Le grain de beauté d’Éléonore.

stockholmsyndrom

Un jour, Marc est arrivé au collège plus fier de lui qu'a l'accoutumée.


"Ayé les gars, j'ai baisé!"


Marc était un affamé de cul, il se frottait à toutes les filles dans les rangs de classe, il se branlait minimum cinq fois par jours, il se branlait pendant la récré, il se branlait pendant les cours de SVT de Mme Joly et ses jupes plus ou moins courtes suivant la saison, je l'avais même surpris en train de se branler en cours d'histoire alors que notre professeur était une vieille relique prête à tomber arborant une coupe au bol blanchâtre et salie par le temps, il se mettait au fond de la classe et il se branlait, Marc était le plus gros branleur de la classe, en somme.


"Allez va, arrête tes conneries."


Marc était un adolescent immonde. Tout chez lui était gros et difforme : ses jambes, ses bras, son nez, sa bouche, ses oreilles, il prétendait même avoir la plus grosse entrejambe du collège. Il était farci de pustules, il puait, avait déjà un duvet noir et broussailleux et ses jambes étaient poilus comme celles d'un adulte.

Il faisait peur aux filles, d'autant plus qu'elles savaient qu'il se branlait en SVT.

On avait du mal à croire ses paroles.

Nous aussi on s'en méfiait.

Une fois, Marc était parti chercher un ballon sur le toit du préau, il était sévèrement tombé et s'était cassé les deux poignets. Le docteur lui avait posé deux plâtres. Ça l'avais pas empêché de se branler : un jour plus tard il se pointait au collège les deux plâtres maculés de sang séché.

Il était dérangé.

Nous aussi on s'en méfiait. 

Et on avait du mal à le croire.


"Si j'vous dit que j'ai baisé!"


"Awé? Bah on te dis qu'on te crois pas."


"Vous êtes jaloux c'est tout."


"Jaloux de toi?"


"Bande de puceaux."


"Sale branleur."


Marc arborait un sourire fier et sifflotait dans l'air. L'un de nous a dit:


"Et t'as baisé qui d'ailleurs qu'on rigole un coup?"


Il a relevé son pantalon, a gonflé le buste et a répondu :


"Eléonore."


"Eléonore ? La fille qui porte toujours des uniformes ? "


"Ouaip! Et j'peux te dire que ce qu'il y a dessous ça te ferait saliver mon pote!"


"C'est impossible. Cette enfant d'bourge, elle doit avoir un cadenas sur la culotte."


"Bah moi j'lui ai fait sauter le cadenas et tout c'qui va avec!"


Un autre gars a dis:


"Ouais moi aussi j'l'ai baisée."


"Allez c'est bon arrêtez de vous inventer une vie."


"Awé? On s'invente une vie? Alors comment on sait qu'elle a un grain de beauté sur le cul Eléonore ? Dis, tu l'as vu toi ce foutu grain de beauté ? " A demandé Marc à l'autre gars.


"Euh... Ouais... Un putain de grain de beauté. Sur la fesse droite."


"Exactement ! Sur la fesse droite !


"Ça prouve rien" j'ai dis, "faudrait aller voir pour voir si c'est vrai."


"Bah qu'est ce que t'attends vas y."


Les autres étaient plus attentifs au discours de Marc:


"Et t'as jouis ?"


"Ouais. Cinq ou six fois."


"Elle t'as taillé une pipe?"


"On a commencé par ça."


"Tu lui a craché dans la bouche?"


"Bien-sûr que non, t'y connais rien. Non ça c'était pour la chauffer. Après je l'ai étalée sur le lit et j'l'ai baisée."


"Ça a duré longtemps ?"


"Tout l'après midi. Ses vieux étaient pas là."


"Tout l'après midi???"


"Ouaip! Après j'en ai eu marre mais elle en redemandait encore. Alors j'ai fini en lui collant deux doigts."


Les autres avaient les yeux écarquillés.


"Ça ça l'a achevée. Elle a fermé les yeux et elle poussait des petits cris."


Marc a fermé les yeux et s'est mis à mimer, il serrait les dents et inspirait fort et par accous en immitant ce qui semblait ressembler au bruit du serpent à sonnette.


Un "la saloooope" est sorti de je ne sais où pendant que nous étions tous dans les nuages.


"Et après il s'est passé quoi?"


"Après j'ai envoyé la purée sur ses lunettes et c'était fini, ciao Bella."


"Et tu t'es barré?"


"Ouais, bye bye poupée, au plaisir, et elle m'a répondu merci, à bientôt mon étalon."


J'ai dis: "Tu m'étonnes, avec la tête de cheval que tu te trimballe..."


Tout le monde a explosé de rire.


Marc était vexé. Il m'a de suite répondu :


"Pis d'où t'ouvres ta grande gueule toi, t'as jamais vu une chatte de ta vie."


"Bah si."


"Bah non crois pas, ta mère ça compte pas."


Tout le monde se foutait de moi.


"Bien-sûr que j'en ai déjà vu."


"Awé? Et t'as vu celle a qui?"


"Une fille."


"Ah bah tant qu'à faire ouais!"


Les autres se moquaient. J'étais pas dans mon assiette.


"Vous allez voir, il va nous dire que c'est une fille de troisième !"


Les filles de troisième, je les avaient presque toute baisées. Quand il faisait chaud les grands de troisième les attrapaient et les balançaient dans les bacs à eau en dessous du robinet. Elles sortaient de là toutes mouillées. Les filles de troisième étaient déjà bien formées mais la moitié ne portait pas encore de soutien gorge. Nous, quand il faisait chaud, on passait toutes nos récréations à côté du robinet et on regardait le formidable spectacle de l'anatomie humaine et des tétons qui se dessinaient sous les t-shirts mouillés des filles. Le soir je rentrai chez moi des étoiles plein les yeux et des images plein la tête.

Les fille de troisième, je l'ai avaient presque toutes baisées.

Dans mon imagination.


"Bah non pas du tout."


"Alors c'est qui? Comment elle s'appelait ta fille ?"


J'ai sorti le premier prénom qui m'est passé par la tête :


"Tatiana."


"Tatiana, bah voyons, c'était une Russe c'est ça???"


J'étais dans la merde. J'essayais de m'en dépêtrer :


"Ouais.


"Ouais?"


"Ouais. Une vacancière."


"Une vacancière?"


"Une vacancière."


"Mais tu parles Russe toi?"


"Y'a pas besoin de parler pour baiser."


C'était un vrai supplice. La sirène a retenti. Sauvé par le gong. On s'est tous dirigés vers les classes, on avait cours de SVT. Dans le couloir, on a croisé Eléonore, elle avait l'air plus belle que d'habitude. Je me suis retourné et j'ai posé mes yeux sur ses petites fesses. J'ai imaginé son grain de beauté.

On est rentrés en classe. Mme Joly nous attendait assise sur un pupitre, elle avait les jambes croisées. Il faisait beau dehors et elle avait sorti l'une de ses jupes les plus courtes. Ses jambes doraient au soleil, ses jambes étaient nues, ses jambes étaient belles. Marc est passé à côté de moi et m'a fait un clin d'œil avant de s'asseoir au fond de la classe et puis le cours a commencé. 

Impossible de me concentrer. Je pensais aux fesses d'Éléonore et a ses cris de serpent à sonnette. Madame Joly a commencé à écrire sur le tableau. Les mouvements de bras qu'elle faisait pour écrire à la craie lui faisait dandiner les fesses. J'étais hypnotisé. Je lui imaginait à elle aussi un grain de beauté sur la fesse droite, je voyais des grains de beauté partout, le sol était grain de beauté, les murs étaient grains de beauté, le ciel et le soleil étaient grains de beauté, le monde entier était grain de beauté, tout n'était plus que désir, et grain de beauté.


J'étais en train de flotter quand un bruit saccadé derrière moi est venu interrompre mes rêveries. 


Clap clap clap clap clap clap clap clap clap


Je me suis retourné.


C'était Marc. 


Qui pilonnait son pupitre en grimaçant...





Réveil brutal et nauséeux.













Ce con là venait encore de tout gâcher.

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