Le clochard

peterpanpan

Un jour que mes pas me portaient plus que moi-même, j'arrivai en une rue où de loin j'aperçu un clochard délabré.
J'allai m'asseoir auprès de ce vestige croulant, sans idées ni sentiments.
Il ne me demanda rien, de qui j'étais ou pourquoi je venais près de lui. Presque déjà en ami, il me tendait une de ses bières, et nous nous parlions, indifférents.

Et cette âme démolie, dont les pieds étaient nus et la chair mangée, n'avait comme moi, jamais travaillé. Et comme moi, c'était son choix !

Alors soudain je vis devant moi cette liberté où je mettais tout mon orgueil, dans un corps pourrissant !

La gratuité de ma vie m'apparaissait dans cet abandonné, comme une ironie sordide au rictus léger.

Il me semblait dire : " Prend garde à ton choix ! Tu marches sur un fil, dont voilà le gouffre. "

Et j'écoutai ce demi-fou, puant et crasseux, et les parfums d'alcool puissants de sa bouche, plus que ses mots, me communiquaient tout de son être.

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