Le grand garçon qui lancait des cailloux partout

Fleuriste Manchot

Pas besoin d'espoir quand on a des cailloux.

Bon okay, du coup savez déjà de quoi ça parle. C'est un garçon. Il est grand. Et il lance des cailloux, quoi. Partout. Mais genre… partout. Partout, partout ! Même nulle part. D'ailleurs ça ne le mène nulle part ! Souvent, hein.

Mais parfois, pas partout, ça le mène quelque part.
C'est pas l'tout d'aller quelque part, encore faut-il y trouver quelque chose à faire.

Alors le grand garçon, ben, il y lance des cailloux.
Après tout, ça l'a mené quelque part !
Pas tout le temps, hein.
Mais bon, il a le temps le grand garçon.
D'ailleurs, le temps. Ça sert à quoi si n'est à lancer des cailloux ?

Alors, les cailloux ça peut faire mal, hein !
Ça peut déranger. En tout cas, ça range rarement.
Ça peut déclencher des choses. Des avalanches !
Ou des déclics. Faut bien viser.
Et le grand garçon, ben… il vise bien. Il vise loin.
Toujours plus loin. Il vise la lune même, des fois.
Il vise juste. Toujours plus juste. Il vise ce qu'il veut.

Qu'est-ce qu'il veut ?
Lancer des cailloux, j'imagine. Partout.
Et des cailloux y'en a ! Partout.
Il suffit de les prendre. Et de les lancer.

Alors il lance des cailloux. Partout ! Par-dessus les haies. Dans les cours d'écoles. Au milieu des conversations. Au centre du village. Sur la scène ! Vers les autres.
Souvent il ne se passe rien, hein.
Mais en même temps, le grand garçon, il ne s'attend à rien.
Il n'espère rien ! Il lance juste des cailloux.

Parce qu'on n'a pas besoin d'espoir quand on a des cailloux.

Moi je suis resté planté là… J'ai pris racine, même !
Et c'est seulement après qu'il soit parti que j'ai compris…
C'était pas des cailloux.
C'était des graines.

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