L'appel

L

"Se trouver dans un trou, au fond d'un trou, dans une solitude quasi totale. Et découvrir que seule l'écriture vous sauvera" Duras.


J'ai commencé à écrire le jour où j'ai compris qu'il fallait que j'extériorise toutes ces choses qui se passaient en moi. Le jour où j'ai compris que c'était peut-être ce qui allait me sauver, du moins m'apaiser. Depuis toujours, je recopie des phrases qui me parlent, me chamboulent. Des citations de personnes qui m'inspirent. D'artistes, d'écrivains, d'hommes et de femmes qui font tant de bien à mon âme et que j'aurais aimé rencontrer bien plus tôt. Je recopie des fragments d'histoires sans même me dire que je pourrais raconter mes propres histoires, les miennes, façonnées de ma main. Je me suis longtemps pensée incapable, incompétente. Le plus malheureux peut-être est que je le pense toujours.


Écrire. Ce n'est pas vraiment un choix mais un besoin. C'est une façon de sortir ce qui reste bloqué en moi. On m'a longtemps demandé quel était mon violon d'Ingres. Je restais silencieuse face à la question, mais la réponse est l'écriture. Longtemps, j'ai envié ceux qui avaient trouvé leur vocation. Ceux qui savaient ce qu'ils voulaient faire, ceux qui avaient une passion. Pour ce qui est de ma personne, je voulais écrire. Je voulais écrire et, à vrai dire, je ne savais rien faire d'autre. Je n'ai jamais été une personne douée dans grand nombre de domaines. Mon domaine était restreint mais me comblait. Il me comblait et m'élevait entièrement. Je lisais aussi mais j'ai très vite eu la curiosité et l'envie de créer. Alors, inconsciemment, la lecture a assez vite été remplacée, ou peut-être simplement magnifiée et complétée, par l'écriture. Car finalement, l'un ne peut aller sans l'autre.


J'avais lu des tonnes de choses sur le travail d'écriture. Je m'en faisais une idée précise et quelque peu idyllique. D'abord, je voulais une machine à écrire. Je voulais créer un On the Road à la Kerouac. Quelque chose de renversant. Je pensais qu'écrire était tâche facile. J'étais naïvement persuadée, qu'avec ma machine à écrire, j'allais produire quelque chose à la Madame Bovary ou autre grand classique. J'ai déchanté. J'ai compris à quel point cette activité était épuisante et tourmentante. Et puis j'ai réalisé qu'écrire était quelque chose de viscéral et essentiel à mes yeux le jour où je n'ai plus pris de plaisir à le faire. Le jour où écrire m'était devenu une tare mais au-delà de cela et de tout, un besoin.

Rapidement, l'envie d'avoir une machine à écrire m'est passée. Je me suis rendue compte que ce n'était pas le support qui comptait. Que j'aurais pu écrire sur n'importe quoi. C'est le fond qui importait. Non l'artifice autour. Et puis plus tard m'est venue l'idée des carnets. J'ai toujours tenu des journaux intimes, depuis toute petite. Je racontais ma vie d'enfant de huit ans à un carnet et j'espérais que ce dernier me réponde, un peu comme un meilleur ami. Ce carnet c'était mon confident. Alors, dix ans plus tard, j'ai repris l'idée. Seulement, j'ai réalisé que sur un carnet, le premier jet était quelque peu irréversible. Sinon, s'en suivait une cascade de ratures, de mots rajoutés et de paragraphes repassés au stylo noir, devenant ainsi illisibles. J'étais agitée, insatisfaite par chaque mot que j'utilisais. J'étais frustrée de ne pas pouvoir revenir sur mes textes avec une meilleure aisance. Frustrée de ne pas pouvoir écrire instinctivement. Peut-être que je me suis mis une pression toute seule. J'ai décidé de garder mes carnets d'écriture pour les écrits un peu plus légers et intimes, pour les écrits qui n'avaient pas besoin d'être bonifiés et sur lesquels je ne mettais pas autant d'espoir. Tout simplement, les textes que jamais personne ne lirait. Une plume secrète, pudique et hésitante.


J'ai commencé à écrire le jour où j'ai compris qu'il fallait que j'extériorise toutes ces choses qui se passaient en moi. J'ai commencé à écrire le jour où j'ai compris que c'était ma seule issue de secours.

  • Bien je m'identifie beaucoup à vous avec le besoin d'écrire. ça a été salvateur pour moi de trouver le moyen d'extérioser mes émotions, de prendre du recul. Je me levais même en pleine nuit pour aller coucher les pensées qui me submergeaient...

    · Il y a environ 3 ans ·
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    jeffrey-gandhide

  • J'ai bien aimé le déroulement de votre pensée. Je rêve de posséder une vieille machine à écrire afin d'y taper mes pensées en 17 ou 31 syllabes. Même si je possède quelques carnets, je préfère écrire sur le clavier averti de mon ordinateur portable. L'avantage de cet invention extraordinaire, c'est que l'on peut effacer ce que l'on a écrit et la page blanche reste toujours propre.

    · Il y a plus de 4 ans ·
    40405 (2)

    Lady Etaine Eire

    • la page blanche est une éternelle promesse

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Fond ecran noir

      L

  • Pas mal pas mal, écrire doit concilier créativité et plaisir ... après l'on essaie d'avancer, de mettre de l'ordre, de structurer et l'on en met c'est vrai un peu partout ...

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Lune 08

    scribleruss

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