Le dernier espoir
robpred5
Un large halo blanc court sur le parking sans prendre la peine de zigzaguer entre les véhicules. Cela fait un moment que Diane observe le déplacement de cette tache lumineuse faussement circulaire, et qui lui évoque le puissant spot faisant luire les pointes des barbelés par ses nombreuses allées et venues, comme on en voit tant dans les film mettant en scène un camp de prisonnier. Cependant le ciel n'est plus assez sombre pour donner suffisamment de contraste et très vite cette image s'évapore ainsi que la fine pellicule d'eau humidifiant encore, par endroit, le macadam. Bonne nouvelle : le beau temps a gagné. Pour la première fois de la journée la grisaille bat en retraite, déchirée à de multiples endroits par les assauts du soleil. Ce n'est plus qu'une question de minutes avant que le grand bleu envahisse à nouveau le ciel. Le puissant noyau orageux, s'accrochant depuis la fin de matinée à l'horizon dans ses noirs habits, se disloque à la vitesse d'un pâté de sable léché par l'océan. S'il n'en restera bientôt dans le ciel plus aucune trace, sur la route en revanche les stigmates de son passages risquent d'être plus longs à effacer. Lorsque le mur d'eau s'est subitement abattu ce matin, c'est une demi-douzaine – le bilan aurait été sans doute bien plus lourd en plein week-end – de véhicules qu'il a écrasé dans sa chute. Les radios en parlent encore sans interruption. C'est pourquoi Diane a renoncé à amorcer un quart de tour de clé pour allumer la sienne. De toute manière les enfants se débrouillaient très bien sans musique pour passer le temps. Il lui suffit d'un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir Damien captivé par sa console de jeu. Quant à Lucie, un petit tour de tête sur la gauche lui permit de constater que la cadette, si survoltée il y a dix minutes à peine, dormait désormais d'un sommeil de plomb.
Un nuage de moins dans le ciel et voilà que le soleil tape en plein sur le pare-brise. Plissant les yeux, Diane s'empresse de chercher ses lunettes au fond de son sac, en profitant au passage pour attraper un paquet de bonbons citronnés afin de couvrir le goût de cigarette coincé dans sa gorge. « Pas une pendant les vacances. » avait-elle promis à Patrick. Pas de stress, pas de cigarette, c'était le deal. Pourtant, arrivée sur l'aire de repos, elle n'avait pas tenu longtemps avant de s'en griller une, profitant d'un moment de solitude. Le pire c'est qu'elle n'en avait pas expressément ressenti le besoin, comme si elle avait anticipé le manque à venir, à moins que, déjà, elle ait senti que quelque chose se tramait.
Le plastique ne collait pas à la friandise, il était quasiment fondu dedans. La pastille avait pris un coup de chaud. Diane lâche une injure – presque un murmure, afin que les enfants ne puissent l'entendre – tandis que ses doigts, s'agrippant aux replis de plastique, tentent de retirer l'emballage en moins de morceaux possibles. Les derniers sont les pires, de petits lambeaux transparents trop fins pour que l'ongle puisse les inquiéter : ceux-ci finiront dans son estomac. Il faut cinq minute à sa salive pour dissoudre le bonbon, et lorsque les derniers résidus solides passent à travers son œsophage, le siège conducteur est toujours vide. Cela fait plus d'un bon quart d'heure désormais. Diane jette un coup d’œil à son téléphone. Pas de message, ni d'appel manqué. Elle compose le numéro de Patrick, attend, et raccroche dès qu'elle reconnaît la messagerie, avant de renouveler son appel dans la seconde qui suit. La chance ne lui sourit pas plus et vingt seconde plus tard elle interrompt la communication dans un soupir. « Ce n'est qu'une question de minutes. » se dit-elle. Mais l'idée ne passe pas. Une fois que l'impatience a fait son chemin, il est difficile de revenir en arrière. D'un geste vif elle récupère les clés sur le contact et s’apprête à sortir. Elle s'arrête net une fois que sa main a actionné la poignée. À l'arrière, la mèche de cheveux blonds collée sur les lèvres de Lucie continue à se soulever paisiblement et Damien vient juste de gagner une nouvelle course. Acquiesçant par réflexe à la voix de sa mère, il ne retient cependant rien de ce qu'elle lui dit, seulement qu'il lui reste deux victoires à obtenir pour gagner le tournoi et qu'il a encore trois courses à disputer. Dehors la fraîcheur est maintenue par une légère brise qui, une fois calmée, laisse le soleil estival reprendre ses droits, et la température gagne rapidement quelques degrés. Le parking réservé aux voitures est dégagé. Seuls deux véhicules stationnent devant le restaurant, occupé à cette heure-ci essentiellement par les routiers, dont les camions s'entassent à n'en plus finir sur la bande de béton leur étant allouée. Pour le reste un roulement de six ou sept voitures se crée face à la station service. C'est vers celle-ci que Diane se dirige, jetant un regard en arrière tous les cinq pas afin de s'assurer que ses enfants vont bien. À l'intérieur la majorité des clients flânent entre les rayons des sucreries et autre barres chocolatées en attendant que le reste de leur équipage sorte des toilettes. On mesure facilement leur temps d'attente à la quantité de marchandise s'accumulant dans leurs bras. Hormis un groupe de cinq jeunes faisant leurs provisions comme s'ils allaient affronter la fin du monde et un couple de quinquagénaires prenant le temps de boire un café à la machine située au fond du magasin, les gens présents dans la boutique sont essentiellement des trentenaires avec de très jeunes ou sans enfant. Pas de trace de Patrick. Elle hésite un instant avant de traverser le magasin. Est-il prudent de laisser attendre deux enfants seuls dans une voiture ? Une douzaine de mètres la séparent désormais du véhicule, et à travers les vitres de la station elle ne distingue que le vert olive de la carrosserie. Plus loin dans la boutique il lui sera impossible de garder un œil sur le parking, et si le retard de Patrick commençait à la préoccuper, elle savait qu'il pouvait se débrouiller par lui-même, ce qui n'était pas le cas de Damien et Lucie. Aussi, tandis que le débat anime sa conscience, elle tente, en désespoir de cause, de le joindre à nouveau par téléphone, espérant sur les premières sonneries, s'énervant sur les suivantes, s'inquiétant lorsque le répondeur prend une nouvelle fois le relais. Cette fois-ci elle ne raccroche pas, décidée à laisser un message, convaincue que cela accélérera les choses, à moins qu'il ne s'agisse simplement d'un moyen de se décharger un peu du soucis qui commence à la saisir. Mais lorsque la voix pré-enregistrée lui laisse enfin la parole elle cherche ses mots un instant durant et finit par demander mécaniquement « Où es-tu ? » et « Rappelle-moi. ». Cela ne règle pas son problème. Elle aperçoit dans un coin à l'écart, un minuscule espace réservé aux enfants – comprenez, une zone où on a troqué le linoléum contre une moquette parsemée d'un circuit de voitures et sur laquelle est posée une table basse en plastique ainsi qu'une série de chaises du même matériau aux teintes plus colorées les unes que les autres. Elle renonce cependant à venir y déposer ses enfants. Elle voit déjà Lucie se laisser tomber, avachie, sur la table, la tête dans les bras en une caricature de pilier de bar, glissant ensuite lentement de sa chaise pour finir sur le sol. Compter sur son frère pour venir la relever serait une douce utopie et il y aurait fort à parier que celui-ci, nageant parmi les pixels, ne remarquerait rien de la scène. Si cette image fait naître chez elle le début d'un sourire, c'est loin d'être le cas de celle lui faisant suite. Celle-ci, contrairement à la première, elle ne l'a pas inventée :elle se trouve actuellement sous ses yeux, une zone de jeu vide, au milieu de laquelle trône une chaise renversée. Non, ils sont bien plus à l’abri dans l'habitacle sécurisé du véhicule qu'ici à la merci du premier venu. Sa décision prise, la voilà qui file, d'un pas plus que décidé, à travers les rayons en direction des toilettes, coupant au plus court en passant par le point presse. Les pages des magazines sur les présentoirs s'en seraient presque retournées sur son passage si la ventilation, poussée un degré trop fort, ne s'en chargeait pas déjà. Arrivée aux toilettes, une femme en sortant tout juste lui tient la porte avec le sourire. Celui-ci se décroche très vite lorsqu'elle s'aperçoit que Diane pousse énergiquement le battant réservé aux hommes. Un peu trop d'ailleurs, et le voilà qui rebondit instantanément contre le mur en un bruit sourd, attirant immédiatement l'attention des personnes présentes. Ils sont deux à la voir rentrer. Le premier, aux lavabos, crâne tondu au millimètre, ventre proéminent surmonté de sans doute plus de poitrine qu'elle n'en a elle même, apparaît offusqué. Mais la remarque qu'il s’apprête à adresser à la jeune femme lui reste coincé en travers de la gorge lorsqu'il croise son regard de pierre. Le second, en affaire face à une pissotière, et coupé net dans son élan depuis qu'il a remarqué la présence de Diane, a pour l'instant d'autre chats à fouetter que de se lancer dans une leçon sur le bon usage des toilettes non mixtes. Ce n'est qu'une fois qu'elle se trouve seule face à la série de cabines alignées qu'elle rougit de son audace. Un court instant seulement et l'adrénaline procurée par le stress étouffe bien vite l’embarras. Suffisamment rapidement pour lui permettre d'avoir à éviter d'inspecter chacune des cinq cabines – sur les huit, elle en a déjà éliminé trois dont la porte est grande ouverte – en appelant son mari. Par deux fois, le second cri gagnant en assurance par rapport au précédent. Elle n'obtient malheureusement pas la réponse espérée, simplement un grognement agacé deux portes sur sa gauche. La mine de l'homme en sortant, un type poivre et sel à la carrure imposante dont on ne parvient à dire si elle est musclée ou graisseuse, et dont la montre à son poignet droit indique, en plus de l'heure, le nombre de zéros de ses revenus, se fait bien plus avenante à l'instant où il aperçoit le visage de Diane. C'est en revanche loin d'être le cas de sa remarque qui aurait tout à fait sa place parmi les nombreux graffitis laissés sur la quasi-totalité de portes des cabines. Diane n'est toutefois plus là pour l'entendre car elle a déjà rebrousser chemin. Heureusement pour lui, en temps normal elle ne se serait pas privée de lancer sans retenue sa jambe entre les deux siennes.
De retour à la boutique, Diane se mord la lèvre inférieure droite, une habitude lorsque la solution d'un problème lui échappe. Cependant cela n'a rien d'habituel et, bien qu'en étant sans doute moins complexe, la situation présente est bien loin des difficultés qu'elle résout froidement dans le cadre de son travail. Elle est personnellement impliquée, c'est pourquoi, cette fois-ci, elle va jusqu'au sang. Un goût salé lui envahit la bouche alors que celui-ci se mêle à sa salive. D'un discret coup de langue, elle diminue l'intensité de la fine fissure écarlate marquant désormais sa bouche et se dirige vers la caisse, accélérant suffisamment le pas pour prendre de manière plus que cavalière la place d'un client arrivant au même moment. Les lunettes de soleil en appuie sur la casquette, un bras chargé de paquets de chips, l'autre main tenant un frappé aux fruits à la couleur d'une bouillie d'épinard, les doigts de pieds aérés par la lanière de ses tongs, celui-ci ne s'en offusque même pas : apparemment il est déjà en vacances. Il n'y a que deux clients devant elle et pourtant l'attente lui paraît interminable. Très vite sa main droite se déplie et se replie compulsivement sur elle-même, sans doute pour se retenir d'attraper par l'épaule la femme la précédant dans la file d'attente et de l'écarter violemment de celle-ci pour atteindre la caisse. Elle tente de calmer ses nerfs mais rien n'y fait, pas plus le coup d’œil à son téléphone désespérément muet qui ne lui arracha qu'un « Putain où es-tu ? » qu'elle se retient de lâcher au delà de ses lèvres, que celui en direction de son véhicule qu'elle ne peut apercevoir dans sa position actuelle du fait du montant métallique de la porte. La place se libère, enfin. Les deux mains posées à plat sur le comptoir, Diane débite son histoire à une vitesse qui, vu le regard interloqué du caissier, doit être trop élevée. Elle se rend cependant vite compte que, après avoir repris ses explications d'un ton plus posé, ce n'est pas forcement son débit de parole qui perturbe le plus l'employé, mais avant tout l'absence d'achat. Retenant un soupir, elle attrape la première barre chocolatée sur un présentoir en carton et la plaque sur le comptoir d'une manière assez énergique pour produire un semblant du sursaut chez son interlocuteur. Ne voulant pas perdre plus de temps, elle recommence pour une troisième fois son discours, lui demandant s'il n'a pas vu passer son mari, en lui fournissant une description se voulant des plus précises, mais dont elle se rend compte, au terme des derniers épithètes, qu'elle n'est ni plus ni moins que le portrait robot de monsieur tout le monde. Face à elle le vendeur, dont le teint épouse de plus en plus rapidement celui de son polo rouge flamboyant, ne sait quoi lui répondre, et se contente d'encaisser l'article, en prenant néanmoins la peine d'afficher une certaine réflexion, sans doute de peur de la décevoir. Mais elle sait désormais qu'un bon quart des clients qu'il a vu défiler ici ces dernières vingt minutes pourrait correspondre à la description donnée. Et puis d'ailleurs, elle en vient à douter que l'homme puisse ne serait-ce que se souvenir de la couleur des cheveux de la dernière personne qu'il a servie. À vrai dire, ce n'est pas à lui qu'elle en veut le plus, mais à elle : comment a-t-elle pu s'imaginer un instant qu'à peine sa phrase achevée, le caissier fende la cohorte d'automobilistes pour, d'un doigt affermi par la certitude, lui désigner l'homme de sa vie ? Libérant le caissier d'un « Laissez tomber », elle empoche sa friandise sans même attendre la monnaie de son billet. Et lorsque, gagnant la sortie, elle s’apprête à en prendre une bouchée, elle se rend compte que celle-ci est parfumée à la noix de coco et l'envoie alors directement à la poubelle. La voiture, voilà à quoi Diane se raccroche. Les yeux ne perdant pas le véhicule de vue, elle s’apprête une fois de plus à affronter la messagerie de Patrick. Mais ce coup-ci il ne se produit rien, ni bip sonore, ni message pré-enregistré, ni même tonalité : l'écran de son téléphone reste plongé dans le noir le plus complet. « Décidément, à vouloir tout faire, ces nouveaux téléphones ne tiennent plus la charge. » peste-t-elle intérieurement. Heureusement, tout ne joue pas aujourd'hui en sa défaveur, et à peine a-t-elle fourré le mobile au fond de son sac qu'elle aperçoit un duo de cabines téléphoniques sur sa droite. Elle devine au design et aux couleurs des appareils que ceux-ci ne datent littéralement pas d'hier. Après tout, l'essentiel est qu'ils fonctionnent. Ce n'est pas le cas du premier, dont le fil glisse immédiatement du combiné après qu'elle l'ait porté à son oreille. Elle pousse un soupir de soulagement lorsque le second lui réclame sa carte de crédit. La joie est toutefois de courte durée, puisque ce n'est pas l'écho d'une tonalité qui se fait entendre dans l'écouteur mais le souffle d'une tempête. Malgré ce désagréable bruit de fond lui crachant dans l'oreille, la communication tente de s'établir. Mieux que ça : elle aboutit. L'ensemble de ses muscles se relâchent, la rendant presque euphorique. Elle prononce le prénom de son mari à plusieurs reprise mais peine à distinguer de façon audible sa réponse : toujours ces foutus parasites. Une certitude toutefois persiste : c'est bien lui qu'elle entend à l'autre bout du fil. Ne pouvant mener une conversation, elle lui demande, ou plutôt lui crie, de la retrouver à la voiture, mais à peine vient-elle de finir sa phrase qu'elle se rend compte de la monotonie du souffle grésillant : il a raccroché. L'angoisse la saisit à nouveau comme une douche glacée : que s'est-il passé ? Pourquoi a-t-il raccroché ? Et puis son esprit reprend le dessus. Étant donné l'état de la communication, il ne devait pas l'entendre plus distinctement qu'elle, voilà pourquoi il a raccroché. Une raison d'autant plus valable qu'il ne pouvait reconnaître l'auteur de l'appel en se fiant au numéro entrant. Parfaitement rationnel. Mais raisonnement ne la convainc pourtant qu'à moitié. Peut-être parce que dans une situation normale Patrick ne se serait jamais volatilisé de la sorte, peut-être parce que cette situation n'est justement PAS rationnelle. Dans le cas présent la logique ne lui suffit pas, c'est de certitude dont elle a besoin. Le problème c'est que les moyens lui manquent pour en obtenir. La voiture. Comment n'y a-t-elle pas songé plus tôt ? Il faut dire qu'ils ne l'utilisent quasiment jamais mais leur véhicule est équipé d'un téléphone intégré. Tout ce qu'elle a à faire c'est d'y glisser sa puce.
L'allure qu'elle leurs impose fait presque souffrir ses jambes, autant que les coups secs et violents de son cœur contre sa poitrine. Cela ne l’empêche cependant pas d’accélérer le rythme, plus encore lorsqu'elle aperçoit à nouveau les visages insouciants de ses enfants. La poignée en plastique lui claque dans les doigts. La portière refuse de s'ouvrir. Sans doute, dans la précipitation, n'a-t-elle pas pressé le bon bouton se dit-elle en écrasant fermement la commande d'ouverture de sa télécommande. Toujours fermée. Elle essaye à nouveau mais n'obtient ni le claquement mécanique du déverrouillage des portes, ni le clin d’œil orangé des avertisseurs. Elle pourrait continuer, s'acharner sur le petit bout de plastique qu'elle tient dans la main avant de tambouriner hystériquement aux portes. Elle n'en fait rien. En dépit du stress et de l'angoisse, elle a su garder une partie de son cerveau au frais. Rapidement elle contourne la voiture par l'avant. Les tremblements animant sa main font qu'elle doit s'y prendre à deux fois avant d'insérer la clé dans la serrure, mais cela marche : la porte conducteur se déverrouille, entraînant avec elle l'ensemble de celles du véhicule. C'est un long soupir de soulagement qui lui vide les poumons lorsqu'elle prend place sur le siège. Derrière elle, la voix fluette de Damien lui demande pourquoi est-ce qu'ils ne sont pas encore partis. Elle ne peut s’empêcher de rire. Elle voudrait se faufiler entre les deux sièges avant pour venir l'embrasser longuement au milieu du crane jusqu'à ce qu'il se dégage comme il en a l'habitude lorsqu'il sent le regard de ses copains d'école quand elle le dépose les matins. Après peut-être, une fois son coup de fil passé. Pour le moment elle lui offre une réponse qu'elle ne comprend pas elle-même et insère la clé derrière le volant. Un tiers de tour et... rien. Pas d'illumination du tableau de bord, pas de sursaut de l'aiguille indiquant le niveau d'essence, pas de voyants rouges et orange apparaissant simultanément avant de s'éteindre les uns après les autres, le néant, simplement. Comme son mobile quelques minutes plus tôt, la voiture refuse de se mettre en route. Elle ramène la clé en position initiale, la retire, réitère la manœuvre inverse, rien n'y fait. La sueur gagne ses aisselles, son dos et son front tandis qu'elle plonge une main désespérée dans sa chevelure, révélant les racine foncées de ses cheveux blonds. Trop de coïncidences : elle n'y croit plus. D'une main moite elle libère le capot en un son que les circonstances rendent sinistre et quitte l'habitacle. Étrangement elle ne ressent rien face à ce qu'elle découvre, comme si cela n'était que la continuité logique des choses, comme s'il n'y avait rien de plus normal à ce que sa batterie ait disparue.
RESUME
1) Diane, Patrick, et leurs deux enfants, Damien et Lucie, s'apprêtent à reprendre la route après une pause sur une aire de repos. Tous sont parés au départ hormis le père qui tarde à revenir. Sa femme tente de le joindre puis de le chercher sur le reste de l'aire, sans succès. Lorsqu'elle revient à sa voiture, elle s'aperçoit que celle-ci a été sabotée.
2) Les gendarmes appelés sur les lieux ne paraissent pourtant pas inquiets, semblant privilégier la piste d'une fuite volontaire. La voiture ne pouvant être réparée dans l'immédiat, Diane et ses enfants devront donc passer la nuit ici.
3) Une serveuse apprend à Diane que l'aire est sous vidéo-surveillance, ce que les autorités ignorent car ce dispositif a été mis en place de manière illégale. Diane la convainc de lui montrer les bandes, mais elle ne parvient pas à trouver Patrick sur les images.
4) Diane ne trouve pas le sommeil. Observant par la fenêtre les allées et venues d'une prostitué, elle se décide à discuter avec elle et tente de la questionner sur d'éventuelles disparitions ou activités suspectes ayant eu lieu sur l'aire de repos mais elle se montre réticente sur le sujet.
5) Le lendemain Diane décide de retourner voir la serveuse mais elle apprend que celle-ci a été renvoyée. Elle soupçonne que cela est dû à leur discussion de la veille. Laissant ses enfants dans la chambre, elle se met à enquêter, acquérant la certitude que quelque chose de louche se trame et que son mari s'y est trouvé lié d'une manière ou d'une autre.
6) Diane parvient à s'introduire dans l'ordinateur de son mari et découvre plusieurs mouvements d'argent suspects. Elle fouille alors dans ses souvenirs pour tenter de faire un lien entre sa découverte et le comportement de Patrick au cours des dernières semaines. Mais, la fatigue aidant, sa mémoire semble lui jouer des tours...
7) La nuit tombée, elle va prendre l'air pour se remettre les idées en place. Attirée par des bruits étranges, elle est témoin d'une transaction louche sur le parking. Lorsqu'elle regagne sa chambre, elle a le sentiment d'être suivie. Épuisée, elle finit par s'endormir. À son réveil, elle découvre que Damien et Lucie ont disparu.
8) Affolée, elle cherche ses enfants et finit par rencontrer, dans le café/restaurant, un inconnu qui semble en savoir beaucoup sur elle ainsi que sur la disparition de sa famille. Discutant avec lui, Diane s'aperçoit que son interlocuteur est armé. Prenant peur elle se saisit d'un couteau et le poignarde.
9) Prise de panique, elle dérobe l'arme de l'homme et menace l'ensemble des employés présents qu'elle pense, d'après ce qu'elle a vu jusque là, être complices de l'homme. Ne parvenant pas à leur faire avouer où se trouvent ses enfants et face à la résistance du patron qui sort un fusil, elle s'enfuit avant d'être victime d'un accident quelques kilomètres plus loin.
10) À la gendarmerie, un officier se fait expliquer la situation. On apprend que Diane a poignardé un employé de la DDE sur une aire d'autoroute désaffectée. Quant à sa famille, tous les trois sont morts il y a trois ans dans un accident de voiture, Diane, ne pouvant supporter leur décès, avait été interné dans un hôpital spécialisé quelques mois plus tard.