L'ATTENTE

Edgar Fabar

Un homme passe des heures sur sa terrasse.

J'attends. Je ne saurais pas dire quoi au juste. Je regarde dehors. Les fleurs accrochées aux balcons. L'olivier et le pin qui se font face depuis trente ans. Et puis, il y a les immeubles, neufs, anciens, laids, carrés qui reposent les uns contre les autres. Ils sont à leur place, ou en tout cas, ils ont une place.

Je m'assieds sur une chaise en bois écaillé et comme chaque dimanche, j'ai peur qu'il ne m'arrive rien. Je reprends une cigarette, j'essaie de déterminer qui, de mon jeans stone ou de la cendre, a la couleur de ce que je ressens. Quelques minutes auparavant, j'ai cherché à parler avec elle, mais j'ai juste été capable d'ironiser sur les heures que je passe sur la terrasse. Je lui ai dit que j'observais le ciel au cas où un astéroïde se casserait la figure. Si cela arrivait, ça gâcherait le calme et la géométrie de toutes ces choses qui ont une place.

Plus tard, ça m'aura passé. Mécaniquement, j'arrêterai de penser. Je prendrai position. Et quand le chuchotis du chronomètre reviendra, je n'aurais d'autre choix que de courir le plus loin possible de la ligne d'arrivée. 

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