Le beau et la grosse bête

vanesse

-        84,9 kg, je n’ai perdu que cent petits grammes en une semaine. C’est vraiment déprimant.

Elle entendit une voix de l’autre côté de la porte de la salle de bain.

-        Chérie, tu as bientôt terminé ? Il faut que je me prépare. Je vais être en retard chez le photographe. Marie, tu m’entends ?

-        Oui, oui, je sors Max, lui répondit-elle tout en repoussant la balance électronique loin d’elle.

Elle tourna le verrou et ouvrit la porte.

-        Depuis quand tu t’enfermes dans la salle de bain ? demanda Maxime.

-        J’ai le droit d’avoir un peu d’intimité, lui répondit-elle.

-        Ça va bientôt faire cinq ans qu’on est ensemble. C’est un peu tard pour l’intimité, lui dit Maxime avec un large sourire.

Marie le trouvait tellement séduisant quand il lui souriait de cette façon qu’elle dû faire un incroyable effort pour lui résister.

-        Oui, bon excuse-moi. Je ne suis pas dans mon assiette en ce moment.

Elle soupira et il la regarda d’un air inquiet. Puis il la prit dans ses bras et l’embrassa.

-        Dis-moi ce qu’il ne va pas, l’implora-t-il.

-        Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas malade. Dépêche-toi d’aller prendre ta douche, tu vas être en retard à ta séance photos.

Maxime est acteur depuis trois ans, il joue dans une série télévisée. Auparavant, il travaillait dans un bar, c’est ainsi qu’il avait rencontré Marie. Elle fréquentait ce bar avec un groupe de copines le vendredi soir. Même si Marie avait été séduite par Maxime dès qu’elle l’avait vu, ce n’était pas le cas pour Maxime. Marie n’avait pas le physique d’un top model, elle ne mesurait pas plus d’un mètre cinquante huit pour quatre-vingt cinq kilos. C’est vrai qu’à l’époque, elle pesait quelques kilos de moins mais peu d’hommes posaient les yeux sur elle. Marie avait d’autres atouts que Maxime avait appris à apprécier. Ils avaient commencé par être bons amis. Puis leur amitié s’est transformée en amour lorsque Maxime comprit qu’il ne voulait pas vivre sans avoir Marie à ses côtés, dans sa vie quotidienne.

Leur histoire était un vrai conte de fée. C’est ce que pensait Marie et quelques personnes de son entourage. Mais avec le temps, la jeune femme redoutait que le conte de fée prenne fin, que le prince quitte la grosse bête pour rejoindre la belle. Cette peur rongeait Marie et la rendait jalouse. Maxime travaillait dans un milieu où toutes les femmes étaient jolies et minces. Depuis quelques mois, elle n’était plus qu’obsédé par une seule idée : maigrir. Elle voulait perdre au moins une vingtaine de kilos, pour pouvoir entrer dans un petit trente huit. Elle voulait ressembler à ces jolies filles dans les magazines. Elles sont si parfaites. Elle voulait être parfaite.

Maxime n’arrivait pas à se concentrer sur sa séance photos. Il ne pouvait s’empêcher de penser à l’attitude étrange de Marie. Etait-elle atteinte d’une maladie grave ? N’était-elle plus amoureuse de lui ? Voulait-elle le quitter ?

-        Max, je ne sais pas où tu es mais certainement pas dans ce studio, lui dit le photographe.

Il n’était pas du tout satisfait du travail de Maxime. Les photographies ne plaisaient pas du tout au photographe qui voulut recommencer toute la séance. Sa collègue n’était pas ravie non plus de devoir tout recommencer. Dans la série Fanny jouait le rôle de sa petite amie et le public les adorés. Ils étaient le couple chouchou. Mais dans la vraie vie, ils n’étaient que des amis. C’est pour cela qu’elle essaya de comprendre ce qui perturbait Maxime.

-        Alors, Max, qu’est-ce qu’il t’arrive aujourd’hui ?

-        Rien, je m’inquiète un peu pour Marie. Mais promis, je vais me reprendre pour qu’on finisse au plus vite la séance.

-        Merci avec la préparation de mon mariage, c’est un peu la course en ce moment. Mais pourquoi tu t’inquiète pour Marie ?

-        Je ne sais pas, elle a une attitude étrange en ce moment.

-        Veux-tu venir diner demain soir ? Je pourrais avoir une discussion avec Marie entre femmes.

-        Je te remercie Fanny, je pense que c’est une bonne idée.

-        D’accord, remettons-nous au travail avant que Marc « pète un plomb ».

Marie avait acheté tous les magazines féminins qui proposaient un régime miracle. Elle en avait essayé plusieurs mais aucun ne lui avait permis d’atteindre son objectif. Marie lisait ses magazines en cachette et les rangeait dans les tiroirs de la commande. Elle en avait parlé à sa meilleure amie, Amanda, mais elle trouvait ces régimes totalement idiots et inefficaces. Marie avait décidé de ne pas prendre en compte l’opinion de son amie. Ce que désirait Marie, c’était gardé Maxime auprès d’elle pour toujours et qu’importe le prix qu’elle devrait payer pour cela. La jeune femme semblait avoir reprit confiance en elle. Quand Maxime rentra à l’appartement, Marie l’attendait en lui préparant un petit plat. Elle avait retrouvé le sourire et Maxime était soulagé.

-        Bonjour princesse, lui dit Maxime en lui déposant un baiser sur les lèvres.

-        Alors, comment s’est passé ta séance photo, lui demanda Marie.

-        Le début a été difficile mais ça s’est bien terminé, lui expliqua-t-il.

Marie ne comprenait pas ce qu’il voulait dire mais elle fit comme si. Elle ne voyait pas en quoi une séance photo pouvait être difficile. Surtout que Maxime était parfaitement à l’aise avec ce genre d’exercice.

Le couple se mit à table, voyant le peu de nourriture dans l’assiette de sa compagne, Maxime s’interrogea.

-        Ton assiette est pratiquement vide, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu n’as pas faim ce soir ou c’est autre chose ?

-        Je n’ai pas très faim et puis il faut que je fasse un peu attention à ma ligne, lui répondit-elle en essayant de plaisanter.

-        J’espère que tu auras faim demain soir parce que Fanny nous a invités à diner, lui annonça Maxime.

-        Ah, super…

Marie essaya de se montrer ravie de cette invitation mais son régime commençait mal. Fanny était l’une de ces filles qui pouvait avaler des tonnes de graisse sans prendre un seul gramme. C’est pourquoi ce diner ne l’enthousiasmait pas. Mais peut-être qu’elle arrivera à trouver une solution pour échapper à ce diner.

Au moment de se coucher, Marie n’était pas d’humeur câline contrairement à Maxime qui posa la main sur le ventre de Marie qui était allongée à côté de lui. Mais celle-ci repoussa sa main.

-        Qu’est-ce qu’il t’arrive ? s’étonna Maxime.

-        Rien, j’ai un mal de tête terrible ce soir, lui expliqua Marie.

-        C’est la première fois que tu me sors l’excuse de la migraine, lui reprocha-t-il.

-        C’est peut-être parce que c’est la vérité, répliqua la jeune femme.

Maxime n’avait aucune raison de douter de la sincérité de sa compagne.

-        Désolé ma chérie, lui dit Maxime en l’embrassant sur la joue. Repose-toi, bonne nuit.

-        Bonne nuit lui répondit-elle en se retourna de l’autre côté.

Marie s’en voulait terriblement d’avoir repoussé de cette façon son compagnon. Mais elle ne supportait plus son corps. Même de sentir les mains de Maxime sur ses formes disgracieuses (ses bourlés comme elle les appelait) la répugnait. Marie avait maintenant peur de perdre l’amour de Maxime. Elle dû faire un incroyable effort pour ne pas verser toutes les larmes de son corps. Elle eu des difficultés à trouver le sommeil et de son côté Maxime n’arrivait non plus pas à s’endormir.

Maxime avait beau réfléchir, il ne comprenait pas l’attitude de Marie depuis ces derniers jours. Pourquoi avait-elle changé d’un seul coup ? Qu’avait-il fait ou dit ce soir pour qu’elle le repousse ? Mais bien sûr comment il n’y avait pas pensé plus tôt ? Ils avaient parlé de Fanny et de son futur mariage. Depuis cinq ans qu’ils étaient ensemble, Marie et Maxime n’en avaient jamais parlé. Mais ils approchaient tous les deux de la trentaine. Marie rêvait sûrement de robe blanche et de jolis bébés comme toutes les autres femmes de son âge. Sa compagne lui en voulait sûrement de ne pas lui avoir fait sa demande en mariage plus tôt. Mais Maxime allait réparer son erreur, la Saint Valentin approchait. Demain, il ira faire le tour des bijouteries pour acheter la bague de fiançailles de Marie. Sur cette pensée, il réussit à trouver enfin le sommeil.

Marie ne trouva pas d’excuse convenable pour reculer ou annuler ce diner chez l’amie de Maxime. Le soir venu, elle fouilla dans son armoire pendant une demi-heure pour trouver la tenue qui cacherait le plus possible ses rondeurs. Mais rien ne semblait correspondre à ce qu’elle cherchait. Marie ressentit un grand désespoir qui l’envahit. Elle entendit une petite voix qui prononça le mot suicide. Son sang se glaça. Non ! Elle ne pouvait pas penser à faire ce geste. Elle devait se battre pour l’amour de Maxime.

-        Allez courage, se dit-elle. Tu vas bien trouver une solution.

Marie sortit de son armoire un chemisier rose clair et un pantalon de toile noir. Voilà, c’est simple, avec une pointe d’élégance et assez large pour cacher ses formes qu’elle détestait tant. Marie entendit la porte d’entrée de l’appartement s’ouvrir et se refermer. La jeune femme se trouvait dans la chambre et Maxime se dirigeait vers la salle de bain.

-        Marie, c’est moi ! Je vais faire ma douche. Je n’en ai pas pour longtemps, lui dit-il de la salle de bain.

Elle ne répondit pas parce qu’elle était concentrée sur son maquillage. Un peu de fond de teint pour avoir bonne mine, un soupçon de fard à paupières et un trait de crayon pour illuminer son regard et une touche de rouge à lèvres pour une touche de sensualité.

Maxime revint de la salle de bains, un drap de bain autour de sa taille. Même après ces années de vie commune, Marie fut troublée par son magnétisme, sa beauté naturelle. La jeune femme frissonna, au plus profond d’elle-même, elle désirait Maxime. Indéniablement elle aimait sont corps si bien dessiné, ses bras musclés dans lesquels elle aimait se réfugier. Et son torse si bien sculpté contre lequel elle aime poser sa tête et entendre le cœur de son amoureux battre pour elle. Mais son propre corps rebutait tellement Marie qu’elle se retint d’assouvir son désir. Maxime ne vit pas l’hésitation de sa compagne parce que lui aussi essayait de contenir ses pulsions. Il ne se doutait absolument pas que sa beauté qui subjuguait Marie la rendait aussi triste parce qu’à côté de lui, elle se sentait si insignifiante.

Le couple enfin prêt se mit en chemin. Durant le trajet, ils ne parlèrent pas beaucoup ou n’échangèrent que quelques banalités. Arrivés chez leurs amis le dîner se déroula normalement, les futurs mariés s’extasiaient sur tous les préparatifs du mariage. Marie avait hâte que ce repas se termine et qu’ils rentrent enfin chez eux. Le dîner terminé, Marie aida Fanny à débarrasser et à faire la vaisselle. Fanny choisit ce moment entre filles pour questionner Marie comme elle l’avait promis à Maxime.

-        Tu n’as pas beaucoup d’appétit Marie, ou tu n’aimais pas ce que j’ai préparé, la questionna-t-elle.

-        Oh si, c’était très bon, la rassura-t-elle.

-        Alors pourquoi tu n’as presque touché à ton assiette, insista-t-elle.

Peut-être parce que l’ambiance y était propice, Marie décida de lui révéler son projet.

-        En faites, je fais un petit régime, lui expliqua-t-elle.

-        D’accord mais tu ne devrais pas te priver d’une nourriture saine. C’est peut-être difficile à croire mais moi aussi j’ai eu des problèmes de poids. Mes parents m’ont emmenée voir un nutritionniste. Il m’a beaucoup aidé, je vais te donner sa carte, si tu veux.

-        D’accord, je te remercie, lui dit Marie pour être polie mais en faite dans sa tête ce qu’elle se disait, c’est « occupe –toi de tes affaires, je sais très bien ce que je fais ».

Marie n’appréciait pas qu’une personne qu’elle connaissait à peine vienne lui dire ce qu’elle devait faire pour résoudre ses problèmes. De plus, elle ne voyait pas très bien en quoi ce médecin allait pouvoir l’aider. Elle voulait juste un petit soutien pour l’aider à résister à ses petites faiblesses. La jeune femme achètera dès demain un stock de coupe faim. A cette idée, elle se sentit un peu soulagée. Juste avant que Marie et Maxime prennent congé, Fanny donna à Marie la carte du nutritionniste. Marie la rangea dans son sac à main en espérant que Maxime n’est rien vu et qu’il ne lui poserait aucune question.

Maxime allait se rendre quelques jours dans le Sud de la France pour le tournage d’un épisode. Il était un peu anxieux de laisser Marie, seule, même si pourtant ce n’était pas la première fois. Le jeune homme espérait qu’à son retour, la bague qu’il avait commandée serait prête.

A chaque fois que son compagnon partait en déplacement pour un tournage, Marie était souvent d’humeur mélancolique. Mais cette fois-ci, elle espérait pouvoir lui dire fièrement à son retour qu’elle avait perdu quelques kilos. Après son travail, Marie, se rendit dans son supermarché habituel pour y faire quelques courses. Elle conduisait son caddie à travers les rayons du magasin quand elle s’arrêta dans le rayon « parapharmacie ». C’est là qu’elle pu trouver toutes sortes de coupe faim et autres substituts alimentaires. Ne connaissant ni l’efficacité de ces produits ni n’osant demander de renseignements à l’hôtesse du rayon, elle prit au hasard différents produits de différentes marques. Une fois terminé, elle se rendit à la caisse pour régler ses achats. Marie avait la désagréable sensation que la caissière l’observait et la jugeait. Elle préféra l’ignorer et faire comme si de rien n’était. Une fois rentrée chez elle, la jeune femme trouvait l’appartement si vide. Marie se souvint du jour où elle l’avait visité avec Maxime. Ils avaient tous les deux su en même temps que cet appartement serait parfait pour eux. Marie pensait que c’était la belle époque. Son bonheur à ce moment-là était sans nuage. Cela lui semblait si loin à présent.

Pour le dîner, elle décida de prendre un comprimé et de se préparer une de ces soupes qu’elle avait achetées. Son repas fut vite terminé et s’installa confortablement dans son fauteuil pour regarder la télévision. Le téléphone sonna, elle attendit quelques sonneries pour décrocher. Marie vit « Maxime » sur le petit écran du combiné.

-        Allô, dit Marie avec une petite voix.

-        Salut chérie, c’est moi. Ça va ? Qu’est-ce que tu étais entrain de faire ? lui demanda Maxime.

-        Oh, rien de spécial et toi ça se passe bien le tournage ? lui demanda à son tour Marie.

-        Oui, super. Il fait un temps super doux pour la saison et les paysages sont sublimes. Il faudra qu’un jour, on y vienne pour les vacances.

-        Oui, pourquoi pas, lui dit Marie pas réellement convaincu.

-        Je vais te laisser parce que je n’ai pas dîner. On va aller au resto avec l’équipe. Je te rappelle demain soir, d’accord ? lui proposa Maxime.

-        OK, bonne soirée et à demain, lui dit Marie.

-        Je t’aime, lui dit Maxime.

-        Je t’aime aussi, lui dit Marie juste avant d’entendre le déclic signalant que Maxime avait raccroché.

Marie reposa le téléphone. Elle se sentit si vide et elle ne voyait qu’une seule façon de combler ce vide. C’est comme si le réfrigérateur l’appelait : Marie vient, je peux t’aider. A présent son estomac s’y mettait aussi : mais oui, écoute-le, il a raison. De là où elle était assisse, elle avait une vue imprenable sur la cuisine ouverte. La lumière reflétait étrangement sur le blanc de l’appareil réfrigérant. Elle finit par céder, son corps la conduisit directement à la cuisine. Elle posa sa main sur la poignée du réfrigérateur et tira, la porte s’ouvrit et la lumière jaillit. Que de trésors découverts, au début Marie voulut être raisonnable. Elle ne prit que quelques fruits et yaourts mais très vite, elle se sentit insatisfaite. La jeune femme décida de fouiller dans les placards à la recherche de quelque chose qui pourrait remplir le vide qui s’était installé en elle. Marie finit par trouver un paquet de biscuits au chocolat qu’elle dévora en regardant la télévision. Et sans s’en rendre compte, elle mangea le paquet en entier. Lorsqu’elle découvrit ce qu’elle avait fait, Marie se sentit honteuse. Quel gâchis ! Où donc était passé ses bonnes résolutions. Dégouttée d’elle-même et de ce qu’elle venait de faire, elle décida d’aller se coucher. Au moins là, elle n’aurait plus la vision de son échec.

Mais là encore, Marie se rendit compte que Maxime lui manquait encore plus. L’absence de son corps près du sien dans leur lit, lui arracha des larmes. Marie en regardant la place vide à côté d’elle, posa sa main où son compagnon aurait dû être. Elle prit l’oreiller pour le rapprocher un plus près d’elle, essayant ainsi de leurrer l’absence de Maxime.

Le lendemain matin, Marie eu le réveil difficile car son sommeil fut agité, remplit de cauchemar. C’était toujours le même. Maxime était entouré de pleins de belles jeunes femmes. Marie essaye de s’approcher de son amoureux mais toutes ces femmes l’en empêche alors elle essaye de l’appeler. Alors il la remarque enfin, il lui sourit mais là tout bascule. Maxime prend dans ses bras la jeune femme se tenant près de lui et il l’embrasse. Marie reste abasourdie par ce qu’elle voit, elle est comme paralysée. Elle refait surface quand il lui fit signe mais cette fois-ci c’est un signe d’au revoir. C’est alors qu’elle se réveille en sursaut et se met à pleurer.

« Non, cela ne se passera pas comme ça », se dit Marie en prenant son petit déjeuner. Elle était bien décidé cette fois, plus question de craquer. « J’aime Maxime, je ferais tout ce qu’il faut pour le garder », se dit-elle à voix haute. Pour son déjeuner, elle s’était préparé une de ces soupes qu’elle mangea seul dans son bureau. Mais elle ne laissait rien paraitre. Elle effectuait son travail et discutait avec ses collègues comme si de rien n’était. Le soir idem, elle se prépara sa petite soupe qu’elle savourait quand le téléphone se mit à sonner. Elle savait avant même de décrocher qui se trouvait à l’autre bout de fil.

-        Allô, dit Marie.

-        Bonsoir ma douce, lui dit une voix masculine.

Qu’est-ce qu’elle aimait entendre le son de cette voix. Et elle avait peur de plus jamais l’entendre.

-        Bonsoir chéri, ça va ?

-        Oui, super. Je vais rentrer après demain dans l’après-midi. J’aimerai qu’on aille diner à l’extérieur. Tu peux réserver dans ton restaurant préféré, lui proposa-t-il.

-        OK mais pour quel occasion veux-tu aller diner au restaurant ? lui demanda Marie un peu surprise.

-        Pour rien de spécial mais j’ai quelque chose d’important à te dire, lui répondit Maxime.

-        Bien, si c’est important. Je t’aime Max.

-        Je t’aime aussi Marie.

Ils raccrochèrent tous les deux en même temps.

Maxime était satisfait, son plan fonctionnait comme sur des roulettes. La bijouterie l’avait appelé la bague qu’il avait commandé serait prête demain. Le timing était parfait, il lui ferait sa demande au restaurant.

Marie était inquiète, qu’avait-il à lui dire de si important ? Ce n’était pas son anniversaire. Est-ce qu’on emmène sa petite amie au restaurant quand on veut rompre avec elle ? Peut-être s’il veut se séparer d’elle en douceur, lui annoncer la nouvelle sans lui faire de peine. La jeune femme se mit à faire les cent pas dans l’appartement. Elle ne savait plus quoi faire, peut-être qu’elle s’inquiétait pour rien. Il ne veut peut-être seulement lui parler de son travail. Il allait sûrement lui annoncer qu’il avait enfin obtenu un rôle dans un film. Oh bon sang, elle sentait la migraine arriver. Marie prit un comprimé avant que son mal de tête devienne trop intense.

La jeune femme décida de regarder la télévision avant d’aller se coucher. Demain, elle aura toute la journée pour trouver une solution à cette situation.

Au petit matin, avant de prendre son petit déjeuner, Marie monta sur la balance. Verdict : elle avait réussit à perdre un petit kilo. Ce qui expliquait pourquoi elle se sentait un peu moins serré dans ses pantalons. Mais un petit kilo ce n’était pas suffisant et c’était ce soir qu’elle dinait au restaurant avec Maxime. Elle avait l’impression que le piège se refermait sur elle. Comment résister aux délicieux plats préparés par son restaurant préféré. Elle devra trouver un moyen de résister.

Toute la journée, ce diner au restaurant resta présent dans son coin de sa tête. Maxime lui avait laissé un message, elle devait le retrouver au restaurant à dix-neuf heures trente. Après son travail, elle fila directement à son appartement pour se changer et prendre une douche.

Maxime était arrivé un peu en avance, assis à la table qu’il avait réservée, il essayait de se détendre. Il vérifia pour la énième fois si la bague se trouvait bien dans la poche de sa veste.

Enfin Marie fit son entrée dans le restaurant, elle avait un petit quart d’heure de retard. Maxime se leva pour l’accueillir quand elle s’approcha de la table, il lui tira la chaise pour qu’elle puisse s’assoir. Ensuite il déposa un doux baiser sur ses lèvres puis il se rassit.

-        Désolé pour le retard, il y avait des embouteillages et je ne trouvais pas de place pour garer la voiture. Tu as commandé ? lui demanda Marie.

-        Non, je ne meurs pas de faim à ce point. J’avais plutôt hâte de te voir. Tu m’as manqué, lui avoua Maxime en posant sa main sur celle de sa compagne.

Marie eu presque envie de pleurer, elle s’était imaginée tellement de choses depuis son appel téléphonique.

-        Moi aussi, tu m’as manqué, lui dit Marie en souriant.

Ils décidèrent de passer commande. Marie avait déjà mangé une petite soupe donc elle ne commanda qu’une salade. Maxime ne fit pas attention car lui aussi ne commanda qu’une salade parce qu’il avait un nœud à l’estomac. Les amoureux n’échangèrent que peu de mots. Maxime raconta tout de même comment s’était passé son séjour dans le Sud et promis à Marie de l’y emmener en vacances. Après le dessert, Maxime ne pouvait plus attendre plus longtemps, il était temps de faire sa demande.

-        Ces derniers temps, j’ai repensé à l’époque où je travaillais au bar. Je me souviens quand tu m’aidais à répéter mes textes pour les castings. Tu as toujours été la première à m’encourager, commença-t-il.

-        Pourquoi tu es si mélancolique ? lui demanda Marie.

-        Parce que j’ai quelque chose d’important à te demander.

Marie sentait son cœur battre de plus en plus fort dans sa poitrine pendant que Maxime sortit de sa poche la petite boite noire. Il l’ouvrit et Marie sentit son cœur se serrer, elle retint sa respiration.

-        Veux-tu m’épouser ?

Le premier mot qui lui vint à l’esprit fut « oui », bien sûr, mais ce mot ne sortit pas. Une image s’imposa alors à elle. Marie se vit saucissonnée dans une robe blanche dont les coutures étaient prêtes à craquer. Non, cette image ne lui plaisait pas du tout.

-        Non, je ne veux pas.

-        Pourquoi ? demanda Maxime totalement surpris par la réponse de Marie.

-        Euh, je…

-        Tu veux rompre. C’est ça qui te rends si distante ces dernier temps ?

Marie vit dans les yeux de Maxime la déception puis le chagrin. Il l’aimait toujours maintenant, elle pouvait en être sûre. Le problème ne venait seulement d’elle. C’est elle qui ne s’aimait plus telle qu’elle était. Maxime avait refermé la petite boite et s’apprêtait à la remettre dans la poche de sa veste.

-        Attend Max, tu te trompes. Je t’aime bien plus que tu ne peux l’imaginer. Mais je ne suis pas prête pour le mariage. Laisse-moi juste un peu de temps.

Maxime ne comprenait pas la réaction de Marie. Il n’était pas fou, il avait bien vu ses yeux brillés quand elle avait vu la bague. Alors pourquoi cette attente ? Mais si c’était ce qu’elle désirait.

-        Bien sûr, rien ne nous oblige à nous marier demain, lui répondit-il.

-        Merci Max. je te promets que quand je serai prête, tu le sauras.

Il était devenu vital maintenant pour Marie de perdre ses kilos qui lui gâchaient la vie. Elle décida de passer à la vitesse supérieure. Elle supprima de son alimentation tout ce sui lui semblait trop gras et trop sucré. Elle augmenta la prise des coupe-faim et se dit qu’un peu d’exercices physiques devrait l’aider à éliminer le superflu.

Le bilan des premiers efforts lui parut satisfaisant : deux kilos perdus et la sensation d’être plus légère. Marie n’avait aucune conscience du mal qu’elle infligeait à son organisme. Elle s’en fichait parce que ce corps, elle ne l’aimait pas pire elle le considérait comme un traite.

Marie était à nouveau pleine d’espoir et son esprit bouillonnait d’idées. Elle se disait que si elle gardait se rythme, elle pourrait rentrer dans une taille trente-huit, peut-être dans une taille trente-six. Il faut plusieurs mois pour préparer un mariage. Elle se décida à réserver une table pour deux au restaurant où l’avait emmené Maxime et là elle lui demandera de lui reposer la question et bien sûr elle dira « oui ».

Maxime n’en voulait pas à Marie d’avoir refusé sa demande. Peut-être que lui non plus n’était pas prêt pour le mariage. Mais une chose préoccupait Marie, ça il en était certain.

Il fut surpris quand elle lui annonça qu’elle voulait dîner en amoureux dans le même restaurant où il lui avait fait sa demande. Cela n’avait aucun sens. Les femmes sont un mystère pour l’homme. Mais pourtant Maxime pensait connaître parfaitement Marie. Apparemment, il se trompait.

Marie se dépêcha de rentrer à l’appartement après son travail. Comme elle en avait pris l’habitude, Marie prit les escaliers au lieu de l’ascenseur. Elle les gravit presque en courant mais après avoir atteint le deuxième étage, Marie ralentit un peu essoufflée. Elle posa sa main sur la rampe afin de s’aider. Sur le pallier du troisième étage, ses jambes semblaient ne plus vouloir la porter, elle s’écroula doucement. Un homme qui sortait de son appartement vint à son aide.

-        Vous allez bien ? lui demanda-t-il.

-        Oui, je vous remercie. J’ai bêtement trébuchée, lui expliqua Marie.

L’homme apparemment avala son mensonge et l’aida à se relever. Ses jambes la soutenaient à peine mais Marie réussit à monter le dernier étage qui la menait à son appartement. Marie se dirigea dans sa cuisine, se servit un verre d’eau et s’assit sur la chaise qui se présentait devant elle. La jeune femme resta assise quelques minutes pour reprendre ses esprits. Il lui restait une bonne demi-heure pour se préparer. Maxime allait bientôt rentrer et ils partiront ensemble au restaurant. Et quand ils reviendront, Marie aurait sa belle bague au doigt. Cette pensée fit sourire Marie et lui redonna l’énergie nécessaire pour se préparer à cet événement.

L’instant semblait magique, Marie était sur un petit nuage. Le repas était délicieux bien que peu copieux pour Marie, les bougies posées sur la table accentuaient le côté romantique. Tout se passait comme Marie l’avait prévu dans quelques secondes, Maxime allait sortir la bague et lui faire sa demande.

-        Alors, mademoiselle, voulez-vous m’épousez ? demanda Maxime avec un petit sourire.

Marie le regardait dans les yeux, le bonheur qu’elle ressentait l’étourdissait. Marie avait l’impression que la pièce tournait autour d’elle.

-        Euh, je…

Marie n’arrivait pas à rassembler ses esprits. Son « oui » semblait ne pas vouloir franchir le seuil de ses lèvres. Elle réussit à chuchoter un « oui » mais elle ne fut pas sûre que son compagnon l’ait entendu. La dernière chose qu’elle vit, c’est le visage inquiet de Maxime, puis il y eu comme un voile et enfin ce fut le trou noir.

Lorsque la jeune femme ouvrit les yeux, Marie se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Elle était allongée dans un lit mais ce n’était pas le sien, ce n’était pas sa chambre non plus. Pourtant, elle entendait des voix qui lui étaient familières.

-        Maman ? Deb ? demanda Marie qui avait reconnu sa mère et sa sœur.

-        Comment tu te sens ma chérie ? lui demanda sa mère.

-        Salut petite sœur, lui dit Déborah.

-        Qu’est-ce qui c’est passé ? Qu’est-ce que vous faites ici ? les questionna-t-elle.

-        Doucement Marie, lui dit sa mère. Tu ne te souviens pas de ce qui c’est passé au restaurant ? lui demanda-t-elle.

Celle-ci échangea un regard d’inquiétude avec Déborah.

-        Je dinais avec Maxime et …Max m’a demandé en mariage !

Marie regarda sa main droite mais il n’y avait aucune bague. En revanche, elle était perfusée, la mémoire lui revint alors peu à peu.

-        J’ai fait un malaise, c’est ça ? Mais j’ai dit « oui », Max a entendu ?

Marie devenu de plus en plus nerveuse, se sentait contrarié que son plan n’ait pas fonctionné comme elle l’avait souhaité.

-        Calme-toi ma puce, lui dit sa mère. Est-ce que tu sais pourquoi tu as fait un malaise ?

-        Non, je suis en pleine forme. Je ne comprends pas, lui répondit Marie.

De chaque côté de son lit, sa mère et sa sœur échangèrent un regard que Marie n’arrivait pas à déchiffrer.

-        Quoi ? Qu’est-ce que vous cherchez à me cacher ? Vous me faites peur toutes les deux.

-        Ce serait plutôt à nous de te demander ce que tu nous caches, lui répondit sa sœur.

-        Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu voulais perdre du poids ? On aurait pu t’aider Marie, lui dit tendrement sa mère.

-        Maman, je suis assez grande pour me débrouiller toute seule. Je voulais perdre un peu de poids, je n’allais pas t’appeler à l’aide pour ça.

-        Justement, tu aurais peut-être dû. Tu ne te rends pas compte que tu as joué avec ta santé.

La mère de Marie s’efforçait de ne pas s’énerver contre sa fille qui avait joué avec le feu.

-        Je voulais perdre du poids, je ne vois pas ce que j’ai fais de mal. Où est Maxime ? Je suis adulte, ni toi ni Déb n’avaient le droit de venir me faire la morale pendant que je suis sur un lit d’hôpital. Je voudrais parler à Maxime, tu peux lui dire d’entrer, s’il te plait.

Marie était réellement en colère contre sa mère et sa sœur et n’appréciait pas qu’elles s’immiscent dans sa vie privée. Mais maintenant, ce qu’elle désirait le plus c’était de pouvoir expliquer à Maxime qu’elle voulait l’épouser. Oui, elle avait bien l’intention de devenir sa femme.

La mère de Marie n’avait pas l’intention de baisser les bras, il fallait que Marie ouvre les yeux et qu’elle se rende compte que ce qu’elle avait fait était dangereux pour sa santé.

-        Maxime a préféré que moi et ta soeur, nous te parlions. Il avait un peu peur d’être dépassé.

Elle marqua une pause pour être sûr que sa fille assimile bien l’information.

-        Max a trouvé tes pilules miracles.

-        Quelles…ah oui… mais ce n’est rien. Je ne suis pas une droguée. C’était juste pour m’aider, voulut expliquer Marie mais tout à coup son explication sonnait faux.

-        Marie, il na faut plus que tu prennes tous ces produits. Ils sont dangereux pour ta santé. Ecoute ma chérie, je sais que tu es majeure et que tu n’es pas complètement stupide alors je t’en prie, si tu veux réellement maigrir va voir un médecin qui pourra t’aider.

Ces mots firent leur chemin dans la tête de Marie qui prenait conscience de son erreur.

-        Arrête de jouer avec ta vie. Tu as décidé de faire un régime, c’est super. Mais ne le fais pas n’importe comment. Pense à ceux qui tiennent à toi.

Déborah n’avait pas pour habitude de dire à sa sœur qu’elle l’aimait. Marie fut donc touchée par ces mots.

-        D’accord, j’admets que je n’ai pas choisi la bonne solution. Promis, je ne toucherai plus à ces produits, répondit Marie en levant la main droite.

-        Bien, je crois qu’on va laisser la place à une personne qui attend dans le couloir et qui doit s’impatienter.

Marie ne put s’empêcher de sourire à la pensée que son amoureux se trouvait derrière la porte. Déborah embrassa sa sœur sur la joue et quitta la chambre. A son tour, Maxime entra dans la pièce.

-        Bon, je vais te laisser, dit sa mère à Marie en l’embrassant sur le front.

Maxime attendit que sa future belle-mère fût sortie de la chambre pour parler.

-        Comment tu te sens ? demanda-t-il.

-        Et bien, physiquement ça va mais je me sens un peu ridicule, lui répondit Marie.

-        Pourquoi ? s’étonna Maxime.

-        Je ne sais pas, répondit Marie en haussant les épaules. Je ne voulais pas que tu le saches. J’avais un peu honte. Tu fréquentes tous les jours des femmes minces et belles. J’avais l’impression de faire tâche à côté de toi.

-        Mais je ne vois ces femmes seulement dans le cadre de mon travail et celles que je vois en dehors ne sont que des amies.

-        Oui bien sûr, je le sais mais tu as aussi beaucoup de fans féminines et maintenant que tu es aussi quelqu’un de reconnu. Je ne veux pas non plus être un frein à ta carrière. Je ne veux pas lire dans les journaux en légende d’une photo « le beau et la grosse bête »…

-        Arrête, Marie. Je ne te laisserai pas divaguer de cette façon. Ton raisonnement est absurde. Marie regarde-moi, lui ordonna Maxime.

Elle regarda alors Maxime dans les yeux, c’est à ce moment-là qu’il prononça ces mots :

-        Je t’aime Marie. Je veux que tu deviennes ma femme, je veux fonder une famille avec toi. La femme de ma vie, c’est toi et pas une autre.

Marie ne put détacher son regard de celui de Maxime. Elle sentit les larmes monter, c’était la plus belle déclaration d’amour qu’on lui avait faite, la seule d’ailleurs.

-        Je te crois. Excuse-moi d’avoir douté de tes sentiments. Je vais régler ce problème de poids et on organise notre mariage pour l’année prochaine, proposa Marie.

-        C’est une excellente idée, conclut Maxime.

Il embrassa sa future femme et enfin depuis plusieurs semaines, elle l’apprécia à sa juste valeur.

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