L'apprenti

koya-al-gaad

Quand, de son maillet, l'apprenti cogne à grands coups sur un burin et dégrossi, il le fait pour tirer des souhaits de la pierre (étant apprenti, souvent celui du chef d'atelier : satisfaire le client). Cela, en se heurtant violemment mais de bon gré à la réalité. Dans ce processus où il n'a que maillet et burin entre les mains, afin de s'inclure parfaitement à la place qui est la sienne, il se doit d'ôter de la matière à cet élément brut qui viendra s'emboîter en corps d'un élément plus grand, qu'il n'appréhende pas à l'instant. Il agit sans réelle compréhension de son action, mais par simple foi en l'autorité.
Cette tâche machinale et laborieuse accomplie et les matériaux accumulés, s'ensuit la construction où nous pouvons observer une différente modification de matière : l'enduit (nous savons que les apprentis ne sont autorisés que sur les travaux de finitions possiblement rattrapables!). Ici, notre apprenti doit oeuvrer de sa truelle par ajouts afin d'unifier les blocs qu'il avait précédemment mis tant de mal à marteler, et ce avec des gestes délicats et réguliers.
C'est à travers cette étape que la foi en l'autorité peut muter en une soif de connaissances, par deux voies différentes, en fonction de cette autorité mais surtout de son empreinte sur l'apprenti : l'admiration, ou le reniement (allant de l'indifférence à l'opposition.).
Nous pourrions l'imager simplement de la sorte : S'adonnant à une activité qui nécessite plus de calme, ses pensées se mettent à vagabonder. Il peut s'attarder sur les gestes, les attitudes, les mots, les logiques qu'il a pu saisir. Il peut écouter les conversations autour de lui, et dans cette transe qu'induit sa méticulosité, tirer de tout cela un schéma déterminant sa propre avancée, en voir les obstacles, les opportunités... synthétiser la corrélation entre son but et son environnement. En fonction de ce schéma, et de ses aspirations, résultera l'attitude de notre apprenti envers son autorité.

Alors, autorités du BTP... pour vous mettre un apprenti dans la poche, soyez cools. Mettez-le rapidement aux enduits!

Avec sérieux (allons), la brutalité du dégrossissage et la délicatesse de l'harmonisation sont deux fonctions essentielles d'évolution individuelle, et bien qu'exposées ici de façon linéaire (étant limite de la matérialisation d'un principe métaphysique en une quelconque symbolique.), elles coexistent néanmoins subtilement en nous.
Mettre frein à ceci en exprimant une dualité entre ces deux mécanismes est fréquent, car l'on s'aperçoit rarement qu'il n'en est qu'un. Bloquez le plus petit engrenage d'une horloge et son équilibre sera brisé.
Accusés : culpabilité, égoïsme. Taisez-vous! Laissez-nous être tout, et rien à la fois...

  • Pour moi le maître ne représente pas l'autorité mais le savoir ( la connaissance). Si l'esprit du maître se limite à un rapport d'égo, c'est que son savoir est imparfait. La voie de l'apprentissage, de la transmission est nécessairement un difficile chemin d’humilité et de gestes répétés où la progression ne s'acquière que par étapes .

    · Il y a presque 7 ans ·
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    Christian Le Meur

    • Heureuse de vous savoir regardant sur l'éthique d'un maître. Je faisais regroupement général entre les maîtres et les autorités égocentriques sous l'appellation autorité, mais nous sommes bien d'accord. Parfaire par la main et l'esprit, avec patience, discipline, honnêteté, fraternité, courage, générosité... il faut tellement de qualités pour apprendre et transmettre en chaque jour, pourtant tellement de monde est apte à le faire.
      Bien à vous Christian, merci pour votre avis sur cette appellation d'autorité, et le partage sur vos valeurs (nous étant communes)

      · Il y a presque 7 ans ·
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