Le clown

Lui exulte de tristesse, âme touchée,  car il a trouvé le monde de ceux qui rient à gorge déployée quand ils sont tristes et se lamentent quand il faudrait se réjouir.

Voyez-le sur la piste, à l'heure du malheur, éclatant de couleurs et de lumière le clown heureux contemple l'irréparable : les saisons de l'humanité, saisons de guerres, saisons de trêve mais jamais saisons de paix. Et il rit, il rit en jouant avec le soleil tout rond qui festoie à l'infini avec la lumière. 

Mais de quoi rêve-t-il ?

En revanche, à l'heure de la farandole, quand renaît le printemps, le grand clown triste voudrait s'évader derrière les nuages dégoulinants. Le menton crispé, nez plissé, en l'air, tout petit, il est assis la tête dans les épaules, recroquevillé. Au bord de sa paupière maquillée de rouge, une larme de cristal n'hésite pas à plonger sur le dos de sa main. Il caresse l'herbe mouillée, les arbres mouillés, les oiseaux mouillés, ses joues mouillées; tout est mouillé.

Mais… quelle heure est-il ? Sûrement l'heure où l'homme doit réapprendre à rire et à pleurer.