Le destin se trouve à Londres

sarahh

J'ai toujours rêvé de vivre à Londres, peut-être que le destin le voulait aussi.

Dans le studio, l'air est frais. Une ambiance vintage règne sur les lieux : des murs de pierre derrière le lit, des meubles de couleur vert de gris, une salle de bain munie de plusieurs tapis et trois fenêtres laissant apercevoir Londres sous différents angles. Sous une des fenêtres se trouve un bureau et sur le bureau, trois fascinants objets. Un appareil photo instantané, une machine à écrire et un tourne-disque. Bleu ciel, orange et gris sont les couleurs de ces objets. Une simple feuille sort de la machine, le destin ne nous appartient pas est ce qui y est écrit.

En sortant, la ville m'éblouit. Il fait nuit mais les lumières sont captivantes. C'est la première fois que je viens dans cette ville, dans ce pays et pourtant j'ai l'impression d'être née ici. J'ai toujours rêvé de vivre à Londres, ville de l'ancien et du nouveau. J'erre dans les rues, le sourire aux lèvres, les yeux grands ouverts, je suis fascinée par cette beauté. Le vent vient me caresser le visage alors que je traverse le Tower Bridge, je suis heureuse.

Sans m'en rendre compte, je commence à penser à cette phrase. Qui l'a écrite ? Je suis dans la cuisine, devant la fenêtre, une tasse de thé à la main, je contemple le ciel en me demandant quelle en était la raison. Appeler le propriétaire ne m'a donné aucunes réponses car il en est certain, aucun de ces objets ne lui appartient. La photographie, l'écriture, la musique, c'est un artiste. C'est stupide, ce ne sont que des mots et pourtant.

Tout est comme je l'imaginais. J'ai rencontré de nombreuses personnes, visité de nombreux endroits, goûté des dizaines de nouveaux plats. Il est midi, j'ai invité deux amis et nous sommes dans la cuisine, assis par terre autour de la table basse où nous partageons un énorme plat du célèbre fish&chips. Nous discutons, blaguons, rions en cœur. Et je me rends compte à quel point de simples moments peuvent créer d'inoubliables souvenirs. J'aime cette vie. J'aime ce pays.

Il est tard lorsque je reçois l'appel de ma mère. Mon grand-père vient de mourir. Le téléphone vient s'écraser à terre, la tristesse m'emplit alors, je suis sous le choc, incapable de dire quoique ce soit. Pourquoi doit-il nous quitter sans que je ne le voie une dernière fois ? Pourquoi maintenant ? Mais on ne contrôle pas ces choses-là, non, on ne peut pas. Dans le studio, seuls les échos de la voix de ma mère ainsi que mes sanglots viennent troubler le silence de cette paisible nuit.

N'ayant qu'un bagage à la main, je marche en direction de la gare où l'Eurostar m'attend. Même en un jour aussi triste et malgré l'orage qui menace au loin, la ville ne cesse de m'émerveiller par sa beauté. J'entre dans la gare, les yeux levés, je contemple l'édifice. Je ne remarque pas la valise devant moi et m'affale sur le sol. Est-ce que ça va ? Je suis désolé, je n'aurai pas dû laisser ça là. Une main vient agripper mon poignet afin de m'aider à me relever, c'est alors que mes larmes se mettent à couler. Allons, qu'y a-t-il ? Vous êtes blessée ? Son ton est concerné, il s'inquiète pour moi. Je secoue la tête. Je viens de perdre mon grand-père. Il me regarde, l'air attristé, ses mains sont toujours sur moi. Je suis désolé. Vous savez, malheureusement, le destin ne nous appartient pas.

 

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