Laisse couler l'encre

arpege

Laisse couler l’’encre

Laisse aller

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Ecris sers-toi des mots

Ecris

Cherche

La ville et le ciel sont couleur de pluie, couleur de gris. Elle vient d’être malade. Deux semaines. C’est peu, c’est beaucoup, c’est trop. Elle pense que souffrir dans son corps est d’une violence absolue. Elle pense que souffrir dans son corps fait mal à l’âme. La vie s’interrompt. Dans ces jours de douleur, elle touche le vide incommensurable de l’existence.

Laisse couler l’encre.

Respire.

Deux semaines de solitude intense. Celui qui ne souffre pas, ne t’entend pas, toi qui as mal. Comprendre que la vie ne peut avoir sens que dans l’échange, dans le partage. Dans la douleur, plus rien ne passe. Aucune trace… de rien. Elle s’enferme dans sa chambre de douleur et dans sa peur.

 La peur…

Comme une angoisse de mort qui ne la lâche pas, quelque chose qui fait froid, qui la fait trembler, qui la fait sombrer.

Un matin, le jour se lève, elle se réveille, elle n’a plus mal. Dieu soit loué ! La vie reprend son cours. Les habitudes se réinstallent. Elle fait attention, elle va doucement pour ne pas que le mal revienne.

Elle est seule. Se demande quoi faire de cette solitude qui la ronge.

Ciel couleur de pluie, couleur de nuit. Elle rêve, tu rêves. Moi aussi je rêve.

Elle prend une cigarette, l’allume, inspire puis souffle la fumée blanche comme un souffle de vie. Elle disparaît derrière la fumée blanche puis renaît.

Laisse couler l’encre.

Elle sait que la plus grande partie de sa vie est derrière elle. Elle se demande ce qu’elle va faire du temps qui reste. Le temps qui reste. Cherche, écris.

Encore quelques temps à ouvrir les yeux chaque matin, à se mettre debout, pour danser une fois encore la danse de la vie. Souris.

Le silence qui l’entoure est doux et pesant, bienveillant et hostile. Elle le veut bienveillant et l’accueille. Elle sait qu’il lui fera découvrir de l’or.

Elle attend sans savoir vraiment ce qu’elle attend. Elle est seule. Ses pensées s’envolent vers un ailleurs lumineux et paisible. Un voyage. Un autre lieu. D’autres personnes et d’autres paysages, d’autres rivages et d’autres soleils. D’autres rivières.

Elle ne veut pas mourir dans l’inertie et l’immobilisme. Elle ne veut pas mourir.

Laisse couler l’encre.

Avance, ne te retourne pas. Elle sait qu’elle pourrait tomber en regardant derrière. Elle sait maintenant, que chaque fois qu’elle tombera, il lui sera plus difficile de se relever. Elle veille. Elle regarde le monde à travers des barreaux de pluie. Aujourd’hui.

Laisse couler l’encre

Laisse aller

Laisse aller

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