Le Blaireau
aude-castell
J'ai rencontré ce soir
En passant par le bois
Monseigneur Le Blaireau
Rentrant à son château.
Il trottinait, l'air serein,
Sous le ciel un peu déteint
D'un crépuscule d'été
A la lune voilée.
Sa cape grise ondulait
Sour son dos plus que replet.
Chemin faisant, il trottinait
Tel un ourson se dandinait.
Il me salua au passage,
D'un grognement peu loquace.
Et sans gêne aucune,
Repartit sous la lune.
Il avancait à petits pas,
Furetant çà et là,
Sur ses pattes courtaudes
Tel un tirelaine en maraude.
Sa tête blanche allongée,
S'ornait de chaque côté
D'un bandeau noir entourant
De petites oreilles à bout blanc.
Il trottinait. Je le suivais bien sage,
Tout en songeant à ce mirage,
D'un Kalahari rouge et lointain
Où vit l'Orix, masque africain.
De tems en temps, il s'arrêtait.
Le sol, à griffes puissantes creusait.
Sous les cailloux, faisait bombance
De quelques lombrics pour pitance.
Devinait-il ma présence ?
Car je manquais de bienséance,
En épiant à la sauvette,
Ce tranquille Hobereau en goguette !
Bientôt, je vis sa noble forteresse.
A flanc de coteau elle se dresse,
De part en part, de larges trous béants,
Baillaient sur de sombres néants.
A l'entrée d'un puyits, le Maître de céans
Se retournant vers moi et me saluant
Disparut, happé par les ténèbres
Où l'attendait déjà sa famille et ses frères
Là, parmi les membres de son clan,
Il vivait. Grand Seigneur, partageant
Galeries, comme aux temps féodaux.
Renards, Putois étaient ses commensaux.
Et je quittais ces lieux, non sans émotion,
Songeant à toutes ces générations
Quyi ont donné, avec cette forteresse,
A Monseigneur ses lettres de noblesse.
Janvier 1997
Joli, frais et bien agréable à lire ! merci !
· Il y a environ 13 ans ·Edwige Devillebichot