l'autel de mon coeur

lanimelle

L'autel de mon cœur

Petite chose qui marche à pas de velours dans des pantoufles de verre, muet, castré des cordes vocales, les cernes comme des lignes de speed infinies, je vois ce qui ne se dit pas, je sens ce qui ne se voit pas.

Les éléments se déchainent dans mes tripes, je sent sous mes yeux fermés, le soir quand tout est calmé, je ressent cet amour ivre, cet amour emporté, cet amour sur mon dos, ton ventre collé à mes reins, tes yeux comme des océans où je suis sirène, tes yeux qui me parlent et me disent « tu es belle » et dans ma naïveté je te crois, et quand tu dis « regarde moi »  je me sent alors, tellement vivre.

Hier, c'était hier l'amour, dans mon ventre encore le sang qui chiale, la peau qui se dessèche, l'envie, l'envie que tu me reviennes dans une nuit ou un virage, un accident, une nouvelle cabosse d'amour sur la carlingue, une nouvelle invisible qui danse et c‘est sabbat en moi.

Je marche dans la pourriture des amours décharnés, je marche sur tout ce merdier, je marche le cœur libre d'aimer, je marche sans promesse, ni à moi ni à l'amour, je marche sur les amours avortées, balafrées de trop de mots, sur les paroles qui sont rentrées et que j'ai sué, vidé, mis hors de moi, je marche sans retenue, les aiguilles de mes talons grandissent avec le temps, je m'élève, m'enlève de cette normalité malheureuse, de ces schémas qui disent que seule je n'aime personne, qui disent que seule on est malheureux, qui disent que seule je m'en sortirai pas.

Il reste des bris de miroirs encore enfoncés dans ma tête, dans le coté gauche du cerveau, c'est un peu douloureux parfois mais j'arrive aussi à les oublier.

La beauté blanche avait recouvert quelque chose en moi, il n'y avait pas plus bel amour qu'un amour de passage à qui l'on donne tout, la couleur de ses yeux, les gémissements de l'impudeur du ventre et puis la sincérité de se vouloir envers et contre tout, le temps et la vie ne change pas les amours vivantes, les amours qui laissent des traces comme des petits autels dédiés à la folie des dieux, à la folie d'aimer.

J'aime secrètement, j'aime aimer mystérieusement, j'aime aimer, dans la pauvreté de cette solitude choisie, avec la volonté de pouvoir m'y voir comme un reflet ou je mettrais à mon oreille une fleur qui ne fanerait jamais, j'aime l'idée d'aimer sans concrétiser l'amour, j'aime cette force des souvenirs d'aimer fort, ils sont d'une fragrance délicate, délicieusement tendre et les effluves passées ou tu as mélangé ton odeur à la mienne piquent encore ma curiosité, réanime mes fièvres d'étrangetés, mes diables aux chaires pucelles n'ont plus d'âge et plus d'horizon, ils sont devenus leur propre monde.

Je retournerai souvent encore, le soir quand tout sera calme et sans vie, vivre dans ses images aux peaux sensibles, reconstituées par ma mémoire cassée.

L'animelle

  • C'est sincèrement un texte magnifique. Intense,troublant,profond, il prend aux tripes en clamant sa vérité. "Le sang qui chirale..."ça vous gifle l'âme. Bravo

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Lisbonne 27 29 juillet 2010 028

    Frédéric Cogno

    • merci fred...ravie que ce texte t'ai embarqué!
      l'animelle

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Lanimelle 465

      lanimelle

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