l'ange déchu Chapitre 2

cecileboiscourbeau

L'ange déchu - CHAPITRE 2

La carriole avançait doucement sur le chemin menant à Emenë. Les premières gelées avaient débuté et il ne s’agissait pas d’être imprudent. Adel tenait les rênes, le cœur sombre. Il y avait deux jours que son père avait exhalé son dernier soupir. Comme l’avait prédit le vieux médecin, Mérops, fils de Sthénos, était mort avant l’arrivée du grand froid. Le jour où Adel avait appris ses véritables origines, il avait cru ne jamais pouvoir pardonner à celui qui avait jusqu’à présent rempli toute sa vie. Adel était quelqu’un d’impulsif mais il n’était pas idiot. Il comprit bien vite qu’il n’allait pas gâcher le peu de temps qu’il lui restait à partager avec son père à lui en vouloir de n’avoir pas été honnête envers lui. D’autant que même si Mérops était parfois un peu avare en témoignages d’affection, Adel savait que son père l’aimait. Alors il avait fini par revenir et ils avaient parlé. Mérops lui avait expliqué les raisons de son geste : après la mort de sa femme, il avait su qu’il ne pourrait jamais retrouver quelqu’un d’autre. La perte de l’enfant tant attendu avait également été un facteur déterminant : Mérops avait toujours voulu élever un enfant, pour lui transmettre tout ce qu’il savait et perpétuer les traditions familiales. Le grand-père d’Adel, Sthénos, avait laissé une somme importante à son fils lors de son décès. Mérops avait donc pu se rendre à Emenë pour obtenir ce qu’il désirait tant. Au temple, on lui avait demandé quel type d’enfant il voulait : il avait répondu : “Donnez-moi un fils, c’est tout ce que je désire.” Alors ils lui avaient donné Adel, un enfant à la peau brune et aux cheveux noirs de corbeau, l’exact contraire de Mérops, qui en bon enfant du pays, avait une peau halée mais des cheveux blonds comme l’or. Adel avait compris, il avait pardonné à celui qui était le seul être qu’il ait jamais aimé. Une secousse plus importante que les autres fit sortir Adel de ses pensées : il revint sur le chemin principal, dont il s’était un peu éloigné pendant quelques instants. La mort de son père lui avait fait prendre conscience d’un certain nombre de choses : lui aussi, il commençait à prendre de l’âge, et il songeait qu’il était peut être temps de se construire sa propre vie. Il aurait bientôt trente printemps, du moins sur les dires de son père, qui l’avait adopté à environ deux ans. Il avait aussi un étrange sentiment de ne pas être à sa place. Il s’était toujours senti bien dans ce village, la carrière de paysan lui aurait sans doute convenu mais au fond de lui, il sentait une autre force qui demandait plus que cette vie tranquille. Peut-être était-ce en relation avec ses rêves, qui avaient encore augmenté en fréquence et en intensité. Le soir le surprit alors qu’il était encore à une bonne distance d’Emenë. Il avisa une auberge dans le creux de la vallée et décida de s’y arrêter pour la nuit. Il cacha la carriole derrière un bosquet d’arbres non loin de la petite maison de bois. Quand il entra, il sut que son instinct avait été le bon : l’auberge était tranquille et bien tenue et heureusement pour lui, les voyageurs étant rares en cette saison, il ne risquerait pas d’attirer trop l’attention. “Bien le bonjour, monsieur, le salua l’aubergiste, ce sera quoi pour vous ?”. “Je voudrais une chambre pour la nuit, je dois me rendre à Emenë”. “A Emenë ? Et qu’allez-vous donc y faire en cette saison ? s’enquit l’aubergiste, plutôt bavard. “ Si ce n’est pas indiscret, bien sûr, s’empressa-t-il de rajouter en voyant le regard noir que lui lançait Adel. “Je vais enterrer mon père.” répondit sobrement ce dernier. L’aubergiste, gêné, bafouilla quelques excuses et retourna nettoyer ses verres. La mort était devenue, au fil des ans, relativement tabou, du fait de l'administration qui était très stricte sur sa gestion. En effet, lorsqu’une personne décédait, la famille ou les voisins le cas échéant, devait se rendre à la ville la plus proche pour procéder à l’enterrement dans la fosse commune. Cela permettait à l’administration de contrôler leur démographie. Du moins, c’est ce qu’ils prétendaient. Car certaines personnes plus ou moins bien renseignées racontaient que les morts étaient utilisés à d’autres fins… Adel comme les autres, sous peine d’être sanctionné s’il n’effectuait pas cette démarche, amenait donc le corps de son père à Emenë. Enfin, ça, c’est ce qu’il devait absolument leur faire croire… Car une fois que son père eut rendu son dernier souffle, quand il avait vu le corps si tranquille, si paisible, Adel avait pensé qu’il n’avait pas le droit de l’arracher à une terre qu’il aimait tant et à laquelle il avait tout donné. Mérops devait reposer ici, et pas dans les tombeaux dépravés des administrateurs d’une ville presque inconnue. Alors il avait enterré son père sous le vieux pommier, tout simplement. Puis il avait rempli un sac en toile de cendres. Il raconterait à l’administration que son père était mort dans un incendie et qu’il n’avait pu récupérer que ses cendres. Il s’agirait alors d’être convaincant, car il arrivait parfois que les croque-morts exigent une enquête approfondie lorsqu’ils n’étaient pas satisfaits des justificatifs donnés. Adel savait parfaitement que ce qu’il faisait était illégal et qu’il risquait gros, mais il sentait que ce qu’il faisait était juste. Et c’était tout ce qui lui importait.

Le jour commençait à peine à faire une timide apparition quand Adel reprit la route. Il avait peu dormi, encore. Heureusement, son cheval gris qui avançait nonchalamment le long du sentier était facile à manœuvrer. Il n’y avait personne, personne d’autre que lui. Il commençait à faire un peu frais maintenant, mais la neige ne s’était pas encore manifestée. Il arriva aux portes d’Emenë alors que le soleil était déjà haut dans le ciel : il devait être midi. La petite ville avait deux entrées principales : une au nord et une au sud. Adel arrivait par la porte du Sud. Les entrées n’étaient pas surveillées : Emenë était une bourgade peu importante et la région paisible ne nécessitait pas de protection particulière. Néanmoins, la ville était encerclée de murailles, protégeant ainsi le cœur de la cité : l’Agora. Tous les chemins menaient à l’Agora. Elle était le centre de la ville, et c’est bien évidemment à cet endroit qu’Adel devait se rendre. Il emprunta la route principale, dépassant l’une après l’autre les maisons de sable rose serrées les unes contre les autres. Adel s’était très peu de fois rendu à l’intérieur de la cité elle-même. Une fois par an, il se rendait à la foire des bestiaux qui se tenait dans un vaste champ un peu à l’extérieur d’Emenë, trop exiguë pour contenir la foule venue de tout le pays. Emenë était, comme toute les autres villes, gouvernée par celui que l’on nommait le “Ryter”, le protecteur de la cité. La plupart du temps, le Ryter était un homme provenant de la classe des administrateurs ou des soldats, qui se partageaient plus de la moitié du territoire. Cependant, certaines villes comme c’était le cas pour Emenë, avait un statut autonome par rapport à ces deux grandes classes sociales et ici celui qui avait le titre de Ryter était un marchand. Les Ryter étaient élus tous les cinq ans par la population vivant dans les territoires placés sous sa protection. Cette année encore, à la fin du printemps, Adel devrait se plier à la règle et venir élire un nouveau Ryter à l’Agora. Adel s’y rendait à chaque fois, plus par devoir que par réelle conviction politique. Il gardait toujours cette désagréable impression que cela ne le concernait pas. La carriole bringuebalait sous les ornières des pavés et Adel ne faisait rien pour les éviter. Nerveux, il se concentrait sur les marchands, les citoyens, les enfants qui lui gênaient le passage. Alors il déboucha enfin sur l’Agora. La grande place était resplendissante. Le marché était en pleine effervescence, tissus, étoffes, épices, pièces de monnaie, s’échangeaient dans un brouhaha assourdissant. Le marché avait lieu tous les jours de la semaine. Dans une ville comme Emenë cela représentait une grande part de l’économie. Les gens semblaient tous joyeux, et même si l’on entendait de-ci de-là quelques âpres négociations qui dénotaient par-dessus le bruit de fond, cela restait de petites disputes de pure forme, sans grande animosité. Adel prêta peu d’attention à toute cette agitation, descendit de la carriole et dirigea le cheval à pied, vers le palais du Ryter : le Basileios. Le Basileios était le cerveau d’Emenë : palais politique, administratif, il comprenait également la cellule du Gennesis, qui contrôlait les naissances et les morts. Si l’entrée de la ville n’était pas surveillée, en revanche, le Basileia était, lui, mis sous protection. Adel dut décliner son identité et le but de sa visite aux sentinelles qui gardaient les marches du palais. La carriole fut emmenée aux écuries et Adel fut escorté par deux soldats vers l’intérieur du bâtiment. L’allée principale était bordée de chaque coté d’une rangée de colonnes. Le bâtiment était divisé en deux parties : la seconde porte, au fond de la première salle était entrebâillée et laissait entrevoir le deuxième couloir, construit selon la même architecture. On le conduisit au travers d’un couloir, immédiatement sur sa gauche. Au fond du couloir, une porte, gardée par deux autres sentinelles. En un murmure, l’échange d’informations entre les soldats fut effectué et les premiers repartirent à leurs obligations pendant que les autres prenaient le relais. On lui fit signe d’entrer. Adel entra dans une petite salle, un homme de petite taille était là pour l’accueillir : “Je suis l’Administrateur du Gennesis, que puis-je faire pour vous ?” Adel n’avait pas pour habitude de paniquer, mais l’apparente tranquillité de l’administrateur manqua de lui faire perdre son sang-froid. “Je viens vous remettre le corps de mon père, Mérops, fils de Sthénos.” L’administrateur cligna des yeux : “ Vous nous avez amené le corps, ainsi que l’exige la procédure ?”. “Oui, vos hommes ont transporté ma carriole aux écuries. Cependant, je dois vous prévenir que ma maison a été incendiée, aussi je n’ai pu récupérer que ses cendres.” Le petit homme l’écoutait d’un air attentif, soupçonneux. Adel se demanda s’il avait mis assez de conviction dans sa voix pour berner l’administrateur. Finalement celui-ci répondit, articulant bien chacun de ses mots : “Très bien, nous allons vérifier tout cela”. L’administrateur se dirigea vers la porte pour interroger l’un des gardes : oui, le corps avait été déchargé de la carriole et avait été entreposé dans l’attente de la procédure d’inhumation. Les soldats qui avaient procédé à la vérification leur avaient confirmé que le corps avait été réduit en cendres. “Très bien, tout semble en règle. Cependant, vous comprendrez que comme le corps a vraisemblablement brûlé, il vous faudra rester à ma disposition le temps de procéder à son authentification. Selon mon registre, votre père et vous-même habitiez Polichné, est-ce bien cela ?” Adel acquiesça en marmonnant, la situation ne lui était guère favorable, il avait presque oublié à quel point les administrateurs pouvaient être pointilleux. “Vous pouvez récupérer votre cheval”, annonça finalement le petit homme d’un ton pointu. Adel ne se fit pas prier et repartit sans demander son reste. Qu’entendait le petit homme par : “le temps de procéder à l’authentification” ? Etait-il possible qu’ils puissent découvrir que les cendres n’étaient pas humaines mais de simples bottes de foin brûlées et mêlées à de la poussière ?  Cela semblait inconcevable et pourtant rien n’était moins sûr. Il traversa le couloir en sens inverse, essayant de faire le tri dans ses émotions. Il avait agi froidement jusqu’à présent, il avait fait exactement ce qu’il fallait mais ces dernières semaines  avaient été très difficiles pour lui et il ne savait pas comment il pourrait reprendre sa vie comme avant, et surtout combien de temps il arriverait à se contrôler. Son esprit, calme en apparence, bouillonnait comme un volcan en furie : la première chose était de récupérer la carriole et de rentrer à Polichné. Si les administrateurs avaient quelque chose à lui reprocher, il le saurait bien assez tôt. Un petit bruit lui fit détourner la tête ; mais il ne vit rien. Il n’y avait personne dans la grande salle d’entrée. Etait-il si troublé que son esprit lui jouait déjà des tours ? Il baissa la tête et fit mine de se diriger vers la sortie. De nouveau, un petit bruit se fit entendre, comme un froissement de tissu. Cette fois-ci, il releva la tête suffisamment vite pour voir un morceau d’étoffe disparaître derrière l’un des pylônes de la contre-allée. Sans réfléchir plus longtemps, il se précipita vers l’origine du trouble pour aller débusquer l’inconnu. Il fut bien surpris quand il vit que celui qui l’espionnait n’était qu’un petit garçon, qui devait avoir dans les onze ou douze ans et qui le dévisageait d’un œil espiègle. L’enfant était blond, comme beaucoup d’enfants du pays mais ce qui frappait immédiatement chez lui, c’était ses yeux. Il avait les yeux d’un bleu profond, comme les pierres de lapis-lazuli que l’on voit briller sur les colliers des femmes. Le regard d’Adel s’adoucit : “Hé toi ! Qui es-tu ? Tu m’espionnes ?” L’enfant se dégagea d’Adel, qui lui avait serré fortement le poignet pour l’attraper. “Je m’appelle Kuane. Mais parle moins fort, ils vont t’entendre ! Chuchota le garçon en l’attirant derrière le pylône, de sorte qu’ils n’étaient visibles ni du couloir, ni de la porte principale. Adel, intrigué, se laissa faire et entra dans le jeu de Kuane. “Pourquoi ne veux-tu pas qu’il t’entendent ? reprit-il, en baissant la voix comme il le lui avait demandé. “Parce que je veux sortir de cette prison ! Et c’est toi qui va m’y aider !” Adel fut interloqué par l’aplomb du garçonnet. Il ne répondit pas. “La vie est insupportable ici, ils m’ont dit que si personne ne voulait m’acheter, je deviendrais serviteur au Basileios. Mais moi je veux devenir soldat !” rajouta Kuane d’un ton décidé pour convaincre Adel. Cet argument attendrit Adel : lui n’avait jamais réfléchi à ce qu’il voulait vraiment. Son père était paysan, il avait logiquement suivi la même voie. Il ne se souvenait pas avoir eu de désirs aussi forts quand il avait son âge. Pris par une impulsion, il attrapa Kuane par la main et, sans mot dire, se dirigea avec lui vers la porte. Le garçon, qui avait compris qu’il venait de se faire un allié arborait un large sourire et se tint bien droit à côté de lui. Au bas des marches, Adel expliqua aux sentinelles qu’il venait d’acheter Kuane et leur demanda de bien vouloir lui rendre son attelage. Il s’appliqua à bien paraître autoritaire, sûr de lui. Un homme coupable ne doit jamais faire sentir qu’il a peur. Les sentinelles ne bronchèrent pas et comme lorsqu’il était arrivé, deux d’entre elles le conduisirent aux écuries. “Tout est en règle, vous pouvez circuler.” Adel les remercia d’un demi-sourire, fit monter Kuane sur le siège passager et mena le cheval jusqu’à l’Agora, où le marché battait toujours son plein. Il conduisit la carriole jusqu’à une distance raisonnable de l’Agora, puis s’arrêta dans le recoin d’une ruelle. Il regarda le jeune garçon qu’il venait d’arracher aux griffes du Gennesis et soupira : “Mon garçon, je ne sais pas ce que je vais faire de toi. Tu sais, je ne peux pas te garder. As-tu quelque part où aller ?” Kuane hocha la tête : “Bien sûr, sinon, je ne vous aurais pas demandé de m’aider, je ne suis pas fou quand même ! Les yeux bleus luisaient d’un air malicieux. Adel fut de nouveau surpris par la réaction du garçon mais ne s’en laissa pas conter pour autant : “Et peut-on savoir quels sont tes projets pour la suite des évènements”répliqua Adel d’un air mi-amusé, mi-soupçonneux. “C’est simple, il y a une semaine, mon meilleur ami a été acheté par un marchand de cette ville. Ce marchand n’a pas pu nous acheter tous les deux et comme on s’était jurés de ne jamais se séparer, j’ai du improviser pour pouvoir m’enfuir et les rejoindre ! Je sais où ils habitent, maintenant, je peux me débrouiller tout seul, ne t’inquiète pas.” Adel, pas totalement convaincu, décida d’accompagner le garçon à sa nouvelle demeure, afin de vérifier par lui-même que le garçon serait bien en sécurité. Même si le Gennesis était un endroit où les marques d’affection étaient quelque peu négligées, les enfants étaient bien traités. Adel ne voulait surtout pas que Kuane tombe dans un endroit pire que celui dont il l’avait extirpé, de plus dans une totale illégalité. Ils suivirent de petites ruelles, tout en restant plus proche de l’Agora que des murailles qui encerclaient Emenë. Un petit coup d’œil sur les maisons fit penser à Adel que le garçon ne serait peut-être pas si mal traité que ce qu’il avait craint. Ils se trouvaient visiblement dans l’un des quartiers riches de la ville. Les maisons étaient récentes et en bon état. Kuane s’arrêta soudain devant une arrière-cour qui semblait déserte. Mis à part les piaillements des poules, on ne pouvait pas penser que la maison était habitée. Kuane prit un petit caillou qui traînait sur la chaussée, et avant qu’Adel ait pu le retenir, le blondinet faussement angélique avait déjà jeté le caillou par-dessus le grillage, heurtant ainsi un carreau de la maisonnette. Aussitôt Kuane se baissa, désormais complètement caché par le muret et incita Adel à faire de même. Ce dernier se retint de jurer : il se faisait carrément mener en bateau par un gosse qui n’en faisait qu’à sa tête. Mais l’arrière-cour restait toujours calme, rien ne pouvant perturber son train-train habituel. Adel allait sermonner le jeune chenapan quand on entendit une petite voix chuchoter : “Kuane, c’est toi ?” Un petit garçon blond venait d’entrouvrir timidement une porte au fond de la cour. Il était plus petit que Kuane, et ses yeux verts étaient bien moins expressifs que ceux de son complice. Pourtant, ils s’illuminèrent quand le bambin reconnut Kuane. Il courut jusqu’à la barrière de ferraille : “Tu as réussi ! J’étais sûr que tu y arriverais ! Maintenant, on va pouvoir s’amuser comme avant, tu verras, la maison est géniale ! Mes nouveaux parents sont un peu sévères, mais ils sont gentils, je suis persuadé qu’ils vont t’adorer !” Adel observait, déconcerté, le manège entre les deux enfants qui riaient de s’être retrouvés et qui prévoyaient déjà tout ce qu’ils allaient pouvoir faire désormais. Kuane présenta alors Adel à son compagnon : “Tu vois, c’est grâce à lui que j’ai pu m’échapper du Gennesis. Il s’appelle Adel. Et là, c’est mon vieux copain Okys.” Après un moment, voyant qu’Adel ne disait toujours rien, Kuane lui dit d’un ton un peu gêné : “Merci beaucoup Adel, tu m’as rendu un immense service, mais tu n’as pas à t’inquiéter pour moi, maintenant que je suis avec Okys, tout ira bien. Tu as sûrement d’autres choses à faire, je t’assure que tu peux me laisser maintenant que je suis dans ma nouvelle famille”. Adel hésita : il se sentait un peu responsable du jeune garçon, et même si le comportement d’Okys semblait rassurant pour la suite des évènements, ils n’en étaient pas moins tous les deux des enfants, qui ne connaissaient pas forcément les intentions de la famille d’Okys. Cependant, Adel ne pouvait pas rester éternellement en ville, il lui fallait absolument quitter Emenë. Il s’agissait de se faire oublier le plus vite possible. Cela devenait dangereux de rester à proximité des griffes des représentants du Gennesis, qui, il en avait bien peur, pourraient s’apercevoir de sa duperie. Adel réfléchit un moment devant le dilemme qui lui était proposé, devant les regards attentifs mais soucieux des chères têtes blondes. “Okys, est-ce que ton père est là, j’aurais aimé parler avec lui, pour être bien sûr qu’il veut accueillir Kuane ?” L’intéressé secoua vivement la tête : “Non, il est parti à Praterion pour vendre ses marchandises à la grande foire : il revient dans deux jours.” Adel grimaça : “Alors je reviendrais dans deux jours, je ne peux pas rester ici plus longtemps”.

  • merci octobell c'est vraiment très gentil ! je triche un peu j'ai déja écrit ces pages il y a un moment... et pour le prénom ca veut dire "impénétrable, incertain" en grec ancien. tous les noms viennent de la d'ailleurs et révèlent la caractéristique du lieu ou du personnage (je mettrais peut etre le lexique un de ces 4!) faut que je me motive pour écrire la suite !

    · Il y a presque 11 ans ·
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    cecileboiscourbeau

  • J'aime vraiment ton écriture simple, qui coule tranquillement et qui nous embarque avec plus de facilité encore qu'on s'imagine. 10 pages ? Où ça ? Je les ai enfilées sans les voir, et je n'attends qu'une chose : la suite !
    En plus j'adore le prénom d'Adel, et j'aime le fait qu'il approche les 30 ans sans avoir réellement de background. Pour ce genre de récit, c'est inédit ! Kuane, lui, est aussi attachant qu'intriguant.
    Bref, encore, encore !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Logo bord liques petit 195

    octobell

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