
- Le ? Ecoute, on est plus a l'époque Vénitienne, te ramène pas avec un corset et une robe longue de 2m50, une rose rouge dans les cheveux, ce genre de conneries, les gens vont te bombarder de tomates pourries. Le mec qui vient la, le vrai tordu, ce qu'il veut c'est du sale, de la crasse, il en a rien a foutre de l'imaginaire, il veut tout voir, les ongles, les cuisses, la chair, les poils, oh, et puis laisse toi pousser les poils, ca donne un coté proche du peuple, un coté France d'en bas, c'est bien ca, ca donne un coté accessible tu vois, Faut que tu les fassent languir mais que tu leur donne l'impression qu'ils peuvent te culbuter dans les loges, il est la le secret, tu vois ?
- Euh.. Oui… Mais c'est…
- Bon j'te laisse j'dois raccrocher la. Monte moi un p'tit truc pour mardi, avec tous les ingrédients hein. Ciao Ciao Rosario, t'es la meilleure.
- Ciao.
La conversation se coupa. Rosario posa le téléphone. Il était la, en tête a tête avec lui-même, devant ce miroir qui renvoyait l'image de ce quelqu'un, perdu au beau milieu de tout le monde.
Il ferma les yeux un moment, avant de pousser un long soupir, de les ré ouvrir et de se fixer droit dedans avant de s'écrier : « LADY BIG DICK… »