Le joueur de flûte

ficusginseng

J’aimais les hommes. J’ai absorbé leur douleur et leur toxicité. J’ai ingurgité leur sperme, leurs pulsions, leur violence. J’ai tout bien enfoui au fond de mes boyaux et j’ai même cru une fois pouvoir tout digérer.

J’ai alors récupéré le vice, les addictions, la débauche. J’ai goûté toutes les drogues, toutes les galettes les schnoufs les opiacés. Mon corps a été pénétré par tous et par tous les orifices. Parfois j’en ai vomi parfois j’en ai eu de l’orgasme.

Les malheurs que j’ai cru épongé m’ont finalement rongé l’anus et les viscères. J’en ai perdu le rire les joies du jeu ou du mensonge. J’en ai perdu l’envie de jouir.

J’ai tellement mâché tous ces pêchés, que je connais bien leur amertume. Je les ai faits miens, désormais ils me bouffent. Leurs sales rats je les ai adoptés, j’ai cru être le plus sensible ou le mieux calibré, j’ai même pensé parfois être dieu. Je suis en fait de la pire espèce. Je suis humain et je me tue à vouloir être autre.

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