Le chemin

lune-noire

" Si le chemin est long, c'est qu'il en vaut la peine. Si le chemin t'épuises, alors ne t'arrête pas. C'est que la fin est proche. "

  J'ai mal au coeur. Chaque fois que je ferme les yeux, et que je te vois, que je nous vois. J'ai l'impression de toucher le fond, encore, et encore. De me noyer dans des vagues de trois mètres. Et je me retrouve subitement en pleine mer, les requins nageant autour de moi. Ils gravitent, et leur aileron dépasse de l'eau. C'est toi que j'appelle au secours. J'ai besoin de redescendre, sur le bord de mer.


  Et j'essaie, tu sais. J'essaie de me dire que je mérite mieux que toi. Et que ce n'est pas si grave si finalement, les requins sont nombreux. J'essaie de me dire que je suis mieux sans toi, finalement. Que je peux être libre autant que je veux, risquer ma vie au milieu de dizaines de dents si, je le veux. Aimer le ciel noir plus que le ciel bleu, si j'en ai envie. Je peux construire ma vie, comme je l'entends, ça oui. Mais ça ne dure qu'un court instant. Parce que chaque fois, je sais que c'est faux. Je sais que je me mens.


  Tu sais autant que moi, qu'on aurait dû essayer. D'une manière ou d'une autre, j'aurais dû marcher avec ces foutus talons de quinze centimètres, jusqu'à m'en péter les chevilles. Jusqu'à ce que ce putain de bout de chaussure me fasse saigner jusqu'à la moelle. Jusqu'à ce que je sente mon rythme cardiaque faiblir, oui, j'aurais dû essayer. On aurait dû prendre cette voiture et foncer droit dans ce mur. Rire au nez de Cupidon, qui s'est trompé dans ses nombreuses flèches. Braver les interdits les plus fous. Qu'importe, tant que je sente ton souffle au creux de mon cou, pour l'éternité.


  Et maintenant? Je suis allongée, et je ne te trouve pas. T'es absent, mais tu hantes chacune de mes pensées. Je suis fatiguée. Tu me fatigues. Je suis à court d'idées pour que l'on se revienne. Je suis à bout de souffle, pour faire renaitre, le phoenix de ses cendres.


  Aller viens, c'est bon. J'en ai marre de toi. Tu sais qu'on s'aime bien. Qu'on s'aime trop. Plus qu'on ne le prétendra jamais. Et moi, je ne veux pas rester seule. Je ne veux pas d'un autre. C'est toi. Ou personne. Alors reviens, arrange le problème, recommence. Jusqu'à ce que la fin me convienne. Jusqu'à ce qu'enfin, sur ce putain de chemin, l'on s'aime.

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