Le débriefing

Olivier Verdy

Sylvain est commercial, Caroline responsable marketing. ils doivent présenter un nouvel outil à la direction. Et donc travailler ensemble.

Enfin la réunion était finie. Comme une délivrance pour Caroline. Deux heures pendant lesquelles la tension n‘avait cessé de croitre. Si elle avait imaginé une seconde que cette présentation marketing sur laquelle elle avait tant travaillé l'intéresserait si peu, elle ne se serait pas cru. Tout çà par la faute de Sylvain, un commercial essayant de vendre ses outils statistiques et qui, depuis deux semaines lui faisait tourner la tête. Comment et pourquoi on se sent d'un seul coup attiré physiquement par quelqu'un relève de l'incompréhension la plus totale. Mais c'était le cas.

Dès le premier coup d'œil – le jour ou sylvain est arrivé avec ses plaquettes- leurs regards se sont croisés et ils auraient pu presque faire l'amour, là, dans l'open-space. Cheveux brun, grand et mince, un regarde déshabillant, classe dans son costume cravate, Caroline a fondu immédiatement. Coupée court et rousse, plutôt petite et légèrement enveloppée, elle n'avait, depuis son mariage jamais ressenti une telle attirance. Cela aurait pu s'arrêter dès le premier entretien. Mais la nécessité de présenter un dossier à la direction les fit se revoir.

Professionnellement. Et alors qu'ils analysaient des chiffres, construisaient leur argumentaire, leur yeux se noyaient les uns dans les autres, chaque effleurement de peau leur envoyait une décharge de frissons qui parcourait tous leurs corps. Difficile pour Caroline d'être aussi secouée dans ses valeurs – fidélité, honnêteté – quand Sylvain lui déclamait dans un sourire « je peux faire tout ce que vous voulez ». Cette présentation était leur aboutissement. Deux heures puis chacun partirait de son côté et Caroline serait frustrée mais contente d'elle.

Sauf que. Sauf qu'il y a un dernier briefing dans la salle de réunion, juste avant l'arrivée des décideurs. Tout est prêt. Sylvain attrapa Caroline et lui posa un baiser fougueux sur la bouche. « J'en avais envie depuis que je t'ai vu, retrouve moi dans la salle en dessous après la réunion». Et les participants sont arrivés sans attendre sa réponse. Elle aurait peut-être dit non. Pendant une éternité, Sylvain alterna les explications, commenta ses chiffres, et discrètement jetait des regards complices à sa co-présentatrice. Caroline remuait sur sa chaise, ne tenant pas en place, perturbée. Regarder son attirance, s'interroger sur ce qui pourrit se passer à l'étage dessous -si elle y allait- reléguèrent les décisions bien loin du second plan.

Et le « mesdames messieurs Merci » de son directeur sonna le glas de ses questions. Sylvain quitta la pièce non sans un dernier regard. Caroline se retrouva seule, affaires rangées. Presque mécaniquement, elle déposa sur son bureau et descendit à l'étage inférieur, direction la petite salle de réunion. Porte fermée, lumière éteinte, Caroline passa la tête. Il était là et l'attira à lui. L'embrassa passionnément tout en refermant la seule issue. Leurs lèvres s'unirent puis leurs langues se mélangèrent, tendrement. Caroline pouvait déjà sentir le désir de son partenaire contre son bas ventre. Sylvain glissa une main le long de son corps jusqu'aux cuisses puis remonta lentement sous la jupe. Quelle bonne idée d'avoir mis des bas – plus classe que des collants quand même. Et surtout plus pratique. S'abandonnant un peu plus, elle entrouvrit les cuisses sous la pression de la main droite de son amant. Il effleurait son string de la paume de la main, la faisant aller et venir sans appuyer. Sans arrêter le mélange buccal, Sylvain attrapa la main de Caroline et lui posa entre ses propres jambes. Habituée à la routine hebdomadaire et classique de son mari, Caroline fut surprise et excitée par cette audace, qu'elle accentua en ouvrant la braguette de Sylvain. Dur et chaud furent ses premières impressions. Elle sentait toute la virilité tendue à travers le boxer. Et dire que c'était pour elle. Sylvain écarta un côté du string et ses doigts se frayèrent un chemin plus intime, entre les cuisses, caressant le pubis pour ensuite glisser le long des lèvres ; Caroline se pinça la lèvre. Son amant en profita pour poser les siennes dans le cou, la nuque, à la base des oreilles et y déposer des petits baisers tout en sensualité.

Caroline s'oublia totalement et dans un grand soupir, mit sa main dans le boxer. Sentir vibrer sous ses doigts une telle émotion la comblait et elle aurait presque pu en rester là tant elle se sentait bien. Jusqu'à ce que Sylvain se dégage et s'accroupisse entre ses jambes. Il se lança alors directement dans une nouvelle union de lèvres, plus gourmande cette fois. Caroline ne put retenir un râle puis, les mains dans les cheveux de son amant, elle s'offrit davantage, jambes légèrement pliées, bassin tendu vers l'avant. Elle se senti explorée, goutée, dégustée, fouillée ; chaque mouvement de langue, chaque petit pincement exercé par les lèvres masculines, chaque va et vient des doigts, la faisait sursauter de plaisir, couler de désir. Il continua de longues minutes ses caresses tant buccales que digitales alternant les zones de plaisir, allant toujours vers l'endroit le plus réactif, celui qui provoquait le plus de râles et de soupirs. Quand Caroline lui serra très fort les cheveux dans un dernier spasme, il se releva et lui déposa un baiser passionné dans le cou. Reprenant une partie de ses esprits, la jeune femme entreprit alors d'extirper du pantalon la proéminence de son partenaire et fit glisser ses doigts dessus, de la base au sommet. Elle s'accroupit à son tour, se retrouvant à la bonne hauteur pour apprécier le désir gonflé de Sylvain. Elle joua quelques instants avec la tête, la faisant sortir de son capuchon, puis délicatement, y enroula sa langue ; humide et gourmande. Sylvain la regardait, appréciant l'appétit de son amie qui, après avoir avec application, mouillé tout son membre, l'attira dans sa bouche, les lèvres tout d'abord, mouillées, puis la chaleur intérieure, jusqu'à entièrement l'absorber, le faire ressortir. L'absorber de nouveau.

Sylvain était aux anges. Le mouvement lent et délicat imprimé par sa partenaire le faisait frissonner. Il leva les yeux quelques instants. La salle de réunion, sa grande table et ses chaises, son rétroprojecteur ne faisait qu'accentuer son plaisir. Caroline continuait son œuvre avec une délicatesse insupportable. Tout en poursuivant ses va et vient avec sa bouche, elle avait réussi à glisser sa main dans le boxer et caressait maintenant avec tendresse le pubis, pressant çà et là entre ses doigts la réserve de monsieur. Elle sentait sous sa langue la montée irrémédiable du plaisir, la tension croissante, les petits frissons dans le fond de sa gorge, signes d'une fin de plus en plus proche et de moins en moins contrôlable. Sylvain attrapa la tête de Caroline dans un gros soupir. Oui la fin était imminente et la jeune femme accéléra alors le mouvement, se concentrant principalement sur ses allers-retours de plus en plus rapides, de plus en plus saccadés. Son partenaire contractait ses muscles pour se retenir, plus longtemps, juste un peu plus. Il se raidit d'un seul coup contre la porte, tête en arrière, mains sur les oreilles de sa compagne. Elle, sentit l'explosion dans sa gorge – encore une nouveauté pour elle - et une chaleur envahissante dans sa bouche, un gout salé. Surprise, amusée, et fière d'elle. Heureuse d'avoir donné, et reçu, autant de plaisir. Elle garda encore Sylvain quelques instants en elle, s'efforçant de profiter jusqu'à la dernière goutte de ce moment si intense.

Des bruits de pas dans le couloir les ramenèrent violement à la réalité. Quelqu'un venait. Caroline se releva et ajusta ses vêtements. Sylvain remonta sa braguette. Sans un mot. Ils attendirent quelques instants dans la pénombre puis Caroline sortit, direction les toilettes. Lui attendit une ou deux minutes et partit à son tour. Vers le parking et sa voiture.

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