le cri

lya

Tu l'entends encore, sa voix suave et sonore se faisant cette fois-ci si cassante pour tenter de créer une manière d'à propos avec une situation qui n'en avait pourtant aucun.
Tu ne l'as d'abord pas entendue, sans doute pas écoutée. Puis, après un temps, le sens de ses paroles incontinentes t'a heurté. Un frisson t'as fait lever les yeux sur l'objet qui réclamait tes fades attentions et pour la première fois peut-être, tu l'a vue, et tu l’as regardée...
Les minutes ont passé et elle a fini par cesser de te foudroyer de ses regards et de ses mots pour te noyer de ses larmes.

Toi tu la regardais toujours, tu la voyais pour la première foi, et d'une froideur toute esthétique, te délectais de son corps ondulant, des ses mouvements théâtrales et de ses joues rouge-colère.

Tu savais maintenant, tu avais compris que c'était la dernière fois, mais quelle fin meilleure ?
Peut-être le premier, le seul et tout dernier moment où tu l'auras aimée, vraiment aimée, de cet amour passionné, de ce désir si charnel qu'il en devient spirituel, sacré. Elle hurle.
Et sur ses joues, ses larmes changent de trajectoire à chacun de ses mouvements, brusques.
Elle hurle. Tu sens la force de ses cris, la puissance de toute sa rage sur tes épaules.
Elle hurle mais tu ne l'entends pas, tu ne l'entends plus...

Elle est debout, devant toi, raide.
Longue silhouette en ombre chinoise.
Derrière elle, la fenêtre est ouverte,
les voisins doivent se délecter des violences de sa voie de soprano.

Elle est tout en mouvement,
Le contre jour te dérobe ses yeux assassins
Elle, soudain, s'active plus. Trop. Elle part. Tu la vois. Tu ne bouges pas. Elle n'est plus là.
La porte branle, claque au vent qui s'engouffre, par la fenêtre.

La fenêtre ouverte...

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