L'amante religieuse
snotone
L’AMANTE RELIGIEUSE
Elevée par un pasteur anglais et professeur de piano, Duncan Reid , et Jacqueline , une prof de français cauchoise, Naïma a grandi dans un milieu aisé , paisible et cultivé.
Elle a vingt-trois ans aujourd’hui et ses parents adoptifs sont tous deux décédés , l’un d’un cancer du poumon , l’autre d’une leucémie, il y a de cela à peu près deux ans .
Fermement croyante et inspirée de Dieu tout puissant son paternel , la magnifique déesse orientale poursuit ses études de masseur kinésithérapeute dans le centre de rééducation du Cap de la Hève.
Là haut , dans ce centre de réparation d’athlètes brisés par trop d’efforts répétés et venus de tous horizons sportifs et de tout niveau , Naïma apprend et exerce son futur métier avec passion, soin et précision, véritable infirmière panse bêtes de muscles .
Le reste du temps, elle se consacre à ses études proprement dites à l’université .
La belle aux yeux vert félins , pour l’autre véritable envoûtement , séduit , ensorcelle , complète son tableau de chasse et emmène les plus beaux spécimens masculins dans son chemin de proie et les fout dans de beaux draps pour mieux les dénuder.
Ainsi , au cours de l’année passée de nombreux beaux gosses uniquement venus dans cet établissement se refaire une santé , en d’autres thermes se reposer, finirent par succomber au charme fou de la sublime Naïma .
Mais , tous , en fait ignorent le principal : l’amante religieuse n’a plus pour foi que la loi du Talion depuis qu’elle a pris connaissance d’un terrible secret, peu de temps après les morts successives de Jacqueline et Duncan .
Le soir, depuis, la charmante et sensuelle étudiante quitte sa blouse blanche et suis le code d’Hammurabi , en franchissant tous les panneaux de sang interdits en commettant des crimes de baise majesté à l’encontre de ses amants d’un soir , rois déchus de leurs pieds des stades .
En l’espace de six mois , quatre jeunes hommes séduisants sont ainsi retrouvés étranglés, violés par un objet contendant , l’un sur la falaise qui borde la Manche, l’autre en pleine forêt de Montgeon , le troisième près du musoir Pointe de Floride . Un dernier corps ,gisant sur un trottoir en plein centre ville sur le chantier du tramway a été découvert il y a peu.
Quelques temps après ce quatrième meurtre , Naïma est retrouvée sans vie , exécutée d’une balle dans la tête dans l’appartement du jeune commissaire Benjamin Berlier .
L’AMANTE RELIGIEUSE
La Course :
Dans les écouteurs de son I-Pod « Say it ain’t so » de Murray Head cadence la foulée du jeune homme.
Vêtu d’un jogging bleu foncé frappé du Coq , Ali entame sa deuxième boucle.
Il a déjà avalé une dizaine de kilomètres et commence à peine les neuf derniers du programme que le coach lui a concocté en vue des jeux Olympiques de Londres où il devrait participer au cinq mille mètres .
Dans sa ville natale du Havre, le jeune garçon est devenu une véritable icône et la cité toute entière voit déjà la médaille d’or orner le cou du fils prodige devant les télévisions du monde entier .
Ali en bave, il a le souffle court et le bitume sous ses pieds , à chaque impact , rappelle à sa colonne vertébrale fragile les sacrifices et les efforts à consentir pour revenir à son meilleur niveau , quelques mois seulement après avoir été opéré d’une hernie discale .
A hauteur de l’ancien terminal d’Irlande , Ali crache ses poumons sur le sol encore humide et très froid de cette fin d’hiver.
A la sortie du virage du sémaphore, face au Musée Malraux , ses jambes sont de plus en plus lourdes , sa course de moins en moins aérienne et sous l’œil du Signal (1) retentit la corne de brume d’un bateau de croisière qui quitte le port en ce début de soirée, impression Soleil couchant .
« We’re gonna get burned, yes we’re gonna get numed » continue la chanson .
Les résidences face au port de plaisance se présentent sur le paysage d’Ali, le regard fixé vers l’horizon et la colline du bout du monde.
La sueur dégouline sur son front, lui pique les yeux qu’un vent soudain et terrible vient sécher, effet mer assuré.
Murray Head s’est égosillé et Lenny Kravitz a pris le relais sur le très rock « Are you gonna go my way » .
D’un revers de main droite, Ali essuie sa bouche de cette épaisse salive blanche qui coule sur sa lèvre inférieure , il a soif , terriblement soif.
Le parking de la plage en plein travaux s’offre maintenant à ses pas qui raisonnent sur les passerelles métalliques rouges vif qui permettent aux piétons d’accéder à des parcelles de trottoir déjà finies ou pas encore martyrisées par les tractopelles .
Ca et là de la chaussée , une véritable armée fluo de mecs en gilets , par dalles de béton répartie ,se donne corps et armes à la main, de la masse au marteau piqueur , de la grue à la toupie, pour que le tram soit sur les rails en décembre prochain .
D’autres peaufinent et ajustent les boulons , même si à la fin du mois , tous devront encore se serrer la vis .
Même sort , pour ce conducteur de semi car pour lui , comme pour tous les autres toute peine mérite le sale air du temps et de cette crise qui n’en finit pas .
Ali continue sa course effrénée , dans l’ascension de cette falaise , d’où, certainement, pense-t-il chaque fois , Claude Monet a du trouver son inspiration en regardant la mer depuis cet endroit .
Il y est presque , il passe devant le Nice Havrais puis bientôt devant les villas bourgeoises de la croisette havro-dyonisienne qui n’ont rien à envier aux résidences Deauvillaises d’en face .
Lenny Kravitz se calme sur « A long and sad good bye » qui se termine lorsqu’Ali atteint enfin son objectif , le « Bout du Monde » comme on l’appelle ici , complètement à bout de force et exténué .
Il marche un peu , inspire , expire , se mouche dans la serviette dont il vient de se servir pour s’éponger , remet ses écouteurs sur les oreilles et s’appuyant sur la carrosserie grise anthracite de son Alfa Roméo 147 , démarre une séance d’étirements .
Ben Harper n’a pas le temps de finir « She’s only Happy in the Sun » que le casque est retiré de la tête d’Ali par deux mains fines et magnifiquement manucurées .
Ali se retourne , croise le vert du regard profond de Naïma .
Les yeux du roi du macadam parcourent les courbes de la sexy girl au 90 C parfaitement moulé dans un t-shirt stretch en élasthanne et un shorty aussi court que possible au point qu’Ali peut déjà saliver l’entrée d’un délicieux plat du jour affiché sur le menu .
En quelques secondes et quelques mots évoquant leur rencontre bien entendu totalement fortuite , la bombe sensuelle en fait son mec à dame Naïma , et sans peine , le convainc de l’emmener chez lui boire un verre et prendre une douche………
Tout de go , élan pris par les 130 chevaux de l’Alfa , les deux tourtereaux s’envolent vers une folle nuit …...
Synopsis :