LE FEU

Nicolas Paillusseau

De deux corps qui s'en-silexent les envies d'aller-retours.

LE FEU, la fièvre, l'envie et ses brûlures. Les flammes, leur danse, le déhanché des canicules. La chair. Son sucre. Et puis son miel. Celui qui coule comme une rivière au creux des aller-retours. La chaleur des pôles magnétiques. L'ivresse des nouvelles profondeurs. Le goût des hanches et des intimes. Et des « prends moi fort » salopard. « Avec tes mains sur mon cul ». Qui serrent. Comme des griffes. Comme un aigle. Comme une proie. « Fais-moi mal ». « Dévore moi ». « Rend moi braise ». Le feu des syllabes. Le feu des murmures. Celui des morsures. La sueur qui en découle le long des nuques agonisantes. Et qui fait glisser les chairs les unes contre les autres comme des pistons vers l'explosion ultime des âmes sans chaîne. Nues. Qui volent. S'envolent. Décollent. Et se déglinguent. La sueur qui rend dingue. Chaud. Moite. Dur. Ivre. Fou. Bestial. Accroc. A cran. Humide. Addict. Liquide. Trempée jusqu'au fin fond du dernier sens. Au front. Au cul. Aux pieds. Partout. L'Equateur. Cuba. Manille. Le feu au corps qui brûle. Jusqu'au bout des phalanges qui s'agitent comme des petites flammes dans la rougeur sombre de ton âtre. De ton être. Tout ce feu là Mademoiselle Feu, que tu m'as mis aux premières syllabes de nos ères glaciaires… de désaccords en cris de folie, le feu des bombes et des immolations verbales. Et des grenades. Des conflits. Des « pas d'accord ». Mais des corps si d'accord. Ce feu-là, impérial et gladiateur, il m'a fait couverture et radiateur. Même amer, il m'a réchauffé les dents du froid dedans. Alors merci. Merci pour les brûlures. Et les plus belles de tes morsures.

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