L'article le plus glamour de ma carrière

lafeeclochette743887

C'est une courte histoire qui m'est réellement arrivée ! Voilà ce qui arrive lorsqu'on répond un peu trop prestement à un e-mail

Il parait que lorsque l'on meurt on voit une lumière blanche et douce nous attirer inéluctablement. Seulement voilà… s'ouvre à moi une nouvelle dimension blanche… ma page d'ordinateur ! Blanche immaculée… que je dois inéluctablement remplir… je ne suis pas vraiment attirée par sa lumière et pour y apposer des lettres qui noirciront un peu plus le sujet, si je puis dire. C'est terrible, j'ai le trou noir… j'aimerais mourir mais, si possible pas devant ma feuille blanche… dans l'eau, le feu et n'importe où, et même à la rigueur ne pas mourir du tout ! Je me sens soudainement des ailes poussées car vient à moi le dossier de presse de 23 pages écrites en petites lettres (je dirais en 10 times new roman) comme pour minimiser la douleur qu'est cette lecture à 22h00 le soir, avant de trouver un sommeil réparateur dans les bras de Morphée. Bref, ambiance mortelle ! Je parcours le dossier de presse en commençant par le sommaire, qui est alléchant…j'ai rendez-vous avec ma mort ce soir…! Il se décompose de la façon suivante : 4 blocs, vite il faut que je prenne des notes (bloc-note, pour le jeu de mots, oui je sais irrésistible). Je reprends le sommaire : PFG (Pompes funèbres Générales) OGF en tête sur tous ses marchés (oui, là aussi on a une certaine idée du légume), OGF ses expertises complémentaires (est-il réellement mort ? Si tu es thanatoprateur tu peux t'exercer), OGF, le souci de la qualité (en qualité de mort, je suis bien dans un cercueil en vrai bois d'arbre ?), OGF ses valeurs (vu le prix que j'ai payé, effectivement, j'ai de la valeur pour eux), et Implantations des Maisons funéraires et crématoriums gérés par OGF (je vois la mort partout, ben oui, y'en a partout en France !!) et enfin le Glossaire. Ah… le glossaire, très important ! Les mots que je ne comprends pas y sont. Ca évite d'aller chercher dans ma propre bible que j'appelle communément un dictionnaire. Je peux toujours essayer de le lire tout ça avec le sourire et d'une façon enjouée ça reste tout de même sordide et macabre. J'aime les mots, pourtant le deuxième que je lis m'interpelle : cendrier… (oui même celui-là est dans le glossaire), tout le monde connaît, mais je m'y attarde un peu, histoire de mourir moins bête ce soir : réceptacle permettant, à la suite d'une crémation, de recevoir les cendres du défunt. Il est en général placé dans une urne décorative. Hummmmmmmmm, sur le coin de la cheminée, chouette idée ! Je sens que ma soirée va être d'un ennui mortel. Qu'elle ambiance ! Une image saugrenue me vient en tête… je pense à tous les fumeurs dont certains ami (es) qui liront peut-être un jour ce texte. Peut-être partiront-ils en fumée avant…

Un peu plus tôt dans l'après-midi, j'avais rendez-vous avec les conseillers funéraires. Dans les situations un peu délicates je revêts régulièrement mon costume de grande bécasse. Mais ce jour-là, j'excellais dans le domaine. Sans avoir fait exprès, j'avais ¾ d'heure de retard. Avec le directeur nous nous étions joints par sms, le dimanche d'avant. Il voulait reculer le rendez-vous pris à 14h. C'était d'accord, il avait écrit « pouvons-nous reculer le rendez-vous à 14h    15 » et j'avais lu 15h. Une bécasserie supplémentaire. C'est avec une gentillesse extrême et d'une tessiture de voix très douce qu'il m'appela le jour J pour me rappeler que j'avais du retard. Il me laissa un message sur mon répondeur : « Bonjour, Madame Martin. Je voulais savoir si vous veniez, car nous avions rendez-vous à 14h15. Je vous donne mes coordonnées dans le cas où, vous vous soyez perdue. » Honte à moi, bien sûr. En ce jour de congé, salutaire, paix à mon âme, j'en profite souvent pour m'habiller, hors jogging, baskets et tee-shirt long qui font certes mon charme dans le métier que je fais avec passion, mais qui sont loin d'être glamour tout de même. J'étais, donc, en train de mettre mes bas et la petite robe noire qui va avec me disant qu'à 14h45, je n'étais pas en retard. Je le rappelle immédiatement, rouge de confusion, lui expliquant avec autant de maladresse que je puis, mon erreur. J'arrivai bientôt devant la porte du magasin, les cheveux mouillés, la tête basse et le sourire confus. Je suis immédiatement accueillie par deux hommes en costume sombre qui m'attendaient de pied ferme. Ah…le costume sombre, c'est comme un peu l'uniforme ou la blouse blanche, c'est la classe… Un grand avantage pour un homme : il peut faire aussi bien pour les mariages que pour les enterrements. Bref, revenons à ma prise de contact, Après avoir balbutié de plates excuses, on me présente la dream team : conseillers funéraires, porteurs… … oui l'équipe de rêve… un staff, comme ça, ça fait rêver, non ? … des anges, oui, ces gens là sont des anges qui portent une main bienveillante sur ton dernier chemin (normal pour les porteurs, pour ceux qui n'auraient pas compris) ou bien qui te conduisent directement aux portes de l'enfer. Sans compter que le jour J, il y en a qui pique des fous rires nerveux, des qui glissent sur les graviers avec un râle du style « ahhhhhhhhhhgrrrrrrrr » dont tout le monde se serait bien passé, car il faut rester sérieux et prendre des actions chez Kleenex comme tout ce beau monde qui a été invité. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais les personnes qui viennent à un enterrement sont celles aussi qui ont été invité à votre mariage, c'est ce qui rassemble les familles et les amis. C'est juste un triste constat. J'aurais bien intitulé mon article « J'ai testé pour vous… le recueillement professionnel » mais voilà l'humour n'est pas de rigueur dans mon futur papier. D'ailleurs comment peut-on faire un métier dans les pompes funèbres? C'est la première question que je voulais leur poser… mais nous nous serions éloignés du sujet qui consistait à dévoiler au lecteur la nouvelle ouverture de pompes funèbres à Sallanches. C'est une nouvelle boutique…avec des conseillers, des porteurs qui vous taille votre dernier costume comme on dit. Il parait que ces gens-là ont de l'humour… fort heureusement… sinon au secours. Je me demande toujours si pendant la « toilette » du macchabée, le thanatopracteur lui parle du genre : « c'était comment ta vie, avant ta mort ? » et « ta mort, tu l'as vu venir ? Comment était-elle ? ». Certes c'est une idée saugrenue, mais que voulez-vous, je n'arrive toujours pas à me mettre en tête que je dois écrire un article très sérieux, sans aucun trait d'humour, aucune facétie. Pour moi un vrai calvaire ! Bref, pendant un entretien de plus de deux heures avec les responsables de Sallanches et de la Haute-Savoie, voici le temps de la visite des locaux. Autant la visite d'une église ou cathédrale ne dérange pas, autant là, je n'étais pas très à l'aise sur mes fémurs. J'avais l'impression d'être un peu disloquée comme peut l'être un squelette et j'entendais mes os s'entrechoqués d'effroi en entrant dans la maison funéraire. Le lieu est épuré, sobre et très moderne. Les couleurs des divers revêtements font pensés à une glace vanille, chocolat… une fois de plus ça fait rêver, mais j'aurai une toute autre vision de la glace vanille-chocolat, la prochaine fois que j'aurais l'opportunité de me délecter avec. On m'explique que l'on peut rendre hommage au défunt en mettant de la musique et en affichant des photos de la personne disparue. Un vrai ravissement pour le décédé. Les visites peuvent également se faire 7/7j et 24/24h grâce à une entrée dans les lieux par digicode. Sincèrement, personne n'a jamais pensé qu'au niveau sécurité c'était limite ! Il n'y a jamais eu un vol de mort (ben oui comme dans Harry Potter). Oui, oui, je vous l'accorde c'est un peu capillo-tracté mais vu l'heure tardive, à laquelle je conçois ce texte, il est vrai que mes paupières sont aussi lourdes que des pierres tombales et que mon esprit hésite encore entre le repos que je n'espère pas éternel et travailler sur mon article version nécrologie. Je quittais alors ces messieurs et revenait pensive mais nerveuse dans ma bicoque. Pourquoi dont avais-je « oui », à la publicité du Dauphiné Libéré pour rédiger ce papier ? Tout part d'un malentendu... Je recevais un message dans ma boite e-mail de la part de la responsable de la pub. Il était tard. Il était inscrit : "peux tu me faire un publireportage pour les PFG."Croyant à une erreur de frappe qui me conduisant tout droit dans les bras d'un super footballeur du PSG... oui sur le clavier les deux lettres sont presque l'une à côté de l'autre. Fatiguée, je répondis "oui, aucun souci ;)))".  Erreur ou pas... j'étais dans l'embarras, mais finalement je ne fus pas déçue. Je reçus un message de la part du directeur de la Haute-Savoie m'informant que j'étais invitée à l'inauguration des locaux le 20 novembre, une invitation que je ne pouvais décliner car il faut le dire, ces personnes sont exceptionnelles et ont de rares qualités humaines. C'était décidé pour l'inauguration, j'allais intituler l'article « Inauguration en grandes pompes ».

  • Madame Martin (mais je préfère la féeclochette, plus imaginatif, glamour) c'est joli une fée clochette, surtout que pour les fêtes nous avons eu droit a toute la série animée, habillée de vert, petites ailes qui volettes continuellement pour soit rester sur place ou partir. Oui partir comme aux pompes funèbres en cendre. C'est d'ailleurs ce que nous avons choisi mon mari et moi, et ton texte m'a rappelé leurs discours, car j'y suis allée seule faire notre contrat d'obsèques. J'ai signé pour lui, mais il veut aller tout changer maintenant. Pas d'exposition, le cercueil le plus simple (d'ailleurs il voulait le faire lui-même, en sapin, ou une palette, puisque c'est pour bruler) enlever la parution sur les journaux (380 euros, non mais dis donc, ils abusent) Enfin lui voudrais, comme il est athée, aussitôt sa mort, les fossoyeurs l'emmènent, le brule, et l'on jette ses cendres dans le chemin du cimetière pour que tous ceux qu'ils à emmerdé, lui marchent dessus. C'est mieux qu'avant, car il voulait que j'invite ceux qu'ils n'aimait pas (et il y en a beaucoup) et que je mettent ses cendres dans la poivrière et qu'ils saupoudrent leur repas de ses restes. Enfin, c'est tout mon mari, et c'est la vérité.
    Donc, ton article, m'a fait sourire et repenser à nos propres obsèques, prévues. Lui à 70 ans, malade, moi, b on, à part de l'arthrose vu mon âge , 68 ans, je vais bien, pour le moment.
    Pour L'inauguration, bravo! je t'embrasse et à tantôt, vu que je ne mourrais que quand je l'aurais décidé, et j'ai du caractère, mon corps doit m'obéir, foi de Scorpion. Non mais !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Moi

    Yvette Dujardin

  • Madame Martin je continue mon intervention, si donc vous désirez ajouter quelques taches de plus dans le canard, sachez que j'aimerais bien que vos mots me brûlent à faire partir en fumées tout mon esprit moqueur afin de laisser dans ma nouvelle vie la place pour quelques lignes encore vierges et donc blanches... Je vous couvre de baisers avant de ne plus pouvoir le faire , je vous adore...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Page couverture avec sorci%c3%a8res 305 ko bis 326x461 rec 11

    Pawel Reklewski

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