L'amertume, plus que la douceur.

Nathan Noirh

L'amertume, plus que la douceur.

 

La rose du temps ne m'a jamais aussi fait languir que ce soir. Celle qui possédait un parfum si sucré et si boisé ne m'a jamais autant fait attendre. L'attente est longue et déprimante, mais pourtant si sensée. L'attente est longue et déprimante, mais si vraie.

La rose du temps. Je n'aurais pas pu lui trouver d'autres noms, d'autres injures plus vraies que celle-ci. La plus belle des pauses, la plus belle des suspensions. Une inconnue qui se refuse encore et à jamais aux yeux du cueilleur. Jamais l'attente n'a été si longue et si enivrante. Chaque cigarette et chaque gorgée de whisky sont un goût amer quand à tes promesses. Chaque action de ma vie est comme une note sur ta partition. Que j'aime l'amertume. Que j'aime ne pas te trouver. Que notre partition sera longue. L'attente ne sera jamais assez longue pour compenser le bruit de ta découverte.

 

L'amertume, si ce n'est plus.


Je tricherai encore un peu pour te redécouvrir. Je tricherai encore un peu chaque jour. Je tricherai quand tu te réveilleras et je me cacherai dans l'attente. Toutes mes promesses seront dans le vide et dans l'attente d'une fin qui ne viendra jamais. Je tricherai pour qu'elle n'arrive jamais. La douceur ce serait quelque chose de simple, une rencontre simple et un baiser simple. Une simplicité énervante, dans un monde si prévisible. La douceur, ce serait un regard faux et préparé, une poignée de main laissée en suspension. Une gêne feinte, une étrangeté qui nous éloignerait. Ce serait une mascarade, une ode à la hâte.  L'amour, ne serait alors qu'une répétition de mots et de gestes définis, prédits, vides. L'amour, ce ne serait pas nous.

 

L'amertume, plus que la douceur encore.

 

Je vois mille choses pour ton refus de regarder et de constater notre attente. Et j'entends cent façons de te trouver et de te bannir de notre purgatoire. J'ai en tête des dizaines de stratégies bien pensées pour une bien pensante. Je n'ai qu'une solution qui ne soit adaptée à notre situation, l'amertume. Plus que la douceur encore.  Je n'ai que l'envie d'attendre qui ne me soit pas doux, l'envie de chercher qui ne soit pas d'ici. Et pourtant, cette possession me paraît si maigre en ton absence, en cette fuite ou cette ignorance. J'ai en tête des dizaines de mots pour une mal-aimée. Je n'ai que des sons pour une si mauvaise musicienne. J'ai tellement de choses dont je voudrais me séparer, pourvu que tu viennes me trouver. Pourvu que j'arrête d'attendre. L'attente est si longue et déprimante quand elle n'est pas justifiée. Et ce ne serait que justice que tu tombes sous l'amertume. Car jamais la douceur ne te trouvera avant moi. Et le plus tôt sera le mieux.

 

Plutôt l'amertume, que la douceur.

  • J'aime beaucoup cette écriture en trois déroulés à l'inconditionnalité de cette attente.. poussée à ses extrêmes sans jamais les dépasser, ceux- là mêmes qui décourageraient par leurs avances toute la désillusion de la facilité ... l'attente..et son seuil de tolérance qui cherche à se (dé)placer dans la sphère des pensées de l'autre.. une forme d’insolubilité infernale , un réel plaisir de lecture... merci

    · Il y a presque 9 ans ·
    20161001 232603

    Ela F

    • Merci à vous pour votre lecture et votre ressenti.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Adhesif alu brosse noir charbon brillant

      Nathan Noirh

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