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L'amour et la mort
Corvus Corax
Éros et Thanatos, réunis par la faim
La charogne est une si douce amante,
Sa carcasse toujours prête aux caresses.
Et si ses chairs, divan de ma paresse,
Partent, c'est pour nourrir ma bouche aimante.
Des fluides putrides de ses plaies coulent,
Servent de pommade à ma peau fanée.
Puis, cette délicate onction passée,
Ma gorge s'en délecte de tout son saoul.
Les lèvres décharnées je les embrasse,
Et en arrache des pans entiers,
Pour complaire mon appétit altier,
Vaste abysse infinie, gouffre vorace.
Si la fortune me donne une fleur,
Que les femmes portent avec tant de charme,
J'enfonce dans cette pourriture l'arme
Qu'est ma langue affamée d'un tel bonheur !