Le dernier homme de ma Femme

bauderimb

Se pourléchant les babines du foutre d'un con, une conne, une infâme, ma femme, hurle à la mort que la vie est décidément délicieusement belle. Et confortablement cachée dans un recoin inaccessible de cette masse adipeuse humaine, elle s'allaite goulûment de l'inerte semence de cette bête. Cette pénitente sexuelle largement camouflée, mon ex-pénitente sexuelle à ses genoux, attire angéliquement le halo lumineux qui fend la poussière tenace des carreaux. Mon cœur, elle me le fend.

 

Tout ce corps d'albâtre s'est construit pour attirer et attiser la lumière. C'est beau et fou comme elle paraît sous les feux des projecteurs. Et tout ce corps qui absorbe la crasse de son partenaire qui la salit. Tout cet homme qui déshonore ce plus joli cou du monde autrefois dépucelé par mes lèvres. Toute cette peau destinée à lui, toute cette nuque libérée par un chignon de fortune qui s'offre à lui, toutes ses minauderies de chatte insoumise, tout cela pour lui, maintenant.

 

Elle se joue de lui et lui joue avec elle. Amuses gueules en bouches. S'abandonnant pour un instant mais ne se laissant pas manœuvrer, elle se positionne perpendiculairement à cet énergumène : tout cela s'emboîte, se déboîte sempiternellement dans des chorégraphies mal léchées. Avec lui, elle est longiligne, active, le soumet à ses désirs. Deux petites risettes mutines que je connais par cœur apparaissent.

 

Le dernier homme de ma Femme paraît la satisfaire.

Sur lui, elle a jeté son ancre. Lui est devenu sa bite d'amarrage.

Leurs cœurs et leurs corps ont des déraisons que ma peine ne peut ignorer.

Son cuir à lui a facilement effrité sa cuirasse à elle construite par mes soins.

La besogne produite, vaste femme de terres sexuelles, ses membres d'albatros se déplient, tâtent le champ de batailles puis se recroquevillent.

Ensuite, sur le flanc, son corps nu taillé comme une contrebasse d'Orangina vallonne le décor, sa posture nonchalante, ses lignes imposées, ses fesses callipyges, le ciel bleu dans l'encadrement d'une fenêtre, cette quiétude m'inquiétait. Cette lenteur indécente dans leurs gestes précis et dans leurs râles de satisfactions consentis me filent le vertige.

Dans ce petit territoire intérieur, elle a de l'élégance dans l'allégeance.

Et pourtant il ne sait pas, qu'à ce moment-là, il est le domestique dans ce home de paix.

 

C'est fou ce que la lumière souligne la blancheur de sa peau!

 

Dans un moment d'égarement et dans une confidence soudaine, elle lui susurre à l'oreille qu'elle possède un sein plus imposant que l'autre. Un peu spéciale, elle a aussi la risette malicieuse mais qui se confine en présence à la peau de chagrin. D'ailleurs, cette même mine, elle l'avait déjà esquissée quand elle me l'avait avoué à moi aussi. Moi, son amoureux d'antan. Et ce mec qui tripote cette imperfection sans se soucier de remodeler cette jouissive erreur de la nature!

Une ampoule à baïonnettes mitraille en évidence un lys tatoué sur son épaule. Discrétion pour un discrédit.

Brusquement il baille! Crime de baise majesté!

Il baille. De tout son être! Il baille. De tout son saoul ! Nonchalamment, signe que tout doit s'arrêter et que la partie à deux l'indiffère dorénavant. Alors tout s'enchaîne, il se lève, la bouscule, difficilement déchiffre l'heure sur sa montre et miracle son téléphone retentit. Son téléphone aboie plutôt car une femelle rottweiler lui ordonne de prendre la communication. Tout s'accélère; en se relevant, la tête de l'amoureuse (?) délicatement posée sur un bourrelet suit le mouvement, flotte dans l'air et percute le sol. La rencontre avec le béton en parquet armé est fracassante, la tête émet un son lourd et raisonne effroyablement jusqu'au préposé au téléphone. Impavide, celui-ci appose son index devant sa bouche imposant à sa complice d'intérioriser sa douleur pendant l'échange téléphonique. Puis, tout en continuant sa conversation endiablée avec sa diablesse, il enfile son manteau et décide, dans sa grande bonté d'âme de vider les lieux afin que la malheureuse puisse agoniser en sons et en lumières. Mon ex-femme, sa Femme de maintenant identifie une fuite avant de se rendre compte qu'un léger torrent de sang provenant d'elle goutte sur le sol. Son cerveau lui intime l'ordre de se retrouver en position debout et de filer droit jusqu'à la pharmacie de la maison. Tout cela est bien huilé puisque habituel. Il l'a larguée de ses amarres; « tant mieux ce sera plus facile de te retrouver mon ptit porc d'attache » crie - t'- elle sur le coup aux fantômes de la demeure. Elle a toujours aimé tendre l'autre joute.

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