L'aube Epine - M.Patate

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Il se réveilla presque aussi brutalement qu’il avait sombré dans le sommeil, suffisamment tôt pour pouvoir observer les premières lueurs de l’aube. A l’écoute de l’épais silence qui nimbait la ville, il s’était préparé une cafetière pleine à ras bord pour l’aider à affronter cette nouvelle journée, et, accoudé à sa petite table, l’œil vitreux, il regardait la vie s’éveiller au dehors, l’esprit vide de toute pensée. A ce moment, il pouvait profiter de la vie dans son plus simple appareil. Inspirer, expirer, voir, entendre, s’imprégner du monde alentour sans pensée parasite, les derniers souvenirs de la veille encore plongés dans l’épaisse brume matinale. Mais à mesure que la caféine infiltrait son sang, il recouvrait la mémoire et, peu à peu le douloureux souvenir de ses échecs répétés refaisait surface. La douce impression de « tout est possible » s’effaça pour laisser place au sentiment de fatalité désespérante qui le confinait dans sa mansarde. La café noir, si doux et chaud dans sa gorge quelques secondes auparavant, prit une amertume digne d’un vieux loup de mer devenu seul maître à bord à force d’essuyer des tempêtes. La journée pouvait commencer : il était réveillé.

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