Le blues des vendeurs de merguez

Les premières fumées visibles ne sont pas celles des fumigènes, mais des merguez. Kebabs et grilladins d'un jour ont poussé jusque-là leur caddie bringuebalant, transformé pour l'occasion en barbecue ambulant. Les manifestants commencent à affluer, en ordre encore dispersé. Entre deux canouns, ils terminent de se grimer et placardent un ou deux autocollants supplémentaires à leur tenue de circonstance. Les keffiehs sont légions. Une brochette pour la route, une bière dans l'autre main, parce que protester, ça donne soif, les voilà qui finissent par se mettre en ordre de marche. Les premiers slogans fusent. Dans un joyeux tintamarre, le cortège s'ébranle et s'éloigne, tandis que les caddies, débordants de merguez encore fumantes, restent sur le carreau.