L'ange Aux Ailes Noires

stockholmsyndrom

Je me souviens de tout, dans la mesure de l'à peu près

Je me souviens de tout mais

Rien ne m'est resté

Pas même les cendres

Ni même l'odeur

Ai je connu un jour l'ardeur?

Dans l'insomnie et ses méandres

Je nage dans l'obscurité

Le jour se lève en blasphème

Sur l'oublié tombeau des mômes

Là où parfois le vent fredonne

Des airs de souffles disparus

Sur les pavés coulent les poèmes

La pluie fine en unique aumône

Est ce mon coeur là qui résonne?

Où les aiguilles du temps perdu

Je suis vivant

Je le présume

Puis ce que la vague a son écume

Puis ce que le ciel bleu a sa brume

Et que le soleil a sa lune

Je suis vivant

Je le déplore

Puis ce que les fleurs viennent d'éclore

Que le printemps se fait décor

Et que mon coeur glace mon corps

Dans le fluide des courants d'air

Les spectres défilent sur les trottoirs

Ils se transpercent sans se voir

Et forment la foule solitaire

Elle est ornée de mille couleurs

Mais dans ses yeux le monde est fade

Le monde est une mascarade

Où les lapins blancs sont seigneurs

Le velours recouvre le fer

Les coeurs lourds feintent l'âme légère

La vertu maudit son miroir

Et les regards sont des rasoirs

Les sourires dévoilent les couteaux

L'amour se plante dans le dos

Et le soleil, de son perchoir

Maquille grossièrement l'ombre noire

Et puis l'aveugle entend les cris

Mais il ne les écoutent pas

Et puis le sourd voit la misère

Mais il ne la regarde pas

Le muet connaît la vérité

Mais jamais ne la décrira

Et l'humain n'est solidarité

Que dans déni et omerta

Voici la danse des marionnettes

Latence pour seule cavalière

Errance rance et liens défaits

C'est l'existence buissonnière

Les jours heureux sont obsolètes

C'est dans les nerfs

Voici la guerre

Celle qu'on livre à la paix

Triste déesse grabataire

Aux pieds des statues sales

La détresse invisible

Dansant jusqu'au bout de la nuit

Semble déjà capituler

Piégées dans le dédale

Du royaume des Dieux risibles

Où se consument les chiennes de vies

Flottent les consciences putrifiées

C'est la violence

Encore

Toujours

Les viscèrales catacombes

Où naissent les fruits du désespoir

Dans le nid douillet du silence

C'est la violence

Et ses louanges

Violence de mots

Pensées

Phalanges

L'amour trop faible en abondance

Panser les maux

Se faire violence

Chacun sa dose

Chacun son manque

Chacun son nous

Les portes closes

Chacun sa dose

Chacun son manque

Au fond de nous

Les ecchymoses

Sous l'épiderme

En placebo

Sur les blessures

Les oripeaux

Sous l'épiderme

Craquent les faisceaux

Craquent les fissures

Claquent les os

Amour amorphe et mort dans l'âme

Agonie lente

Foi obsolète

Liaisons virales

Lésions triviales

Vision zébrée

Râles muettes

Et se reflète

Dans les miroirs

Le desespoir

De tout les êtres

Car dans les têtes


L'ange aux ailes noires


Soulève poussière


En seul prophète.

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