L'arche

sebito

L’arche (épisode 1)

Une voiture file droit vers St-Jean, un village de Provence, en ce début d’après-midi de juillet. A l’intérieur se trouve la famille Bourel. Le père, au volant, garde en permanence un air calme et posé. Jamais il ne s’énerve après de mauvais conducteurs qui roulent trop vite ou qui lui font une queue de poisson. A ses côtés, sa femme, un brin BCBG, regarde devant elle. Elle semble songeuse. A l’arrière, deux filles. Une ado, au look un peu gothique : cheveux noirs, vêtements sombres. Et une fille plus jeune, probablement dans les dix ans, qui semble déjà osciller entre le look petite fille sage et ado rebelle.

Ils entrent sur l’autoroute 66. Ou plutôt 666. Un petit plaisantin a ajouté au marqueur noir un 6 supplémentaire. Pierre sourit.

« Nous voilà sur l’autoroute de l’enfer. »

Caroline tourne son visage vers son mari et lui rend son sourire, mal à l’aise.

« On devrait peut-être s’arrêter. Il est 13h. Les filles vont commencer à avoir faim. »

Caroline se tourne vers les sièges arrière de l’Audi. Emma, l’ainée, et Margaux, la benjamine, sont en train de visionner un film sur leur lecteur de DVD portable. Elles regardent leur mère et enlèvent leurs écouteurs des oreilles.

« Qu’est-ce qu’il y a maman ?

- On va bientôt s’arrêter. Vous n’avez pas trop faim ?

- Si, un peu.

- Continuez à regarder votre film. Je vous préviendrais quand on sera arrivé. »

Les filles se replongent dans leur film. 

« Pierre, ça ne te dérange pas si on s’arrête à la prochaine aire. Sur internet, ils disent que, pour une fois, le restaurant est acceptable. Il n’est pas trop cher et la nourriture est acceptable. Ce n’est pas l’un de ces restaurants de grande chaine mais une sorte de relais routier.

- Vraiment, un relais routier ? Avec de vrais routiers ?

- Bah oui, je suppose. Ne sois pas si snob…

- C’est pas moi le snob, habituellement. Si tu en as envie, moi, ça me va, pas de soucis. »

Le silence s’installe dans la voiture. Pierre se concentre à nouveau sur la route. Caroline fouille dans son sac à main et sort une clé dorée. Elle la regarde, resserre sa main fortement, si fort que ses doigts blanchissent.

« Qu’est-ce que c’est ?

- Quoi ?

- Ce que tu tiens.

- Oh, c’est rien. Juste une clé.

- Une clé ? Qui ouvre quoi ?

- Je dirais plutôt qu’elle referme un passage.

- Comment ça ?

- Une clé pour ouvrir mais aussi fermer.

- C’est vrai. Tu l’as eu où ?

- Je l’ai trouvée en faisant le ménage ce printemps.

- Tu sais ce qu’elle ouvre…ou ce qu’elle ferme ?

- J’en ai une vague idée. Mais je n’ai pas pu la tester.

- Si tu ne sais pas vraiment ce qu’elle ouvre, pourquoi tu la gardes ? »

Caroline regarde son mari, sourit puis tourne la tête de l’autre côté, vers les champs. Pierre n’insiste pas. Il sait que ça ne sert rien. Caroline est comme ça, énigmatique, mystérieuse. C’est ce qui l’a attiré chez elle. Elle est un défi de tous les jours.

Pierre s’engage dans la bretelle de sortie indiquée par Caroline. Le relais routier apparait au milieu d’un parking plus ou moins désert. Il y a un camion, quelques voitures et des motos, des Harley Davidson. Le relais en lui-même ressemble à une bâtisse un peu délabrée. Pierre gare la voiture. Caroline, leurs deux filles, Emma, l’ainée, et Margaux, ainsi que lui-même descendent du véhicule et se dirigent vers le restaurant. Lorsqu’ils entrent, quelques têtes se tournent vers eux.  Puis se détournent rapidement pour reprendre leur repas. La salle, à l’image du bâtiment, est un peu miteuse. Les murs sont jaunes. Un jaune ayant un peu vieilli. Le plafond n’est plus tout blanc. Les tables et les chaises sont en formica. Le bar présente un impressionnant alignement de bouteilles et de verres, recouverts de poussière.

Une serveuse prend en charge les nouveaux clients et les installe à une table dans un coin de la salle. Elles leur apportent une ardoise sur laquelle est indiqué les différents plats servis aujourd’hui.

« T’es sûre que c’est un bon resto ?

- Mais oui, chéri, ne t’inquiètes pas.

- Je sais pas, c’est un peu glauque. C’est pas le genre de restos que tu fréquentes habituellement. »

Encore une fois, Caroline ne répond pas. Elle se mure derrière le silence. Elle fait semblant de regarder le menu mais Pierre voit bien qu’elle n’est pas à l’aise. Elle est un peu trop nerveuse, épie la salle du coin de l’œil. Puis elle scrute chaque recoin de la salle, comme si elle cherchait quelque chose.

« Les toilettes sont là-bas, près du bar. », indique Pierre d’un geste de la main.

« Merci. Je vais aller me laver les mains avant de manger.

- Tu ne veux pas attendre que la serveuse vienne prendre nos commandes avant d’y aller ?

- Tu n’as qu’à commander pour moi. Je prendrai un poulet rôti avec des haricots verts.

- Ok. Et vous les filles, qu’est-ce que vous allez prendre ? »

La conversation se poursuit pendant que Caroline se lève. Elle prend son sac à main. En se dirigeant vers les toilettes, elle s’arrête, ouvre le sac, cherche probablement son rouge à lèvres. La clé dorée tombe, en tintant lorsqu’elle rebondit sur le sol. Les conversations s’arrêtent. Tout le monde a les yeux tournés vers Caroline, ou plutôt vers les pieds de Caroline. La serveuse laisse tomber une tasse de café. Pierre regarde sa femme, puis la salle. Les conversations reprennent soudainement. La serveuse nettoie le café répandu à terre. Caroline ramasse rapidement la clé et gagne les toilettes. 

Lorsque Caroline revient à table, la serveuse se présente pour prendre leur commande.

« Vous avez choisi ? Madame ?

- Je vais prendre un poulet rôti avec des haricots verts.

- Monsieur ?

- Un steak tartare avec des frites.

- Ensuite ?

- Moi, je vais prendre un steak-frites.

- Et la jeune demoiselle ?

- Un steak-frites aussi.

- Vous voulez du vin ?

- Non, une carafe d’eau, ça sera très bien. »

La serveuse s’enfuit rapidement de la salle en récupérant quelques assiettes sales.

« Alors, les filles, contentes d’aller à Saint-Jean ? »

Pour seule réponse, Pierre a le droit à un « Ouais » peu convaincu de ses filles et à un nouveau silence de sa femme, qui parait de plus en plus agitée. Le repas se poursuit ainsi, Pierre essayant de lancer vainement  des conversations anodines tout en surveillant sa femme et en se demandant ce qui peut bien la rendre aussi nerveuse. Un nouveau bébé peut-être ? Non, ce n’est pas possible. Ils prennent leurs précautions. Caroline ne cesse de regarder à gauche et à droite pendant tout le repas. Comme si elle cherchait quelque chose dans la salle. Ou comme si elle surveillait les clients. Pierre les examine. Il y a un couple de petits vieux à droite. Probablement en route pour rendre une visite à leurs enfants et leurs petits-enfants. A gauche, un routier roux, un peu grassouillet. Un peu plus loin, à une grande table, des bikers sont installés. Au bar, quelques piliers de comptoir aux joues rougies par l’alcool. Un monde tellement différent de celui de Caroline. Pourquoi a-t-elle tenue à déjeuner ici ? Peut-être s’est-elle lancée un défi en côtoyant un monde aux antipodes du sien ?

« C’est bizarre. Personne n’a été aux toilettes. »

Le café vient d’être servi aux adultes, après de copieux desserts : tarte aux pommes, gâteau au chocolat et glaces pour les filles.

« Quoi ?

- Je disais : c’est bizarre, personne n’a été aux toilettes de tout le repas.

- Mais, Caroline, qu’est-ce qui te prends de surveiller les toilettes ? T’as l’intention de te reconvertir en dame pipi ?

- Non, je disais ça comme ça. Laisse tomber.

- Tu sais que tu es très bizarre. D’abord, tu veux manger dans un routier. Ensuite, tu parais sur le qui-vive tout au long du repas. Et finalement, tu t’inquiètes du taux de fréquentation des toilettes. Tu es sure que ça va ?

- Oui, excuse-moi. Ne cherche pas à comprendre. J’ai juste besoin de tester de nouvelles choses en ce moment.

- Pas de problème. Mais du moment que ça ne devient pas trop étrange.

- Promis. Bon, et bien, moi je vais aller aux toilettes avant de reprendre la voiture.

- Encore ?

- Oui, encore. Ce n’est pas de ma faute si j’ai une petite vessie.

- Je pense que tout le monde va y aller. Comme ça, ça nous évitera de nous arrêter dans une demi-heure pour faire une pause pipi. »

Les membres de la famille Bourel se dirigent vers les toilettes. Pierre, une fois qu’il a fini d’uriner, décide d’attendre sa famille devant la porte des toilettes pour femme. Margaux passe la porte, puis Emma. Ils attendent quelques instants. Caroline ne réapparait pas.

« Peut-être Maman est déjà sortie et qu’elle nous attend à la voiture.

- Tu crois ? Ça m’étonnerait. Elle a pas les clés de la voiture.

- J’en sais rien. Je dis ça comme ça. Parce que d’habitude, elle est pas aussi longue.

- Attends, je vais voir.

- Mais, Papa, c’est les toilettes des filles !

- Et alors ?

- Alors, ça se fait pas, c’est tout.

- Bon, Ok. Alors vas-y, toi, va vérifier.

- Ok »

Emma entre à nouveau dans les toilettes des filles. Les portes des deuxièmes et troisièmes cabines sont ouvertes. Ce sont celles qui étaient occupées par Margaux et elle-même.

« Maman ? »

Pas de réponse.

« Maman ? »

Toujours pas de réponse. Emma met la main sur la poignée de la dernière cabine de la pièce et pousse délicatement la porte.

« Maman ? »

Emma passe la tête dans la cabine. La cabine est vide. Rien de particulier à signaler. Seul le couvercle du réservoir a été enlevé et déposé au sol. Aucune trace de sa mère. Elle quitte les toilettes et rejoint son père et sa sœur.

« Alors ?

- Elle est pas là.

- Bon, alors on va aller la rejoindre à la voiture. »

Pierre et ses filles traversent la salle du restaurant routier pour rejoindre le parking. Ils saluent au passage la serveuse, qui hoche la tête dans leur direction. Ils se dirigent vers leur Audi. Près de la voiture, Pierre et ses filles se figent.

« Papa, c’est pas le sac à main de Maman, là, par terre ?

- Si. T’as raison.

- Et Maman, elle est où ?

- Aucune idée. »

En effet, Caroline n’est pas dans la voiture.

« Restez là les filles. Je vais voir. »

Le cœur de Pierre bat la chamade. Il imagine le pire. Un enlèvement. Un meurtre. Il approche doucement. C’est bien le sac de Caroline par terre, près de la portière avant côté passager. Son grand sac rouge. Il est entrouvert. Il se penche et le saisit. Il scrute le sol à la recherche de traces de sang. Il n’en voit aucune. Il se penche un peu plus, se met carrément à quatre pattes, pour regarder sous la voiture. On ne sait jamais. Mais il n’y a rien, ni personne. Il se relève. Caroline n’est pas dans la voiture. Assise, couchée ou cachée. Elle n’est pas là. Puis il remarque une clé. Il ne l’avait pas remarqué au début. La clé est par terre, près du pneu. C’est la clé dorée que Caroline triturait tout à l’heure dans la voiture. Il tend la main pour la prendre. Elle est tordue.

« Ne touchez pas à cette clé. Elle m’appartient. »

Pierre se retourne. Devant lui se dresse la serveuse. Elle tient devant elle les filles de Pierre en otage, un pistolet pointé vers la tempe de Margaux.

« Mais que faites-vous ? 

- Pas d’inquiétude. Tout se passera bien. Je veux juste ce qui m’appartient. La clé.

 -  Je… Je ne comprends rien du tout. Que voulez-vous ? Où est ma femme ? C’est quoi, cette clé ?

- Vous posez trop de questions. Donnez-moi la clé.

- Pourquoi ?

- Je vous l’ai dit. Elle est à moi. J’ai payé pour l’avoir.

- Hein ? Mais qu’est-ce que vous racontez ?

- Cette clé m’appartient. Donnez-la-moi. »

Pierre saisit la clé. Il se retourne à nouveau vers la serveuse.

« A quoi sert-elle ? Pourquoi voulez-vous la clé de ma voiture ? Vous voulez voler ma voiture, c’est ça ?

- Votre voiture ? Mais vous n’avez rien compris. Je m’en fiche complètement. Ce que je veux, c’est la clé.

- Pourquoi ?

- Pour quitter cet endroit. »

Pierre regarde la serveuse, interloqué. Elle a dû perdre la raison. Ça doit être ça. Il regarde ses filles, suppliantes, en larmes. Il essaye de leur faire comprendre par le regard que tout va bien se passer, que tout va s’arranger, qu’il maitrise la situation. Mais il ne maitrise rien car il ne comprend rien. Il tend la clé à la serveuse.

« Tenez. 

- Merci. Vous êtes raisonnable. »

La serveuse libère Emma et Margaux qui se précipitent dans les bras de leur père.

« Poussez-vous. »

Pierre et ses filles s’exécutent et libèrent l’accès à la portière de la voiture. La serveuse essaye d’introduire la clé dans la serrure. Mais elle se rend qu’elle est tordue. Impossible de l’introduire dans la serrure. La serveuse se précipite sur Pierre et ses filles, en colère, le pistolet pointé vers eux.

« Qu’est-ce que vous avez fait ?

- Moi, rien.

- Vous l’avez tordue ?

- Elle était déjà comme ça.

- Quoi ? La garce, elle m’a bien roulé.

- De qui parlez-vous ?

- De votre femme, bien sûr. De qui d’autre ?

- Vous connaissez ma femme.

- Pas spécialement

- Mais…

- Disons que nous étions en affaire. Et que je me suis fait avoir sur toute la ligne. »

Soudain, l’homme roux du restaurant apparait. Personne ne l’a vu s’approcher.

« Non, Irina, ne fais pas ça.

- Moi aussi, j’ai le droit à une nouvelle vie, Victor, je veux partir.

- Pourquoi ? Pourquoi n’es-tu pas heureuse avec moi ?

- Tu sais que je t’aime Victor. Mais je suis trop à l’étroit ici. Je veux une meilleure vie.

- Irina. Rends-moi la clé. Je t’offrirai cette meilleure vie.

- Pfff… Quelle clé, Victor ? La garce l’a tordu avant de partir. »

Pierre intervient.

« Comment ça avant de partir ? Vous l’avez vu quitter les lieux ? Elle est partie ? Mais comment ? La voiture est toujours ici. Elle n’est quand même pas partie à pied sur l’autoroute ! »

Irina le regarde, méprisante.

« Elle a utilisé la clé.

- Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ? Qu’est-ce que vous racontez ? »

- Votre femme. Elle nous a condamnés. »

Episode 1 : La famille Bourel, composée de Pierre, Caroline, sa femme et de leurs deux filles, Emma et Margaux, se rend vers le sud de la France. Ils s’arrêtent dans un restaurant routier pour déjeuner. Au moment de partir, Caroline a disparu. Il n’y a aucun indice, excepté une clé dorée. La serveuse du restaurant, Irina, essaye de s’emparer dans la clé. Victor, un homme amoureux d’Irina, l’en empêche et détruit la clé. Irina annonce alors à Pierre et à ses filles qu’ils sont condamnés à vivre sur l’autoroute.

Episode 2 : Pierre et ses filles découvrent les autres protagonistes du relais routier : le couple âgé, le cuisinier, les bikers et les piliers de comptoir. Ils apprennent que tout le monde est enfermé sur cette aire d’autoroute pour une raison inconnue. Ils essayent de quitter les abords de l’autoroute, sans succès. Pierre apprend que le seul moyen de s’échapper était la clé dorée que possédait Caroline.

Episode 3 : Irina raconte son histoire : elle a réussi à prendre contact avec Caroline pour qu’elle vienne lui vendre la clé. Irina a déposé l’argent dans le réservoir des toilettes mais Caroline n’a pas déposé la clé. Elle s’est enfuie en utilisant la clé. Pierre apprend que la clé a le pouvoir d’ouvrir n’importe quelle porte et d’emmener son utilisateur où il veut.

Episode 4 : Pierre, en plein désarroi, remet en cause sa relation avec Caroline et essaye de comprendre son comportement. Ses filles lui font voir qu’il se voilait la face : Caroline n’était pas heureuse avec lui. Opposition filles-père.

Episode 5 : Pierre fouille le sac à main de Caroline, à la recherche d’explications. Il découvre une photographie d’un homme. Il suppose que c’est l’amant de Caroline. Retour sur les souvenirs du couple qui éclairent leur relation.

Episode 6 : Emma fouille à son tour le sac à main de sa mère. Elle découvre une mèche de ses cheveux, enfermée dans un étui. Retour sur les souvenirs de sa mère, qui éclairent la relation Emma-Caroline.

Episode 7 : Comportements différents de Pierre, Emma et Margaux face à l’enfermement : colère et incompréhension pour Pierre, résignation et adaptation pour Emma, indécision de Margaux qui essayent de concilier tout le monde.

Episode 8 : Lecture du journal intime de Caroline par Margaux, qu’elle a récupéré discrètement dans le sac à main auparavant. On y apprend que Caroline était influencée par d’anciens textes annonçant la fin du monde et qu’elle voulait refaire sa vie, quitter sa famille, tout en la préservant.

Episode 9 : Dénouement : le journal intime est lu à haute voix. Annonce de l’apocalypse. Seuls quelques humains présents dans une arche seront sauvés. L’arche est l’autoroute. Tout le monde revisite son histoire d’un autre point de vue. Pierre et ses filles comprennent que Caroline a joué sur les tableaux : si l’apocalypse a lieu, elle a fait une bonne action en enfermant sa famille sur l’autoroute (en tordant/brisant la clé) ; si l’apocalypse n’a pas lieu, elle s’est enfuie avec l’argent et va pouvoir refaire sa vie. Réaction différentes de Pierre, Emma et Margaux face au comportement de Caroline.

Episode 10 : Apocalypse. Le monde est détruit, sauf l’autoroute et ses abords. Les protagonistes comprennent qu’ils sont des élus, les seuls survivants. Pierre, Emma et Margaux ne savent pas s’ils doivent remercier Caroline, ou lui en vouloir. Ambiguïté du bien et du mal.

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