Le goût du reste

Möly

...C'est au creux de mon palais, au fin fond de mon cœur, sur les plis de ma peau et le bout de mes lèvres.

...C'est les lendemains qui chantent la même mélodie en boucle, les samedis soirs aux verres remplis de désespoir, les rires brisés des gens comme un éclat tranchant empreint de mélancolie.

...C'est les souvenirs enfouis et les souvenirs qui se créent, les liens sacrés, les liens dénoués. L'envie, en vain, de rester en vie; de douces illusions qui ne font que passer, un fade parfum dans la bouche.

...C'est des mains qui se touchent mais ne se saisissent plus, la laide  lâcheté dans un regard effacé, des mots usés, trop répétés. Des maux en vrac qui recommencent sans entracte.

...C'est se dire "un jour" sans oublier hier, regarder l'ailleurs et mépriser l'ici, compter les heures qui passent et celles qui sont passées. Revêtir la nostalgie et s'y emmitoufler.

...C'est toujours mieux avant et on rejette maintenant, c'est des corps embrassés, des cœurs serrés, des mots balbutiés. Des trop plein d'aigreur et trop peu d'ardeur. C'est la peur au ventre et une envie mordante.

...C'est pas tant aux lèvres mais au cœur qu'il s'entête. C'est pas tant notre corps que notre âme, qu'il enivre. C'est un mélange de saveurs personnelles, le goût du reste. Un mélange de saveurs éternelles, parfois d'amer parfois d'amour.

...C'est le goût qui nous reste et le goût que l'on laisse.

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