Le Décalogue de la parfaite enflure (partie 1)

charlie


            Tout d’abord, une petite introduction (surement vexante pour certains mais probablement pertinente pour d’autres) destinée à traduire en des termes plus « communs » ce titre qu’on pourrait croire tout droit sorti d’un cerveau prix nobélisé ou sur le point de l’être. Rassurez-vous chers lecteurs, même pour vous, cela devrait être facile à expliquer si tant est que l’on emploie un peu de pédagogie et de logique.

            Première étape de ce raisonnement : qu’est-ce qu’un décalogue ? Le décalogue est le mot qui traduit les dix lois que Dieu donna à Moïse au sommet de sa montagne (le pauvre, il en avait déjà chié des ronds de pendule pour grimper, il était, en plus, contraint de redescendre avec deux tablettes de pierres trois fois plus lourdes que lui). Voila ce qu’est un décalogue. Vous constaterez que je ne me prends pas pour de la merde puisque les lois de la parfaite enflure, c’est moi qui les ai écrites. Par un syllogisme niveau 6e, vous aurez une petite idée de ce à quoi je me compare… Et je vous assure que quand je me compare à Dieu, ce n’est pas mes chevilles qui enflent…

            Plus sérieusement et par volonté de ne pas tomber dans une mégalomanie douteuse, le décalogue tire son sens étymologique de « déca » qui signifie 10 (voir décathlon : sport olympique comprenant 10 épreuves différentes) et de « logos » qui veut dire « loi ». Ce mot invite donc les gens équipés d’un peu de culture générale à comprendre que je vais ici détailler dix lois.

            Oui, mais dix lois de quoi ? Pour la réponse : retour au titre. Il s’agira donc des dix lois de la parfaite enflure. Et qu’est-ce qu’une parfaite enflure me direz-vous ? La suite de ce texte est censé illustrer en dix étapes les conditions sine qua none pour devenir une parfaite enflure ou bien pour s’améliorer dans le domaine de « l’enflurade » dans l’hypothèse où vous l’êtes déjà un petit peu et que vous aspirez à une forme d’excellence – je suppose que ça ne doit pas vous arriver souvent.

            Et si vous souhaitez à tout prix une première définition de la notion d’enflure, je ne saurais mieux vous conseiller que de lever votre postérieur (je pars du principe que vous ne lisez pas en étant debout) et d’aller voir au travers d’un miroir si vous y êtes. Selon les lois de la physique, vous devriez y voir quelque chose qui vous donnera un premier aperçu de la question. Vous y verrez donc l’enflure de base. L’enflure 1.0, première mouture, un prototype à peine sorti du moule. Les perfectionnistes, ne cédez pas à la panique devant la glace face à cette œuvre incomplète. Si comme moi, vous gerbez la tempérance et que vous préférez les extrêmes aux situations entre deux eaux, poursuivez cette lecture. La demi-enflure que vous êtes pourra y trouver la voie d’un salut qui vous guidera vers une forme de perfection. La mise à jour est sous vos yeux. Oserez vous plonger dans le monde de la parfaite enflure : l’enflure 2.0 ?

            Loi numéro 1 : Renier Dieu. 

            L’enflure ne reconnait pas Dieu. A peine devine-t-il dans les édifices cultuels une tirelire géante faite de briques et de mortier conçus pour enrichir le sommet d’une pyramide religieuse où les chefs se pavanent dans le luxe en vendant du rêve et des promesses. L’enflure renie Dieu car rien ne peut être au dessus de lui. L’enflure est tout en haut. Il ne regarde que vers le bas et donc, l’idée d’une superpuissance mystique immatérielle et insondable est une horreur que son esprit ne saurait admettre. L’enflure renie Dieu car Dieu est une arnaque. Dieu est une enflure crée par d’autres enflures (bien vicieuses celles-là et bien humaines aussi). L’enflure est donc conscient que Dieu n’est qu’un outil destiné soit à ramollir, soit à soumettre, soit à exploiter, soit à manipuler (rayer les mentions inutiles). Et comment une enflure digne de ce nom accepterait l’idée de laisser jouer une autre enflure sur son propre jardin ?

            Les plus récalcitrants à cet iconoclasme absolu pourraient douter du fait que Dieu est une enflure. Je vais vous prouver que j’ai raison. Surement avez-vous entendu, alors que vous étiez tout bébé et que vous n’étiez pas plus haut que trois fois huit pommes que « donner c’est donner » et que « reprendre c’est voler ». Voila une affirmation de base que personne ne viendrait à contester. Je poursuis en rappelant que Dieu est censé avoir crée la vie et est censé nous l’avoir donné. Dois-je rappeler maintenant que toutes les écritures religieuses admettent que c’est le grand Big Boss, du haut de sa voie lactée, qui nous retire cette vie pour nous plonger dans une nuit sans fin ? Le type, il nous donne un truc et nous le reprend. On est tous d’accord pour dire que c’est du vol. Et il est évident que, par ce larcin, il enfreint une des dix lois qu’il a lui-même écrit (finalement, Sarkozy n’a rien inventé…). Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais... J’appelle ça une enflure.

            L’athéisme de l’enflure est donc la première des dix règles qui sondent la science de l’enflurade. Cet athéisme, une fois bien ancré dans l’esprit, est aussi une arme redoutable puisqu’il épargne l’enflure d’un sentiment fâcheux pour tout religieux avide de rédemption éternelle parmi les nuages et les beautés ailées sans sexe : la culpabilité. Sans culpabilité, la question du bonheur de son prochain est une notion ultra-floue (opaque en fait). Ça épargne à l’enflure d’avoir à se soumettre à des petites attentions clairement inutiles et à des excuses vexantes. Sans jugement dernier, nous ne ressentons aucune crainte d’une puissance supérieure et sans police pour nous siffler dans les oreilles, on a très vite tendance à faire les choses comme on le désire sans se préoccuper de qui que ce soit…

            Le terrain de jeu de la parfaite enflure est posé. C’est un champ dans lequel Dieu n’existe pas. C’est le terrain de jeu des sciences exactes et des théories évolutionnistes. Dieu n’est qu’un étranger, une vague idée, un truc dont on a entendu parler, un voisin qu’on ne voit jamais…

Loi numéro 2 : Aimer tout le monde (surtout les vieux et les gosses).

L’enflure aime tout le monde. C’est ici que Jean Marie le Pen a raté son diplôme. Lui, il annonçait, sans le cacher, qu’il détestait les noirs, les arabes et les étrangers – peut être que les petites blacks en soubrette auraient ses faveurs, ça lui rappellerait l’époque où son ex femme passait le balai pour Playboy les fesses à l’air. L’enflure aime tout le monde car la véritable enflure frappe là où on ne l’attend pas. Si vous criez sur tous les toits que les hommes à la peau sombre comme les nuits d’hiver scandinaves n’ont pas leur place dans votre cercle, vous ne verrez aucune des personnes concernées venir se frotter contre votre épaule pour vous chercher des poux. C’est l’hypothèse de l’antipathie mutuelle des années 40 entre les nazis et les juifs. Les historiens les plus acharnés ont bien cherché mais ils ont vu assez peu de membres du peuple élu se rendre aux soirées officielles de la Wermarth et cela quand bien même le buffet était drôlement bien garni pour l’époque… Cette haine affichée explique que la vermille nationale socialiste, tout comme ce cher représentant du front tellement national qu’on n’y reconnait plus la France, n’ont jamais atteint la moyenne à l’examen de l’absolue enflure.

La parfaite enflure aime tout le monde, surtout ceux qui sont les plus détestables. En réalité, ses sentiments ne sont guère différents de ceux du quidam moyen. La vérité, c’est qu’il les déteste mais sa façon narquoise de faire croire à ces populations qu’il les aime lui permet de se retrouver dans la position que la parfaite enflure affectionne particulièrement : dans le dos de sa future victime.

C’est la théorie de l’éleveur exploitant qui donne pendant de longues années son temps, son énergie, son herbe, son eau et son foin à des vaches qui finissent immanquablement par comparer leur maitre avec une forme de bénédiction. Résultat ? Une promenade à l’abattoir un jour où l’on est persuadé de se rendre au salon de l’agriculture. Je vous permets de croire que le défilé des normandes va avoir lieu sur autre chose que des podiums… Gardez ce schéma en tête. L’éleveur respecte à la lettre cette règle numéro deux.

Finalement, cette loi est d’une logique extrême. Comment sodomiser convenablement quelqu’un si celui-ci ne vous fait pas assez confiance pour vous tourner le dos ? L’enflure 2.0 a donc des cibles privilégiées. Il ne perd jamais une occasion de faire un billet à une petite vieille et de traumatiser un jeune garçon avec une histoire de mort-vivant dans le pur plaisir de voir dans les yeux du poupin la frayeur de pouvoir ne serait-ce qu’entrapercevoir le fantôme à moitié décomposé de son grand père récemment décédé au détour de la porte de sa chambre d’enfant. L’enflure 2.0 aime les noirs et les arabes, il a sa carte à la HALDE mais ne louera jamais son appartement à un voleur d’allocations immigré, tout juste bon à relancer l’industrie de la basket et du jogging Lacoste. Dans le même schéma, l’enflure 2.0 fait Shabbat mais dispose de sa réserve de Ziclon B dans sa cave, près des bons Bourgognes et des délicieux breuvages girondins.

Aimez tout le monde, tout le monde vous aimera. Jusqu’au jour où vous leur aurez fait les fesses…

Loi numéro 3 : Savoir reconnaitre ses torts.

Etre une enflure, vous l’avez compris, c’est à la portée de tout le monde. Certes, des études approfondies sur les bancs inférieurs de l’assemblée nationale ont prouvé que les ministres, bien équipés de leurs diplômes ronflant à deux chiffres au dessus du bac ont une plus sérieuse tendance à niquer les gueules des autres.

Mais rassurez vous, le sésame du salopard ultime n’exige pas forcément un quotient intellectuel au-delà de la normale, ni d’une capacité extraordinaire à la logique, à la réflexion ou au calcul mental. C’est en réalité une qualification tout à fait banale que le premier péquenot chopé au coin de la première rue pourrait obtenir avec un peu de volonté.

La vérité, et si j’entame cette phrase par la vérité, c’est que vous pouvez tenir pour vrai ce qui va suivre, c’est qu’être une enflure, c’est trop facile. Ça ne suffit pas. La parfaite enflure est un graal qui se mérite et qui demande de gros efforts. La loi numéro trois prouvera à quel point le statut d’enflure 2.0 est une chose qui ne s’obtient qu’à la grâce de litres de sueur et d’ambition. La troisième règle est simple, il faut savoir reconnaitre ses torts.

Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette loi aurait pu figurer dans le décalogue de la brebis prête à être débitée en kebab mais je vous assure qu’elle a toute sa place parmi les 10 lois du parfait salopard. Pourquoi ? Parce que réussir à trahir les gens une fois, dans le fond, ce n’est pas si compliqué. Quand on y réfléchit, une enflure de base y parvient sans s’arracher le slip et parfois même, un bon coup de chance permet d’y arriver sans même y avoir pensé. Le véritable exploit de l’enflure nouvelle génération (celle équipée de la mise à jour que vous êtes actuellement en train de lire), c’est que par des excuses bien trouvées, par un sens du remord parfaitement simulé et avec les yeux attendrissant du chien incontinent qui se pisse dessus après avoir fait une bêtise, elle parvient à trahir une deuxième fois celui qu’elle a déjà trompé.

Il va de soi que plus la cible est crédule, plus c’est simple mais une parfaite enflure bien entrainée peu aisément rouler à nouveau dans la farine une personne pourtant allergique au gluten. J’en veux pour preuve tous ces gens intelligents, membres de la grande fratrie des élites française (peu réputée pour leur sens de la naïveté) qui continuent de voter à droite malgré leur affection profonde et sincère pour les droits de l’homme et les sociétés où les lois liberticides sont rangées au placard à balais. A chaque élection, les mêmes excuses. A chaque discours, les mêmes autocritiques au gout de pseudo mea culpa, au fond, plus destinées à mettre le doigt sur les incompétences des autres. Et pourtant, une fois dans l’isoloir, le travail de sape de la parfaite enflure a fait son œuvre et jamais la raison du citoyen cité plus haut ne penchera plus à gauche. Et oui, si le cœur a ses raisons que la raison ignore ; la raison a ses raisons que le cœur n’entend même pas…

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