Lætitia

Christian


Après un long séjour à l'hôpital d'Avignon, Lætitia pu enfin regagner le domicile de ses parents à Robion au pied du Lubéron.

Suite au drame, elle est suivie par un psychothérapeute, elle s'y rend chaque semaine.
Séances après séances l'état de Lætitia semble s'améliorer, elle arrive désormais à sourire à son psy. Même si on ne peut pas encore parler de joie de vivre, les semaines passant, la vie  reprend peu à peu son cours. Lætitia envisage de continuer ses études, elle commence de revoir à nouveau ses camardes de cours.

Jenny, son amie la plus proche, n'a jamais cessée de lui rendre visite, depuis sa sorite de l'hôpital. Elle l'accompagne aussi à chaque séance de psychothérapie et l'attend pour la raccompagner chez elle. Laetitia apprécie beaucoup, bien qu'elle adore sa mère, sa présence continuelle depuis le drame, la  ramène à sa condition de petite fille, ce qu'elle supporte de moins en moins. Avec Jenny, au moins elle retrouve un peu sa fierté et son autonomie.

— Oh ! La séance aura été brève cette fois dis donc !

— Le psy trouve que je vais de mieux en mieux, mais je dois aussi te dire que dès je rentre je déjà suis impatiente de te retrouver Jenny.

— C'est sympa, je te propose que l'on s'arrête prendre un verre à une terrasse pas loin d'ici,. Nous avons du temps devant nous, ta mère ne s'inquiètera pas trop.

Jenny est ravie de voir le sourire de Lætitia, elle lui prend la main et elles se dirigent comme deux jeunes filles insouciantes vers les terrasses du centre ville.

— Laisse moi la place au soleil, décide d'office Lætitia en s'installant dans un fauteuil.

— Bien, parfait je vois que mademoiselle a tout les droits ! Répond jenny sur le mode la plaisanterie. Que veux-tu boire ? je vais aller commander, ici ils ne sont pas très rapide.

— Prend-moi un Coca citron s'il te plait.

Lætitia eu à peine le temps de s'étendre pour profiter des rayons tardifs du soleil que déjà le serveur apporte leur commande.

— Le Coca, c'est pour qui ?

— Pour moi, Jenny est abonnée à la bière, très peu pour moi !

— Tu as tort, tu devrais gouter, j'ai pris une panachée ce n'est pas fort

— Bon d'accord, il ne sera pas dit que je n'aurai jamais goutée à la bière !

Lætitia porte le verre de bière à ses lèvres le repose, semble trouver le breuvage à son gout et puis soudain se penche devant son fauteuil en écartant les jambes ne pouvant réprimer un profond vomissement qui la secoue violemment.

— Hé bien ! Si j'avais su l'effet que ça te ferait je ne t'aurais pas proposer, s'exclame Jenny.

— J'ai mal au ventre, hoquette Lætitia qui se lève toujours pliée en deux, essayant de se redresser, elle s'effondre sur la terrasse, se tenant le ventre.

— Oh, punaise ça pas l'air d'aller fort ! Demande le serveur.

— Appelez les pompiers, s'il vous plait ! Faites vite elle s'étouffe ! S'écrie Jenny. sa copine est recroquevillée sur le sol et continue de vomir.
 Elle se précipite, pour la sortir de son vomi, lui essuyer le visage et l'allonger en position latérale de sécurité.

— Lætitia, ça va, qu'est-ce qui t'arrive ?

— Je ne sais pas ! J'ai mal, mal au ventre, j'ai la tête qui tourne.

— Laissez mademoiselle, on va s'occuper d'elle.

Les pompiers viennent d'arriver et commencent d'examiner Lætitia, toujours au sol. Ils viennent de sortir un brancard pour la transporter dans leur camion d'intervention.

— Je peux l'accompagner ?

— Vous êtes de la famille ?

— Non ! Je suis sa meilleure amie je l'accompagnais à sa séance de psychothérapie, on vient de sortir.

— Bon parfait grimpez, vous pourrez nous donner des renseignements, qu'à-t-elle bu ? Je vois des verres sur la table.

— Elle a gouté de la bière pour la première fois et ensuite elle s'est mis à vomir et elle a fait un malaise.

Les pompiers en route pour les urgences de l'hôpital de Cavaillon, prennent la tension de Lætitia et détecte une petite chute mais rien d'inquiétant, par précaution ils injectent un anti-vomitif. Jenny tient la main de sa meilleure amie pour la rassurer.

Un pompier fait signe à Jenny de venir vers lui.

— Dites moi votre copine, elle ne serait pas enceinte par hasard ?

Jenny le regarde, les yeux ronds, effectivement  elle se rend compte que le pompier ne peut pas connaitre l'histoire de sa meilleure amie.

— Vous avez entendu parler de la rescapée des horreurs du Lubéron ? Son copain est mort dévoré par un sanglier géant, alors qu'ils faisaient l'amour. C'est Lætitia !

— Ah d'accord ! Je croyais qu'elle avait tous les symptômes d'une femme enceinte, un peu exacerbés, certes, mais les mêmes. Ne craigniez rien je vais prévenir l'urgentiste de service pour qu'il ne fasse pas d'impair.

Arrivés à l'hôpital, le service des urgences, prévenu par les pompiers accueille en première priorité Lætitia. Les drames à répétition du Lubéron ont laissé des traces dans les mémoires.

— Mademoiselle, merci d'attendre ici votre amie, elle va être prise immédiatement en charge par les médecins. Vous pouvez prévenir la famille ?

— Oui bien sûr ! Répond Jenny un peu sonné par l'enchaînement rapide des évènements.

Le médecin urgentiste réceptionne Lætitia et l'installe immédiatement en salle. Il fait poser par l'infirmière une poche de glucose pour redonner un peu de tonus à la jeune fille. Auparavant il prélève trois pipettes de sang pour examen approfondi. Il note de penser à demander de l'urine quand la personne pourra se lever.

— Qu'est ce qui m'arrive docteur ? Demande Lætitia qui commence de recouvrer ses esprits. Pourquoi j'ai eu toutes ces convulsions, d'un coup ?

— Écoutez, pour l'instant tous vos paramètres sont normaux, ne vous inquiétez pas vous avez une bonne constitution. Vous avez peut-être fait une réaction violente à un produit ou à une situation physique ou psychologique, nos analyses le détermineront rapidement. J'ai demandé une analyse de sang en urgence et je ne vous relâche pas avant d'avoir les résultats, d'accord ?

— Merci docteur de prendre soin de moi comme ça, je suis désolé de vous embêter, si je n'ai fait qu'un simple malaise.

— Prendre soin c'est notre Job jeune fille ! Je vois que vous allez mieux, pouvez-vous lever ?  Nous aurions besoin de vos urines.

— Oui ça ira je pense !

— Très bien après ça restez assise, vous garderez la perfusion jusqu'à votre départ vous avez besoin de reprendre des forces.

— Faites venir sa copine, elle lui tiendra compagnie le temps que nous recevions les résultats des analyses, demande le docteur à l'accueil des urgences

Jenny retrouve Lætitia branchée, assise dans un fauteuil, avec la blouse en papier jetable pour tout vêtement.

— Alors comment ça va ? Ils savent ce que tu as  ?

— Ça va bien mieux, pour le docteur je n'ai rien de grave mais il attend les résultats des analyses de sang et d'urine et il me relâche. Tu as prévenue ma mère ?

— Oui, elle est en route pour l'hôpital !

— Elle doit être complètement retournée j'imagine !

— J'ai essayé de la rassurer !

L'urgentiste, après avoir traité plusieurs patients, recousu une arcade sourcilière, posé une attelle à une cheville, rappelle le labo d'analyses pour obtenir les résultats de Laetitia. Il reste perplexe, mais finalement le premier diagnostic du pompier était le bon, elle est bien enceinte.

— Docteur, la mère de la jeune fille est arrivée, elle demande à la voir !

— Je vais la recevoir !

— Bonjour, Madame, vous êtes la mère de Laetitia ?

— Oui bien sûr ! Je suis arrivé toute affaire cessante, après ce drame c'est tellement dur pour elle de revenir à une vie normale, et pour moi aussi. Que lui est-il arrivé docteur ?

— Je dirais rien de plus normal pour une jeune fille en pleine santé comme Lætitia, maintenant ensuite c'est une affaire de point de vue.

— Mais qu'est ce qu'elle a, Docteur ?

— Votre fille est enceinte, en soi ce n'est pas une maladie !

— Mais c'est impossible !

— Si je vous le dis c'est que j'ai toutes les analyses en main ! Sinon je ne permettrai pas d'être aussi affirmatif, sachant ce votre fille a subie.

La mère de Lætitia s'affaisse sur la première chaise à sa portée, encore sous le choc, ne sachant trop quoi penser.

— Vous lui en avez parlé ?

— Non mais je vais le faire. Je lui demanderai si elle sait qui peut être le père et si, suite à son traumatisme, elle se trouve incapable de me le dire, je lui demanderai si elle souhaite faire une recherche de paternité, où si elle souhaite garder l'embryon.

— J'aimerai autant qu'elle ne le garde pas, docteur, vous comprenez ?

— Votre fille est majeur, madame, elle seule a le droit de prendre une  telle décision !

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