L’anachorète urbain

Il s'y est bien acclimaté et on peut le voir souvent, à présent dans notre quotidien. Cependant, il est souvent confondu avec le SDF Commun. La différence reste subtile, elle ne saute pas à l'œil. Il est parfois nécessaire de pratiquer un test pour les différencier.

Maintenant l'exercice est aisé. En cas de doute, vous donnez à l'homme de la rue, une Porche, un billet gagnant du gros lot du loto et un séjour pour deux personnes aux Maldives. S'il les prend sans hésitation, c'est un SDF Commun, s'il les dédaigne sans hésitation, c'est un Anachorète Urbain.

La première fois que j'ai rencontré un anachorète urbain, j'habitais dans un immeuble parisien et mon anachorète urbain était un anachorète de parking. Je l'avais trouvé en pleine méditation dans la position du lotus entre une Citroën et une Renault. Nous avons été longs à faire connaissance, en effet l'ermite urbain n'est pas porté sur les urbanités. Mais avec le temps, la glace s'est rompue et nous nous sommes domestiqués.

Aujourd'hui où je me suis retiré en banlieue, alors que j'habite dans une maison, mon anachorète m'a suivi et a élu domicile au grenier. Il est passé des sous-sols aux étages supérieurs sans aucune difficulté, une réussite sociale en quelque sorte.

Je vais souvent papoter avec lui, pour le tenir au courant de ce qui se passe dans le Monde. Maintenant, il faut savoir que l'anachorète urbain reste quand même un anachorète et les infos, c'n'est pas son truc, lui c'est plutôt les sujets contemplatifs qui l'intéressent. Le genre de truc sans réponse : « C'est qui, qu'a fait tout ça ? Merde ! »