L'attente, la gare et le calme

tirade

Mardi 26 avril 2016 - 21h31

 

 

     Les gares m'ont toujours fascinée. Je m'y suis rendue aujourd'hui, avec pour seul bagage un vieil argentique armée d'une pellicule N&B sur laquelle restaient quatre ou cinq expositions.

Alors que trop de pensées se bousculaient dans ma tête, le ventre nouée par l'impression de trop plein: trop de visages, de regards, de choses à faire, de choix à faire. Le cœur serré par tout ce contact humain paraissant sans fond, des souhaits de revoir certaines personnes sans que je prenne encore l'initiative.

Téléphone de malheur, coupé, oublié, rangé au fond de mon armoire. Pas de musique, pour une fois, j'écouterai les sonorités présentes autour de moi. La démarche la plus simple possible: déambulation seule dans la rue déserte de la petite ville où j'habite, avec un manteau pas trop chaud pour sentir le vif de l'air autour de moi, une grosse écharpe, et ma photo à prendre. Et mes pensées qui ont pu vraiment foisonner, comme à chaque fois que je pratique ce rituel.

 

La gare est vide, magnifique. La lumière pourpre du soleil étend encore quelques rayons qui frappent sa façade. J'hésite un peu, cherche d'abord à prendre directement ma photographie, puis abandonne l'idée. Le moment est trop beau pour l'immortaliser. Ou plutôt, je ne vois pas encore d'angle intéressant à glacer, et je n'ai pas envie de me focaliser sur cette recherche.

Me laisse aller. Monte la passerelle. Bruits du métal qui grince, ambiance cinématographique. Je remarque des détails que je n'avais jamais jusqu'à présent vus. Comme un vieux rail, qui a l'air de ne pas avoir été utilisé depuis plusieurs semaines. Malgré le panneau "interdiction de passer, danger de mort", je m'aventure sur ce rail. Le contraste entre le tunnel abandonné et tagué à gauche, et la passerelle d'un joli bleu lavande, un peu rouillée à droite, me plaît. La recherche de l'angle à immortaliser s'est fait d'elle même: je me rends compte que tout y est, le panneau avec le nom de la-petite-ville-où-j'habite , l'horloge illuminée, les rails, la passerelle, le tunnel décrépi, les herbes sauvage et même le dernier rayon pourpre de la journée. J'immortalise.

 

Parfois, il faut arrêter de chercher et la solution se présente d'elle même.

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