Le bruit du silence

    Le bruit du silence. Calme, plat.  Plus rien. Un trou noir qu'on tentera de reboucher au ciment. Des mots qui s'enchainent sans pour autant être liés. Des colères et des haines qui naissent sans pour autant qu'on sache les exprimer.

    Le bruit du silence. Deux doigts posés, sur chacune de mes tempes. Le calme plat, avant la tempête.  Un mirage de bonheur, un volcan se préparant secrètement au réveil. Une respiration lente, douce, et apaisante. Et de nouveau des bruits.

    Des bruits qui hantent et qui tourmentent. Des paroles, des mots qui s'allient enfin, à d'autres. Je mets ton nom sur ma colère. Je mets tes mots sur ma haine. Et rien ne se taira jamais, en moi. Les voix me poussent à te faire taire, et puis plus rien. Un silence assourdissant, étourdissant, et je tombe. Le silence. Le vide. Le néant.

    Alors, quand j'ouvre les yeux, presque aveuglée par la lumière du néon qui clignote avec irrégularité au dessus de moi,  je comprends que le bruit n'est rien, face au silence. Mes oreilles bourdonnent et tourbillonnent encore. Et c'est mieux que rien. Une mélodie s'ajoutant aux bruits de la lumière jaunâtre. Plus ma respiration. Plus ta voix que j'entends intérieurement : "Je te ferais la peau. L'amour et les excès de colère."

    Ton visage apparait soudainement au dessus du mien. Aucun de mes membres ne bouge. De nouveau le calme avant la tempête. Un vent glacial, gelant sur son passage, tout ce qui s'y trouve. Une vague rêvant de ravager la terre. Et pourtant, dans le silence, il y a encore cette voix qui me dit avec rage "Embrasse-le, puisque tu l'aimes".