Le Homard Bleu.(3)

Pour noter la différence d'un portail en bois d'un portail en fer, faut d'abord se cogner dessus. Dans celui aux parties métalliques l'impact est assez tranché, vif et cinglant, alors que dans un en pin des dunes, et de par généralement son manque d'entretient, ses champignons, sa mérule, le bruit en est considérablement réduit, voire opaque.

- Merde !

- Voilà ! Tu viens de te prendre le portail en fer !

- Ben ouais, ça je le sais ! Figure-toi qu'il est tout de même plus de 23 heures, et que sur un portail mal éclairé et en marche arrière, on peut pas toujours savoir s'il est correctement entrouvert !

- Mais putain, on vient de le franchir y a 2 minutes ! Tu te rappelles plus de comment qu'il était en marche avant ! Et en plus c'est pas l'bon ! Faut qu'on trouve celui où qu'il y a la table à la clématite pour qu'on ait la clé sous le pot !

Pour Betty, les incidents sur la vie n'appartiennent qu'à ceux qui ne prêtent aucune attention. Selon elle, si le lait de la vache n'avait pas tourné en Savoie, la tome des Bauges n'existerait pas et encore moins celle des Vosges dans les Vosges.

« Prenez la direction sud-ouest puis tournez à gauche... au giratoire prenez la deuxième sortie puis tournez à droite pour prendre la première à gauche...»

- Je crois bien qu'il nous fait faire demi-tour !

- Ça j'ai compris !

...

Pour réduire le taux carbone du temps passé sur votre ordinateur à lire la narration inutile d'un portail donnant accès à une clématite, comme le serait un regard perdu sur une toile de Dali, je m'en vais cher lecteur, passer directement au quatrième chapitre, celui de la chambre molle:

- Tiens, si t'es si intelligent, vas-y, essaie de l'ouvrir pour voir !

- Pfff !

- Tu vois, elle rentre pas !

- T'es sûre que c'est la bonne clé ?

- Oui ! C'est celle que j'ai prise sous la clématite !

- Betty !

- Quoi Betty ?

- A quoi ça ressemble pour toi une clématite ?

- A une fleur qui grimpe !

- Betty ! Y en a plein des fleurs qui grimpent ! Les roses, les passiflores, les jasmins étoilés, les annuelles...

- Putain ! Quand t'auras fini de faire tes phrases à rallonges et à jets d'eau pour noyer le poisson, peut-être que tu finiras par faire fonctionner le mien !

- Le tien ?

- Mon petit bassin !

...