Le Jardin - 2

Nathan Noirh

30 mètres. C'était la profondeur qu'il avait atteint pour l'instant. Avec l'aide de son ami ils allaient plus vite maintenant. J'essayais toujours de me rapprocher, de jeter un coup d'oeil à l'affaire. Rien à faire, le vieux ne me laissait pas tenter l'aventure. Vous pouvez me dire comment un grand-père pourrait vivre là, en dessous de nous depuis 10 ans ? C'est pas évident. Edith, ma mère, n'a pas insisté voyant l'obsession de Baptiste, se disant que cela allait lui passer un jour. Il ne me laissait pas approcher, mais quand bien même il nous racontait ses avancées. Il creusait un trou tout autour du "trou noir". Il ne voyait toujours pas le bout du machin. Il a essayé d'éclairer le fond avec une lampe. Puis avec un laser, les espèces de point rouge dont se servent les professeurs. Puis en lançant une fusée éclairante. Toujours plus j'ai envie de dire. Mais toujours rien en même temps. Pas une seule indication sur la profondeur du trou ou est-ce qu'il peut mener. Il installait des planches petit à petit comme un échafaudage pour faciliter ses déplacements. L'ami de Baptiste, je ne sais plus son nom, s'occupait de déblayer toute la terre enlevée jusque là, en le jetant plus au loin, en faisant tout de même attention que cela ne créer pas un monticule informe et visible depuis l'extérieur. Faudrait pas en plus attirer l'attention. Son ami a ramener une bestiole l'autre jour. Le cadavre d'un animal. J'ai cru que c'était un chien au début. Mais loin de là. Une queue toute fine. Des dents qui dépassent. Des oreilles pointues. Un rat. Mais alors un rat, qui doit peser dans les 20 kilos. C'est ce qui aurait attaquer mon père le soir où il est rentré en sang. Je ne suis pas expert en rat, mais je me doute que c'est pas habituel comme taille. Selon l'ami de mon père (appelons-le Bob j'arrive toujours pas à me rappeler de lui), donc selon Bob, ou Bobby ou Booba comme vous voulez, c'est une espèce qui a disparu depuis un moment. Quelques centaines d'années. Curieux tout de même. Puis, pendant plusieurs jours, on ne les as pas revu. Et là un matin, je vois mon père en train de m'attendre en bas, un sac à ses pieds.

" - Fiston, j'ai besoin de toi."

Nous voilà partis vers le fond du jardin. Quand je suis arrivé, j'avais du mal à y croire. On aurait dit la tombe d'un géant, ou un cratère immense. Ils n'avaient pas fait les choses à moitié. Nous avons emprunter différentes échelles, des planches, des barreaux, des cordes. Nous sommes descendu pendant une bonne demi-heure. Je ne connaissais pas la profondeur de ce trou, mais je me doutais qu'on était descendu très, très, mais alors très bas. Je ne pouvais m'empêcher de regarder le "trou noir" comme disait Baptiste, au milieu de cet immense cratère. Des lampes avaient été installées tout au long de notre descente. Quand enfin, je pose un pied à terre, je me retourne, je me fige.

Une porte. Rouge. Avec une poignée.

"- Qu'est-ce que ça fait là ?"

Mon père ne m'a pas répondu. Il m'a montré une inscription au dessus de la porte. "Drôle et divin, vous devez peser le même poids que la profondeur de sa maison". Une énigme. Une sorte de socle devant la porte qui devait servir de balance. Ma première question ne fut pas "mais quel est donc ce poids ?" ou encore "Qui a décidé de mettre une porte et une énigme ici ?". Mais plutôt "Pourquoi protéger cette porte ?".


Fin du chapitre 2.

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