Le Décalogue de la parfaite enflure (dernière partie)

charlie

Loi numéro 7 : Eviter les professions à risques.

Encore une fois, et c’est ici une pure question de logique, comment parfaitement sodomiser quelqu’un si celui-ci serre les fesses à grands coups de sphincter aussitôt qu’il vous aperçoit ? Ne cherchez pas, c’est peine perdue. Il faut se rendre à l’évidence que parfois, il y a des barrières infranchissables. Pour Hitler, ce fut la Manche. La ligne Maginot en aurait été une deuxième mais les frontières luxembourgeoises et belges étaient plus meubles…

Au final, si Moïse a réussi à traverser la mer à coups de miracles (miracles au pluriel car ouvrir la mer, c’est déjà pas simple, faire en sorte qu’elle se referme sans briser un seul orteil juif et en emportant tous ces esclavagistes bâtisseurs de tétraèdres colossaux (les pyramides) et tout cela, sans ruiner la faune locale (aucun poisson ni crustacé n’a été blessé pendant le tournage), c’est franchement balèze. Mais l’histoire de ce fils adoptif de pharaon n’est qu’une exception. Et encore, il s’agit d’une exception narrée (et surement enjolivée) par des religieux. Et on l’a dit plus tôt, nous avons renié Dieu…

Tout cela pour dire qu’une enflure ne doit pas être grillée par une sorte de présomption de culpabilité qui appelle les tiers à une prudence salvatrice pour eux mais désappointante pour nous, les enflures en mal de coups bas.

Il y a donc des professions à risques et dans lesquelles il ne fait pas bon d’être impliqué sans éveiller le moindre soupçon. Ces métiers ne sont pas nombreux mais ils sont la source d’une méfiance qui ne se tarira pas de si tôt.

Y figurent les politiques. Etre politique n’est pas un métier me direz-vous et vous n’auriez pas 100% tort de soulever cette remarque même si elle masque mal ce brin de naïveté qui caractérise les enflures 1.0 finies à la pisse comme vous. La politique n’est pas un métier mais quand le choix des urnes vous permet effectivement d’en vivre (et d’en vivre grassement), je vous assure que la politique est un vrai travail. Etre un homme ou une femme politique, ça ne permet pas de disposer de la meilleure couverture. On est très vite démasqué. Et si certains politiques parviennent encore à agir impunément, ce n’est pas par l’exercice d’un talent d’enflure hors du commun, c’est parce qu’ils s’adressent à des imbéciles (vous comprenez mieux pourquoi on nous passe des programmes télévisuels proches des tentatives de décérébralisations himmlériennes et pourquoi l’on saborde à qui mieux-mieux le système éducatif des futurs électeurs). Mais face à un public averti, ces hommes et ces femmes au service du peuple et de la nation, mais bien naturellement pas de l’effort désintéressé et philanthrope, il devient de plus en plus difficile de passer pour des gens dignes de confiance. Il faut convenir qu’on ne retourne pas le verdict des urnes sans quelques mensonges, coups bas, trahisons et fausses intentions. Ainsi, de coups de pute en coups de pute, autrement traduit par les politiques en question de « changement de circonstances », la réputation de ces derniers a fini par les précéder si bien qu’aujourd’hui, même entre membres du même camp, les ceintures de chasteté annales arrivent à trouver preneur…

Seconde profession souvent décriée, plus souvent à tort qu’à raison même si aucune fumée n’existe sans feu : les avocats. Déjà, avoir le nom d’un fruit, c’est louche et forcément, ça cache quelque chose. Je me suis déjà interrogé sur la raison de cet emprunt au vocabulaire du potager pour désigner cette « zone d’activité ». L’avocat, c’est vert. La couleur de l’espoir… Je remarque aussi qu’un avocat écrasé, ça vous met autant dans la merde qu’un guacamole épicé à la mexicaine. C’est peut être un peu de tout ça…

Toujours est-il que l’avocat est directement lié au mensonge. Et oui ! Comment pourrait –il défendre des criminels sans mentir ?!? C’est parfois vrai mais c’est aussi oublier un peu vite que les représentants de l’état n’empruntent pas toujours leur blancheur apparente à l’esprit des colombes et des brebis égarées (nota bene : représentant de l’état, autre profession à risques). Je ne me ferai pas le défenseur de l’avocat et ce débat n’est pas au cœur de notre propos de toute façon. Il y a donc un constat qui est évident et qu’il convient de relever : l’avocat n’arrive pas toujours à avoir la confiance de son propre client alors comment pourrait-il ne pas être regardé de travers par tous les autres ? Là encore, une carrière au barreau est à proscrire si un avenir de parfaite enflure vous fait envie…

Enfin, troisième et dernière destinée professionnelle à éviter : celle amenant à consentir des relations sexuelles tarifées, à savoir les acteurs pornos et les prostituées. Tout d’abord, les orgasmes simulés et factices à souhait des premiers sont des insultes à la seule chose qui reste simple dans ce monde : le sexe. Je méprise au surplus leur façon de « trashiser » un truc déjà pas mal dégueu façon « Jute moi dessus et vise les dents, c’est mieux que le fluor », ce qui est une incohérence qui nous permet de douter sérieusement de leur sincérité car c’est bien connu, pour la santé bucco-dentaire, il n’y a pas mieux que le dentifrice… Dans le cas des charmeuses de bitume, je ne conçois pas qu’on puisse recourir à leur service dans une autre intention que de ne plus se nourrir du fantasme de la branlette ou du plastique de la poupée gonflable. J’ai dans l’idée que les « clients » de ce genre de « service » veulent du réel, de la chair et des os mais comment, comment peut-on croire un seul instant ces cavaleuses de trottoirs (ça, c’est avant qu’elles ne cavalent autre chose) ? Comment peut-on croire que cette chair et ces os n’ont pas l’esprit ailleurs ? On vous vend de l’amour mais vous n’avez en réalité que le privilège, à peine réchauffant, de la compagnie d’un réceptacle à foutre grandeur nature. La parfaite enflure évitera donc de se perdre dans ces voies et privilégiera une profession moins sujette à a priori.

Loi numéro 8 : Savoir apitoyer.

Se donner le beau rôle, passer pour la victime, voilà une belle technique d’approche pour pouvoir agir par surprise. Avec un profil de poisseux à qui il n’arrive que des malheurs et des disgrâces honteuses et imméritées, vous finirez immanquablement par apitoyer vos cibles, lesquelles, dans leur bienveillance irréfléchie baisseront leur garde et s’ouvriront à vous comme un hymen le soir d’un mariage musulman (mais je vous rassure, les opérations devraient être moins sanglantes dans notre cas).

Mais attention, savoir apitoyer, ce n’est pas si simple. Il faut savoir être vigilant. Il est impératif que le sentiment de compassion que l’on souhaite faire ressentir soit véhiculé par une empathie sincère, laquelle ne peut réellement exister que si l’on apparait comme objectivement victime du sort. Si l’on donne la sensation de mériter ce qu’il nous arrive, la tentative d’apitoiement se retournera contre son auteur, lequel se verra ôter toute crédibilité et droit de se plaindre. Et il n’y a rien de pire, quand on prétend à la pitié, que de recevoir le mépris (demandez aux morts de faim sans domicile en bas de chez vous…).

L’erreur à ne pas commettre est grosso modo celle dont s’est rendu coupable Dominique De Villepin. Je ne vous parle pas de sa génialissime idée de dissoudre l’assemblée nationale en 97, ni de sa prétendue relation avec ce qui reste la plus grande cruche du parti socialiste mais de son discours post-audience à la sortie du tribunal correctionnel lors de l’affaire clearstream (on en revient toujours aux fondamentaux).

Si votre mémoire est aussi fraiche qu’une morue lusitanienne vendue à Rungis une semaine de grève des transports et d’opération escargot, je vous rappellerai le début de son allocution médiatique, très remarquée à l’époque. Elle commençait ainsi (ce qui est entre guillemets sont ses mots et ce qui est entre crochets est ma traduction personnelle) : « Je suis ici par la volonté d’un homme…, par l’acharnement d’un homme… » [Comprendre : regarde, ô foule abasourdie, le spectacle de l’innocent accusé publiquement, regarde l’horreur de l’acharnement d’un homme puissant sur un honnête citoyen droit comme un « i », contemple le tableau de l’injustice !]. Nous sommes ici très clairement devant une tentative d’apitoiement de l’opinion publique.

Le gros problème de Dominique, c’est qu’il n’a pas compris que savoir apitoyer, sans respecter la loi numéro 7 (éviter les professions à risques) est une peine perdue qui consiste à tenter de pisser dans un violon pour en faire un Stradivarius. Qu’a vu la foule ce jour là à part un bellâtre quinquagénaire, coiffé à l’UMP et endimanché dans un costume taillé sur mesure dans les plus soyeuses étoffes ? Qu’a entraperçu la ménagère moyenne lors du 13 heures devant ces mots bafouillés avec classe si ce n’est la plainte d’un homme malhonnête déposée contre une autre enflure de base ? Les journalistes du 13 et du 20 heures ont introduit cette séquence digne du zapping annuel par ces mots : « Dominique de Villepin, qui comparaissait pour son implication présumée dans l’affaire clearstream, a été entendu ce matin par les juges du tribunal correctionnel de Paris ; il n’a pas manqué, à l’occasion de sa sortie, d’égratigner jusqu’aux plus hautes autorités de l’état… » ce qui pourrait, là aussi, être traduit plus simplement par l’affirmation suivante : « la justice, qui ne fait pas toujours mal son travail, entendait aujourd’hui notre Caliméro national grisonnant. A la sortie de l’audience, il n’a pas oublié de rappeler à l’opinion publique que malgré son statut d’homme politique pas toujours bien net, il était parfaitement innocent et que cette méprise judiciaire n’était que le fruit d’une infâme machination… ». Le souci dans cette histoire, c’est qu’il y avait surement du vrai dans les affirmations de l’ancien premier ministre mais n’est pas la boulangère d’Outreau qui veut – surtout que même elle, elle en a copieusement bavé pour se voir reconnaitre ce statut d’accusé à tort...

Attention donc à ne pas apitoyer à mauvais escient. Il faut toujours, toujours vérifier par soi même, qu’on ne mérite pas ce qui nous arrive ou bien, et c’est une solution encore plus machiavélique (donc, à privilégier), toujours faire en sorte que personne ne sache qu’on n’a pas volé ce qui nous arrive…

Loi numéro 9 : Mentir dès le début.

Une fois que vous avez repéré votre cible, il est impératif de ne rien lui livrer de votre vie ou de votre personnalité qui serait le fruit de la vérité. Dès l’instant où vous aurez décidé de vous comporter comme une parfaite enflure avec quelqu’un, vous devrez pouvoir être capable d’échafauder un plan d’action basé sur un scénario réaliste mais complètement inventé. Cette gymnastique exige un entrainement tant il peut s’avérer ardu de jongler avec différents mensonges. C’est aussi pour cette raison que vous ne ferez pas usage de ce guide de la parfaite enflure sur deux personnes qui se connaissent ou bien alors seulement si vous avez bien pris le soin de leur raconter la même carabistouille au préalable.

Peut être trouverez-vous difficile de mentir dès le début à quelqu’un, surtout qu’il est envisageable que vous n’ayez pas, dès le départ, l’intention de mal vous comporter avec. Cela doit changer. Commencez par mentir à tout le monde en partant du postulat de base que probablement, vous sauterez un jour sur l’occasion d’agir comme une enflure et c’est seulement quand vous vous serez assurés de votre volonté d’adopter un comportement moins néfaste que vous reviendrez à une attitude citoyenne et amicale plus propice à des rapports emprunts de sincérité. Il faudra alors trouver une histoire justifiant votre premier mensonge mais il s’agit là d’une opération accomplie ni une, ni deux pour une enflure au terme de sa formation…

Je vous rassure. Faire croire tout de suite à un public une vérité alors qu’on n’en pense pas moins est une chose tout à fait dans vos cordes. Regardez-moi ! Pensez-vous que je vous mens depuis le début de cette mise à jour ? Non ? Et bien si ! Vous n’êtes vraiment qu’une bande de marionnettes aussi facilement manipulables qu’un jeu d’éveil pour mouflets de six mois… Et oui, moi aussi je vous mens depuis le départ. Dans le titre même de ce texte, je vous mens. Depuis le début, vous égrainez chacune des dix lois de la parfaite enflure ignorant qu’à la pénultième, vous lirez en réalité la dernière. Mon décalogue ne compte que neuf lois. Peut être trouverez-vous cela malhonnête. Et bien retenez pourtant ce tour de passe-passe légal (consistant pour les initiés en un coup de force juridique visant à retirer une loi pas encore promulguée) et vous marcherez plus surement sur les sentiers peu fréquentés des parfaites enflures…

A ma décharge, j’aurais pu tout à fait débiter une dixième et dernière loi pour satisfaire vos esprits maniaques et prédisposés à compter autant de lois qu’ils ont d’orteils (pardon d’avance pour les lépreux) mais je n’ai pas envie de vous rouler un peu plus dans le houblon (j’ai horreur d’employer les même effets dans un texte et il me semble qu’en amont, j’ai déjà utilisé l’expression « rouler dans la farine », laquelle n’a finalement de sens, au premier degré, que si l’on est une pâte brisée en cours de conception…). Alors oui, j’aurais pu glisser dans cette ultime loi un dernier conseil indispensable et inattendu. J’aurais pu vous rappeler l’importance capitale de vérifier la météo les jours d’enflurade mais j’ignore si mes conclusions sur la pluviométrie dans le bassin d’Arcachon ; si mes études sur les liens température/enflure et si mes observations sur les rapports entre les cycles satellitaires (lune, station orbitale internationale et Hubble) et la recrudescence des enflurades groupées auraient été comprises et bien intégrées par la plus grosses masses de mes lecteurs. Autant ne pas vous surestimer et vous laisser à des propos clairs et compréhensibles. Ça aurait été dommage de finir sur une mauvaise note…

Conclusion :

Chers lecteurs, vous avez désormais achevé le téléchargement de la mise à jour de la parfaite enflure. Pour accéder au statut d’enflure 2.0, il ne vous suffit, suivant la même procédure que celle suivie par la plupart des logiciels, que d’exécuter le programme. Vous voila à l’aube d’une nouvelle vie où tous vos crimes resteront impunis ; vous voilà dotés des mêmes privilèges que ceux dont jouit notre propre chef par le biais de l’immunité présidentielle. Vous serez au surplus ravi d’apprendre que, contrairement à lui, vous êtes non seulement plus grand (cela doit être vrai pour environ 95% d’entre vous) mais vous êtes aussi protégés pour une durée illimitée.

Vous rentrez dans le monde secret et merveilleux du salopard premium. Aucune limitation journalière dans le coup de pute, possibilité de télécharger plusieurs mensonges à la fois et anonymat assuré de vos multiples méfaits.

Vous qui devant votre glace, tout à l’heure, avez entraperçu une enflure de base, sachez que votre nouveau statut de salopard ultra-dopé ne vous épargnera pas de tomber un jour sur une enflure plus maline que vous… L’usage du rétroviseur reste donc vivement recommandé car peut être que celui qui vous aura est déjà derrière vous…

  • ce texte fait partie des lectures "difficiles" - donc automatique, il obtient ma préférence - mais c'est, surtout, parce que vous avez vécu chacun de ses mots, que ça foisonne, que ça trame que ça brame - bref qu'on vous voit vivre corps à corps. Chapeau...merci aussi

    · Il y a presque 14 ans ·
    Crater orig

    gun-giant

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