Je voulais...

ake

Une envie de lui, une envie d'écrire, une envie d'écrire sur lui.

Je voulais écrire sur toi.
Sur ce nous qui n'existe pas encore dans la réalité, juste dans ma tête.

Alors par a...
Non.
Je ne peux pas taper ce mot.
Il est trop tôt.
Je ne suis pas prête à me l'avouer, à le dire et encore moins à l'écrire. L'écrire, le relire, te le faire lire, le montrer à d'autres, je ne m'en sens pas capable.
Mon cœur se défend, les larmes montent. Je veux écrire sur toi et ça me met dans un tel état.

J'ai envie de tout éteindre, de me plonger dans le noir, de débrancher le frigo, d'arrêter les secondes qui passent, de m'immerger dans le silence, peut-être te trouverais-je ainsi?

Quand je pense à toi, ce qui me vient toujours en premier, c'est ton sourire qui me réchauffe, qui me fait me sentir bizarre en dedans. Mon téléphone vibre. Ton nom s'affiche sur l'écran. Tu ne sais pas que je suis en train d'essayer d'écrire à ton sujet. J'aurais aimé pouvoir t'appeler, entendre ta voix pour m'inspirer. Elle n'est pas sensuelle ta voix. Douce tout au plus. J'en ai écrit des textes... érotiques, grivois, mais quand ça te concerne, je ne sais pas. Je n'y arrive plus. Je perds mes moyens.

Rends-moi les mots. Je veux de nouveau les maîtriser, les dompter, retrouver mon phrasé, ma rythmique. Les signes passent et ce texte est tout sauf érotique.

Je ne sais comment mettre en mots l'effet que tu me fais... Ais-je la capacité de rendre ce que tu provoques en moi?

Quand on se fait la bise, que je sens ton parfum, l'odeur un peu âcre de la sueur d'une journée de travail, que j'entraperçois ta peau à travers le col de ta chemise... Pourrais-je transmettre les envies qui me prennent ? Ma langue curieuse peut-être un peu râpeuse qui se glisserait bien le long de ton cou. Mes mains qui enserreraient ta taille, descendant vers tes fesses qu'elles caresseraient? Malaxeraient? Empoigneraient... Oui c'est ça, empoigneraient.

Le ferais-je avant ou après t'avoir mordu la joue? Je ne te l'ai pas dit ? C'est mon envie du moment. Te mordre la joue. Pas pour te faire mal. Juste pour que tu sentes l'intensité de mon désir. J'imagine ton regard. Outré ? Surpris ? Choqué ? Déçu ? Je le voudrais aussi excité... Que face à mon sourire mutin, mon regard arrogant, tu te jettes contre moi, que tu me plaques contre une porte, un mur, il y en aurait un, forcément. Qu'on se défie quelque temps. Qu'on se sonde, cherchant une acceptation muette, un signe qu'on ne fait pas de bêtise, qu'on le souhaite.

Ton visage se rapprocherait du mien. Lentement ? Ou serait-ce plus direct ? Un baiser fougueux ? Impétueux ? Timide ? Un baiser. Ton baiser.


Tes lèvres qui s'approchent et les battements de mon cœur qui s'emballent. Je le rêve depuis si longtemps ce moment... Est-il à la hauteur de mes espérances ? Ta langue s'immisce, se glisse, se frotte, le sang bourdonne à mes oreilles, les pulsations de plus en plus fortes, de plus en plus vite, mon sexe qui en suit le rythme. Oui, ça pulse en bas aussi. Je te mordille la lèvre. Tu souris. On a souvent parlé de morsures. Des discussions dont je me souviendrais. J'espérais tant que tu te soumettes à mes injonctions et que tu me croques. Là, je prends les devants. Trop longtemps que j'attends.

Tu me serres contre toi. Tes mains... Pas trop grandes, pas trop petites. Chaudes. Agréables l'hiver, sûrement moites l'été. Je m'en fiche. C'est l'hiver, je suis une fille de l'hiver. Décembre est mon mois. En décembre tu m'aimeras.
Là.
Maintenant.
Oui comme ça.
Aime-moi.

Ta main est entre mes jambes. Un jean et une culotte te séparent de cette partie de moi qui pulse pour toi. Tu la sens ? Tu t'en fiches des vêtements. Tu me caresses quand même. Tu me mords maintenant, le cou, le menton. Je penche la tête. Oui mords là. Continue. Plus bas.
L'omoplate, le haut du sein. Ta main. Oh. Je...

Contre ma cuisse. Ton sexe durci. J'en apprécie la taille. Non, je mens. Je m'en fiche de la taille. Son contact augmente mon excitation. Je veux le toucher, le frotter, j'imagine son goût dans ma bouche, sa fermeté, sa douceur, son odeur. Le désir. Tu as retiré ta main. Nos bassins se frottent. La barrière des tissus importe peu. Tu me fais sentir que tu me veux. J'aime ça.
Je recule un peu, regarde ton visage, tes yeux, ton désir.
Tu souris.

Je ferme les yeux, respire. Mon regard erre dans le salon où tu n'es pas. Je ne sais pas si ce texte est érotique, grivois, vulgaire. Vulgaire, je n'espère pas.
Il n'y a rien de vulgaire entre toi et moi.

J'hésite à t'envoyer ce texte...Je ne le ferai pas.
Il parle de toi, de moi, de mon envie de toi mais pas de mon envie de nous.
Je n'y aborde pas la joie que j'éprouve quand on est ensemble, mon besoin de te serrer dans mes bras, de t'avoir près de moi. Je n'y parle pas de notre complicité et de nos fous rire.

Tu me lirais, tu dirais « Et là tu fais quoi ? »
Je ferais semblant de m'énerver et menacerais de te mordre, espérant que tu me dirais de le faire que nous nous rapprochions un peu. Et puis je râlerais et finirais par capituler: « Je parle de nous, il est vrai. »
Tu as raison. Comme souvent.

Je vais tout éteindre et aller me coucher.
Je voulais écrire un texte érotique.
Je voulais écrire un texte sur toi.

Je voulais écrire...


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