Le grand jour.
whoareureally
Ça y est, c'est le grand jour.
Il ne pleut pas – le soleil brille dans le ciel, nous étouffant de sa chaleur insupportable. L'ombre des arbres immobiles sur la route nous prouve que l'été est sec. Mon père au volant regarde la route sans expression, me jetant parfois un regard désolé que j'ignore. Personne ne parle, seule la climatisation empêche le silence de s'installer.
Les routes sont désertes en ce mois d'août – qui aurait envie de rouler dans une telle chaleur, de toute façon ?
Pas moi, en tout cas. Et pourtant, je suis allongée à l'arrière de la voiture de mon père filant – pas très – droit vers lui, mon Inconnu.
Je ne pensais pas que ce jour arriverait si tôt, et encore moins de cette manière-là. Il n'était pas net, l'Inconnu, un peu chamboulé dans le fond. Il ne faisait attention à personne, pas même à lui-même. Il avait une grande gueule, mais il n'aimait pas trop discuter – il était réservé, comme si il se protégeait de toutes paroles.
« - Je ne vaux pas la peine d'être entendu, le monde se moque de nos problèmes. Moins t'en dis, mieux tu vis, m'avait-il dit cette nuit de juillet en marchant dans la rue, les mains dans les poches.
- Je ne suis pas le monde, lui avais-je répondu. J'aimerai juste en savoir un peu plus sur toi, apprendre à te connaître.
- Pour quoi faire ? Tu m'oublieras dans quelques années. Tu es venue vers moi pour ce que je suis, pas ce que j'étais. Tu n'as pas eu besoin de me connaître pour venir me parler, ça prouve que ce n'est pas si important que ça, finalement. »
Alors on avait simplement continué à marcher, se racontant nos meilleures anecdotes. Je ne savais rien de lui sauf ces quelques moments du passé. Il était simplement lui, l'Inconnu incompris.
Il n'avait pas d'amis concrets, juste de vagues connaissances, des garçons du lycée. Il lisait souvent des livres de science-fiction, des bouquins complètement tirés par les cheveux – il disait que tout était possible dans ce genre de lecture, et que c'était cette forme d'imagination infinie qu'il aimait. Il avait toujours un paquet de cigarette sur lui, mais ne fumait jamais, comme si l'idée le répugnait.
« - Ce n'est pas parce qu'on a quelque chose qu'il faut s'en servir, tu sais. Parfois, le simple fait de l'avoir nous suffit, pouvoir la regarder et se dire que ce n'est pas si utile que ça finalement, mais en être content quand même. »
Je pensais qu'il était insensé, ce jour-là, possédé de pensées tordues. Je croyais que ce n'était pas possible de ne pas utiliser quelque chose à sa juste valeur. Et maintenant, en tenant le médiator qu'il m'avait donné lorsque je l'avais écouté jouer de la guitare un après-midi de pluie, je me dis qu'il n'a pas tort, que bien au contraire, il ne disait qu'une vérité mal interprétée. Oui, je n'oserai jamais utiliser cette petite chose de peur de l'abîmer, certes, mais surtout parce que l'envie n'y est plus, et que le garder me rend déjà bien heureuse.
Je pensais – et je pense – souvent à lui. Il avait ce don de rester dans ma mémoire, quelque part, d'y habiter d'une façon discrète, invisible. Il trottait dans ma tête durant mes journées fatiguées, prenait une place considérable dans mes pensées.
Il avait marqué une partie de moi sans rien faire de spécial, juste en étant lui-même. Et c'est pour ça que je l'aime encore aujourd'hui, malgré que tout nous sépare.
Un bouquet de fleurs dans les mains, allongée sur la banquette arrière, je fixe le plafond de la voiture sans vraiment le regarder.
« - On est arrivé, ma puce, dit doucement mon père en se retournant vers moi. Ça va aller ? »
Je lui souris en guise de réponse et sors de la voiture.
Il ne pleut pas, aujourd'hui, ni sur la terre, ni sur mes joues. Mais les yeux des personnes déjà présentes ne reflètent que tempêtes et orages – les nuages partiront bientôt, le mauvais temps ne dure pas. L'ambiance est triste, malheureuse, comme chaque enterrement auquel on va.
« Je ne pleurerai pas, mon Inconnu, tu n'aurais pas voulu cela. Mon père a insisté pour les fleurs, je sais pourtant que tu ne les aimais pas. Je t'adresse ces derniers mots que je sais que tu n'entendras pas, après tout, le vent les emportera. J'ai vécu les plus beaux moments de ma petite vie avec toi, et je ne te remercierai jamais assez de me les avoir donnés. Ton rire que je n'entendais pratiquement jamais, tes sourires que tu m'adressais quand l'envie te venait, nos discussions sans importances que j'aimais tant. Jamais je ne les oublierai, je te le promets. Et jamais je ne t'oublierai, malgré que ce soit ton souhait. Je n'ai pas la force de le faire à vrai dire, on enlève pas le meilleur d'une vie. On se reverra un des ces jours, mon Inconnu. »
Ben.
· Il y a presque 9 ans ·Moi aussi.
jireoparadi
Ben.
· Il y a presque 9 ans ·Moi aussi.
jireoparadi
Ben j'aime !!! vraiment !
· Il y a presque 9 ans ·Patrick Gonzalez
Et bien merci ! ;)
· Il y a presque 9 ans ·whoareureally
c'est beau mais que c'est beau ! mais une question tu t'es relu avant de mettre cette nouvelle en ligne ?
· Il y a presque 9 ans ·si ce n'est pas le cas je t'invite à le faire (sachant que ça m'arrive souvent de ne pas le faire , mais c'est sans importance )
C'est dommage de voir autant de petit problème si bien au niveau du rythme mais aussi de l'orthographe car ça fait perdre un peu de charme à cette nouvelle qui superbe tu as le don de créer des ambiances à tes récits en créant une ambiance cela permet de presque donner un souffle de vie à la nouvelle et de ce fait mettre en relief les sentiments et le personnalité de ton héros/héroïne si je sais que tu es capable d'approcher la perfection.
Lu Relu
Je pensais l'avoir déjà corrigé par le passé, mais en me relisant, j'ai vu que ce n'était pas le cas (j'avais pourtant le souvenir de l'avoir fait... ) !
· Il y a presque 9 ans ·Merci beaucoup en tout d'avoir lu et commenté !
whoareureally
bah ça arrive il y a des erreurs qui passent entre le mailles de filet c'est comme ça qu'est ce qu'on y peu?
· Il y a presque 9 ans ·sinon de rien c'est un réel plaisir !
Lu Relu
Ahaha oui, c'est vrai, par faute d'attention ! ;)
· Il y a presque 9 ans ·whoareureally