Laur'à l'usure.

 J'ai acheté une petite fille au marché des âmes démontées. Elle respirait la vie et vomissait la mort un peu plus chaque soir. Ses grands yeux trempés à l'acide refusaient de se fermer, criant à l'injustice, au désespoir.

C'était ma petite fille à moi, ma cracheuse de sang un peu malade, ma souffleuse de maux bien trop timide pour la balade, elle couvrait mes enlèvements silencieux, me protégeait d'une vie par procuration.

J'étais pas bien intelligent à l'époque, comme un aveugle qui se plante de route je m'écrasais les dents sur un mur de pierre, je rêvais d'y voir plus clair pour enfin dire à Laura comme elle était belle. Laura l'aura bien sûr, un jour ou l'autre elle verra comme je suis ridicule, comme la distance ne fait qu'enfoncer la lame dans mes bottes et comme la douleur ne fait qu'excuser le manque d'initiative.

Il n'y a finalement pas grand-chose qui me retienne pourtant, si ce n'est la décence autoproclamée d'une âme en quête d'excuse.

L'aventure est à écrire, mais j'ai bien peur de n'avoir plus d'encre à prêter si ce n'est celle des jolies histoires que l'on vend aux jeunes filles de bon marché.