Le chat facho.

Le gros chat tigré terrorise le petit minou noir.

J'avais pris le relais, suite au déménagement de ma voisine.

Maintenant je ne le vois plus, son abruti de « maître » ne fait aucun effort pour le nourrir.

Marre de voir ce gros facho piquer dans la gamelle.

J'ai tout laissé tomber, que puis-je faire d'autre ?

Ce petit minou vient se percher sur mes épaules, c'est ce qu'il préfère.

Mais pas moyen de l'embarquer dans une aventure, prendre l'ascenseur, le nourrir dans mon appart.

Je sais, je vous vois rigoler, il y a plus grave dans la vie.

Dois-je occire proprement le barbouze.

Serais-je condamné à voir le petit chat mourir ?

Pendant les vacances, promis, je l'attendrai, la gamelle ne sera que pour lui.

Quand on est seul, on s'occupe comme on peut.

Mais ce petit minou vaut bien tous les membres de ce qui était autrefois « la famille ».

Il m'adore, et  c'est réciproque à ce que je vois.

Plus le cercle familial s'élargit, plus il se rétrécit, c'est un peu comme l'Europe.

Le cœur a cédé la place aux intérêts, non pas de tous, mais de chacun.

Comme cette histoire de gros chat un peu nazi sur les bords.

Et peu importe l'entraide, les souvenirs, les heures passées au téléphone à se consoler les uns les autres, et toutes ces fêtes et tous ces cadeaux, et j'oublie un tas de trucs qui n'ont servi à rien.

On pourrait faire l'état des lieux, les murs recouverts de moisissure, les fils usés et sales, la tapisserie pelée, les carrelages fendus, …

Vouloir revenir au temps des jours heureux, enfin que l'on a créés ainsi, c'est se leurrer soi-même et souffrir d'autant plus.

Noël n'est plus, mais on peut à loisir le ré-inventer, même seul, même, parfois, un peu désespéré.

Ces souvenirs féeriques, qui nous réchauffent et qui nous glacent, ne doivent pas nous empêcher d'en créer d'autres, aussi beaux, pour les quelques décennies, au mieux, qui restent.

Une bonne ambiance au travail vaut son poids de lego.

Si le paradis existe, alors je ne veux que ce petit chat comme compagnon, et je souhaite que tous les autres soient loin, très loin, ou tout en bas.