Le calvaire des soirées... parisiennes !
nicolasp
Faire la fête à Paris, et même faire la fête tout court, a toujours relevé du défi. Que vous soyez Parisien ou de passage, passé minuit, on ne sait plus où aller. Les bars ferment, les voisins appellent les flics, les rues sont vides. L’ultime alternative reste donc la boite de nuit. Cet endroit qui fait tant rêver tant qu’on n’y va pas, qui satisfait votre envie de faire la fête et de vous mettre minable. Pourtant, ami de province ou de l’étranger, voilà pourquoi il vaut mieux que vous ne mettiez jamais les pieds dans une boîte à Paris. Parce qu’aller en boîte à Paris, ça ressemble à peu près à votre soirée habituelle, mais en moins bien :
00h05 : Vous êtes un leader ! Vous êtes au before chez la bonne âme de l’équipe, complètement bourrés, et vous dites à tout le monde qu’on va bouger dans cinq minutes parce qu’après il n’y a plus de métro. Vous avez appelé vos potes qui vous retrouvent devant la boîte, tout est hyper organisé. Dans cinq minutes vous êtes partis, dans 20 minutes vous êtes en boîte. En plus vous connaissez le videur donc tout va bien.
00h50 : Il fait froid ! Vous avez évidemment loupé le dernier métro à cause du dernier verre et de la dernière clope des trois relou bourrés qui ont passé de la musique de merde pendant tout le before. Vous vous retrouvez à marcher le long du trottoir en attendant trois taxis parce qu’un de vos potes a eu la bonne idée de venir avec Lionel son ami de Bretagne, donc maintenant vous êtes 7 et les taxis refusent que vous montiez à l’avant même si ya jamais personne.
01h10 : Personne ne connaît l’adresse ! Vous êtes évidemment tombés sur le seul taxi qui ne connaissait pas cette boite, oh sacrilège ! Qui constitue pourtant le temple de l’amusement Parisien ! Vous appelez alors 15 fois votre copine dans le taxi devant qui, elle, a eu la bonne idée de noter l’adresse mais qui est déjà partie et qui a mit son téléphone tout au fond d’un sac à main aussi grand qu’un sac Carrefour.
01h25 : Il fait toujours froid ! Une fois arrivés comme des princes déposés en taxi devant l’entrée de la boîte, avoir laissé tourner le compteur à l’arrêt le temps qu’un des trois se décide à aller tirer de l’argent, vous vous rendez compte que vous n’êtes pas le seul à connaître le nom du videur et vous revenez sur vos pas pour vous mettre bien gentiment dans la queue. Là vous vous faites accoster, enfin les filles se font accoster, par les mecs bourrés devant et derrière dans la file d’attente. Sûrs d'eux, ils comptent sur le charme de leur bouteille en plastique défoncée remplie de Vodka premier prix/Orange premier prix, qu’ils se font passer de main en main et de bouche en bouche pour les séduire. Vous vous allumez une clope, oubliant une seconde que c’est le meilleur moyen de vous en faire gratter quinze en deux minutes. « T’as pas une clope stp ? », « Allez stp je te la rends à l’intérieur ! » « Elles sont au fond de mon sac », « Elles sont dans mon manteau mais c’est Elodie qui l’a », sont des phrases qui tournent en boucle autour de vous le temps qu’elle se consume.
01h35 : Vous êtes du bétail ! Vous vous compressez le plus possible les uns contre les autres pour pouvoir rentrer, comme un troupeau de moutons et le videur, oh berger respecté dans ces moments là, orchestre le passage de la barrière. Pourtant, moutons avec le videur, vous n’en êtes pas pour autant des serpents entre vous, à vous pousser, vous faufiler, à envoyer vos copines jolies faire du charme.
02h05 : La soirée peut enfin commencer ! Ah non en fait ! ça fait une heure que vous attendez dans le froid à faire bloc avec une centaine d’âmes en mal de fête et une fois rentrés vous vous heurtez à l’étape la plus frustrante : le vestiaire ! Une fois la porte passée, vous perdez toute illusion de fête quand vous voyez cette deuxième queue, au moins aussi grande que la première, qui vous sépare de la piste. Alors vous recommencez, mais cette fois-ci vous poussez ces connards qui vous saoulent depuis une heure déjà à gueuler comme des porcs « Allez là !! » ou à chanter leur chant d’école ou de club de rugby comme des débiles.
02h30 : Enfin la soirée peut commencer ! Ca dépend pour qui, si vous êtes impatient de danser au point de vous jeter sur la piste une fois descendu alors votre soirée a commencée, mais pour la plupart on descendra timidement, et on ira se chercher un verre en le buvant debout sans rien dire à trois ou quatre. Les plus riches (ou les plus malins) prendront une table et resteront alors assis 20 minutes de plus comme des cons à attendre que leur bouteille arrive, et afficheront toujours ce même sourire gêné quand la bouteille arrivera avec sa bougie de paillettes et que les trois pecnos autour se retourneront attiré par la lumière. Tout ça parce que la boite veut vous faire passer pour un V.I.P. Dans ces moment là vous espérez surtout que les 20 personnes que vous connaissez de vue dans la boite vous ont pas grillées pour rappliquer dans 30 secondes et vous taxer des verres.
02h55 : Vous vous frottez à tout et n’importe quoi ! Requinqué par ce verre ou cette bouteille finis le plus vite possible de peur qu’on vous en pique vous vous dirigez vers la piste. Je dis bien « dirigez » car cette entreprise vous prend au minimum dix minutes, le chemin pour y accéder est noir de monde. Vous êtes bourrés, eux aussi donc chacun décide qu’il passera avant tout le monde et avance d’un pas décidé en titubant sur ceux qu’il croise. Quand un garçon parle à une fille ça fait embouteillage, quand son copain arrive ça fait carambolage et quand le videur arrive ça fait siège éjectable. Vous, vous essayez d’accéder à la piste en regardant vos amis s’en aller au loin parce que eux ont réussi à passer et ils n’ont pas vérifié si vous suiviez.
02h57 : Vous vous frottez encore ! Arrivé sur la piste vous commencez à danser, puis très vite vous trouvez que tout seul c’est pas très cool et on passe un peu pour un con alors vous vous mettez en recherche de vos amis. Vous traversez la piste en long en large en travers pour finalement retrouver une amie qui les a perdu aussi. Vous dansez avec elle. C’est généralement à ce moment là qu’elle tombe sur le mec de sa fac trop beau qui vient lui dire bonjour. Regard de charmeur, mais posée de manière flegmatique sur les hanches (de votre copine), un bisou sur la joue et le regard qui cherche désespérément quelque chose au dessus de la foule dès qu’il parle. Là elle vous tourne le dos, lui ne vous a même pas vu, et vous avez l’air d’un con.
03h05 : Ca coûte une fortune ! Vous vous étiez promis de ne pas dépenser ce soir. Pourtant là, tout seul à chercher des potes disparus, à regarder votre amie qui fait mine de ne plus savoir marcher avec ses talons pour se rattraper sur Diego ou Edouardo (une chose est sûre son nom finit en O et il a des origines hispano-latines). Eh oui, là tout seul, et malgré le taxi d’aller, l’entrée de la boite, le vestiaire, la bouteille à plusieurs et votre fortune aussi légère que la robe de votre amie en hiver (oui oui toujours la même, elle nous a abandonné, on lui en veut), vous décidez d’aller prendre un verre.
03h07 : Vous êtes un barbare ! Par contre pas question de redevenir du bétail dans cette masse de gens devant le comptoir. Vous êtes un king, personne ne vous arrête, vous en avez marre et vous avez soif. Le problème c’est que tout le monde se dit ça, alors vous êtes tout d’un coup 30 barbares à vous pousser les uns les autres pour atteindre le Saint Graal qu’est le comptoir. Une lutte acharnée s’entreprend, pleine de coups bas et de croche-pieds, où les plus vicieux sont les couples (déjà formés ou en devenir) où le mec veut faire le beau, et la fille veut que son mec y arrive.
03h12 : Vous devenez romantique ! Tel un poète ou un amoureux timide vous fixez avec passion la serveuse (et même parfois le serveur) attendant en languissant que son regard se pose sur vous. Vous lui faite des signes qu’elle ne voit pas mais vous continuez, comme un amoureux transit que rien n’arrête. Son regard devient votre unique priorité, qu’elle vous voit et vienne vers vous, seul cela vous importe !
03h20 : Vous passez pour un con ! Vous avez enfin votre verre, et vous avez même dû inviter cette fille que vous avec croisé trois quatre fois en TD parce qu’ils ne prennent la carte qu’à partir de 15€, du coup vous en avez payé 35 (mademoiselle boit du champagne). Elle est mignonne et vous êtes content. Seul hic, ça fait 5 minutes que vous vous regardez dans le blanc des yeux en sirotant votre verre. Après tout vous l’avez invité, alors vous tentez une blague. Elle ne l’entend pas une fois, elle ne l’entend pas deux fois, elle ne l’entend pas trois fois, puis ne la comprend finalement pas mais vous sourit quand même. Elle ne dit rien et a les yeux dans le vague. Vous vous réfléchissez à toute allure pour trouver un truc à lui dire mais là rien ne vient. Vous remerciez David Guetta de combler les blancs avec son tube à la noix et finalement dans un élan d’inspiration vous vous approchez de son oreille et lui susurrez tendrement : ON VA FUMER UNE CLOPE ?!
03h30 : Même la clope ne vous rend plus stylé ! Vous la prenez par la main, le bras ou pas du tout selon votre degré de timidité et la faites pénétrer dans le fumoir. Là où l’air est irrespirable, où la dose de nicotine et de dioxyde de carbone dans nos poumons est multipliée par 25 dès votre premier pas. Elle toussote mais reste, vous vous allumez une clope, elle ne fume pas (en gros vous la faites chier). Vous chercher une place assise, yen a pas. Tout le monde n’arrête pas de vous demander du feu, et, merde! vos potes sont là... Attentionnés ils vous font gentiment comprendre qu’ils ont compris que vous vouliez la choper. Intentions que vous réfutez corps et âme à haute voix, persuadé de la véracité de vos dires à ce moment précis. Finalement elle se casse. Vous êtes tout d’un coup beaucoup moins sur de ce que vous venez de gueuler à tout le monde (« Mais trop pas, t’as vu sa gueule, jamais je la touche ») et vous ne comprenez toujours pas pourquoi vous l’avez dit aussi fort.
03h55 : Vos potes veulent choper ! Il est presque quatre heures, vous êtes out, bourré et seul et c’est le moment que choisissent vos potes pour vous dire « Allez viens on va sur la piste, on va choper ! ». Vous savez que vous n’êtes pas en état mais y allez quand même. Sur la piste que des mecs (normal les filles jolies et célibataires sont parties vers 2h, à trois heures il reste les mecs, les moches et les maquées). Alors vous faites les cons. Comme ça les quelques meufs qui restent n’auront définitivement aucune envie de rentrer avec vous.
04h20 : Il ne fait plus froid du tout ! Vous sortez de la boîte, il neige, il pleut ou il fait froid mais vous, vous n’avez pas froid du tout. Au contraire vous faites le con et vous adorez ça.
04h40 : Vous êtes riche ! Le taxi du retour étant indispensable à la vue des épreuves successives qui vous ont harassées, vous prenez un taxi pour rentrer et déposez votre pote bourré et fauché chez lui. Vous croisez la fille de TD qui attend un taxi avec Diego et vous vous demandez où est passé votre copine.
Dimanche 14h23 : Vous êtes malade, épuisé et pauvre ! Le lendemain vous ressortez vos tickets de carte bleue et vous voulez vous énerver mais vous ne pouvez pas parce que vous avez trop mal à la tête, en plus votre angine vous empêche de parler donc vous subissez. Toute la journée vous subissez. Les textos de vos amis arrivent les uns après les autres « Bah t’es passé où hier soir ? On t’a cherché partout ! » et là immanquablement vous répondez « désolé j’étais trop bourré ». Comme ça pas de questions et ça excuse tout.
D'autres articles sur : http://shuffleinfo.tumblr.com/
Très vrai, très bien écrit. Juste un goût de rien, sauf alcool et clope.
· Il y a plus de 12 ans ·eaven
Merci pour vos commentaires ! A force d'en passer des soirées comme ça je me suis dit qu'il fallait que l'expérience serve à d'autres !
· Il y a plus de 12 ans ·N'hésitez pas à aller faire un tour sur http://shuffleinfo.tumblr.com/ d'autres articles dans le même esprit sont à venir !
nicolasp
Enfin un texte fait pour être lu et partagé! Et des soirées de ce genre, on en a tous subi!
· Il y a plus de 12 ans ·obrisko
Moi aussi j'ai souri,ça m' à fait penser à quelques soirées vécues!!bonn description de ces looooonguees soirées dans le froid
· Il y a plus de 12 ans ·Sweety
Hihihi... je ne regrette décidément pas ma province....
· Il y a plus de 12 ans ·Bravo, très bien écrit et décrit. J'ai beaucoup souri...
junon