L'ascension ...avant la chute

eglantine

Aujourd’hui je vais vous raconter mon entretien d’évaluation avec mon manager qui a duré 2H45. Près de trois heures pendant lesquelles, je me suis contrôlée, contenue mais  bien amusée aussi.

Mon manager :  Es tu mobile ? .

Moi : Qu’entendez vous par Mobile ? . Je mets un point  d’honneur à le vouvoyer en insistant sur le « vous » alors que la plupart le tutoie

Mon manager : As-tu envie d’aller en France par exemple à Bordeaux, à l’étranger Hong Kong, Singapour…

Tous mes contrôles sautent devant l’incongruité de cette tirade et je lui réponds

«Oh non pas en Asie, je n’aime pas les nems,  si vous avez quelque chose de sympa  au soleil aux Antilles ou à Tahiti, faites moi signe, j’étudierai sérieusement votre proposition !!!

Rire de mon manager certes assez retenu mais c’est tellement rare de le voir sourire que cela me fait plaisir d’avoir réussi à le dérider avec mes chinoiseries !

Je pense qu’il s’est rendu compte alors de l’absurdité de sa réponse qui a entraîné mon trait d’humour

Quelques temps plus tard.

Mon manager : Il faut que vous développiez encore plus en vous appuyant sur votre réseau que vous n’utilisez pas suffisamment. Et il ajoute « Qui d’autre que vous peut développer le business dans votre département ? » alors qu’il était prêt il y a quelques secondes à m’envoyer chez les chinois.

Silence de ma part

Mon manager : Voyez vous ne trouvez personne d’autre

Moi (plagiant Clémenceau) :  « Les irremplaçables les cimetières en sont plein » et vu les circonstances  il va bien falloir que vous songiez sérieusement à me remplacer et j’ajoute avec un petit sourire malicieux.. je pense que vous avez déjà une petite idée sur le sujet…

Il se contente d’un sourire moqueur pour me répondre.

Quelques  temps plus tard :

Mon manager  : Vous vous dites créative mais qu’avez-vous fait en 2010 qui peut me le prouver

Moi : J’ai toujours trouvé de quoi m’occuper quand  vous me donniez volontairement plus rien à faire et la je peux vraiment dire que j’ai fait preuve d’une très grande créativité pour ne pas m’ennuyer.

Je pensais le faire rire à nouveau mais il ne rit pas.

Il remplit au fur et à mesure le compte-rendu d’entretien d’évaluation sur son ordinateur portable. A la fin de l’entretien, il me dit de « prendre sa place » enfin pardon juste de m’assoir dans son fauteuil pour relire sur écran le compte-rendu. « Je vous laisse le relire tranquille et je reviens pour la signature me dit-il en sortant de la pièce »

Je ne relis rien du tout, j’attends qu’il revienne


Quand nous réintégrons chacun notre place il me dit : "puis je l’imprimer".

Je lui réponds "bien sûr". Il s’absente de nouveau pour aller chercher le document à l’imprimante, s’empresse de le signer et me le tend. Je lui  dis "Permettez moi que je relise sur papier, je ne sais pas relire sur écran". Je prends tout mon temps à la relecture. Je sens que l’hyperactif qu’il est commence à perdre patience. Je reste imperturbable, je termine ma lecture, je prends mon stylo et je le regarde en lui demandant,

« Puis-je écrire des réserves sur ce que vous avez écrit. »

Il me regarde faussement étonné en me disant mais « cela voudrait-il que ce je j’ai écrit ne correspond pas à notre échange ?"

Je lui réponds « d’après vous ? »

"Faites toutes les réserves que vous voulez" me répond t-il ?

Et la j’écris de ma plus belle écrire très lentement que ma signature sur ce document atteste de la remise du compte-rendu mais aucunement de mon accord sur son contenu notamment sur quelques points que je précise.

Pendant que je suis entrain d’écrire mes réserves, j’entends mon manager énervé qui s’exclame

« Ce ne sont plus des réserves mais un roman que vous écrivez ». J’arrête ma rédaction et je le regarde avec un grand sourire moqueur qui vaut toutes les réponses. Il sourit aussi avec malice. Je lui tends un des exemplaires. Il me souhaite une bonne journée

Bien que satisfaite de cet entretien, je ressors vidée comme si j’avais couru un marathon.

Je prends les transports en commun et je reviens dans mon bureau.

J’ouvre mes mails en commençant par celui du Service Communication dont l’objet pique ma curiosité : « Ascension du Mont Ventoux »….

Si vous êtes cycliste aguerri et si l’ascension du mont Ventoux vous tente, posez votre candidature. Seules 9 places seront attribuées pour la Région France.  Une présélection aura lieu et sera menée par le Comité Exécutif (Quel honneur mais franchement je pensais que le comité exécutif avait autre chose à faire…)

Cette course sera dure, exigeante et ne peut s’adresser qu’à des amateurs confirmés (on s’en doute, nous prennent–ils pour des demeurés).

Les conditions requises pour poser sa candidature  

Avoir moins de 55 ans (et pourquoi qu’un cycliste entraîné de plus de 55 ans ne pourrait pas monter le Ventoux, c’est de la discrimination sur l’âge inadmissible)

Etre un sportif accompli      

Etre depuis plus de 3 ans dans l’entreprise  (et que fait-on pour l'intégration des nouveaux qui vont se sentir exclus. Remarquez que cela prouve que ceux qui ont 3 ans dans cette entreprise sont très résistants du point de vue physique mais surtout psychologique important pour ce challenge sportif)

Et alors le pompon

Parler l’anglais (je pense que lorsque que  l’on monte le ventoux  à vélo, il vau mieux ne pas parler du tout même en anglais sous peine de risquer l'asphyxie !)

 

Je préfèrerai que mon entreprise s’engage dans des actions humanitaires ou chaque salarié qui le souhaite pourrait participer.

Ce n'est qu'une entreprise me direz vous mais ne trouvez-vous pas qu’elle ressemble à beaucoup d’autres….

Beaucoup de salariés aujourd'hui cherchent à grimper dans l'entreprise, à se dépasser mais gare à ceux qui sont trop vieux, trop jeunes, trop gros, qui ne parlent pas l'anglais, qui n'ont pas de diplôme, qui ne sont pas mobiles, qui ne sont pas ci, qui ne sont pas ça.... car leur cheminement dans l'entreprise est comparable à celle du Ventoux, elle devient pour beaucoup impossible et à défaut de pouvoir monter plus haut ou même tout simplement de se maintenir,  il pédalent dans le vide et finissent par dégringoler...  dure est leur chute pour eux et pour leur famille.

  • Une très juste interprétation de notre monde actuel, ou il faut comprendre que la retraite est à 62 ou 67 ans, mais que déjà à partir de 40 ans il faut se battre pour garder sa place, à 50 ans licenciement, impossible de retrouver du travail, trop vieux, car maintenant la fin de carrière est de 30 ans. En tout cas ce texte est très humoristique.

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Moi

    Yvette Dujardin

  • Merci de me l'avoir signalé violetta, j'ai fait un copier coller de mon texte et je le voyais bien sur l'administration en entier mais sur le blog toutes les énumérations avec tirets n'apparaissaient pas. J'ai retiré les tirets

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Logo martine 54

    eglantine

  • Bel exemple, loin d'être isolé, hélas... Il y a un "accident" entre la page 3 et 4 : il manque visiblement des phrases ou des paragraphes...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Evelyne lagarde clio 6 redim

    violetta

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