J’ai beau me souvenir, je ne comprends pas comment je suis devenu ce proscrit, rayé de la mémoire de Dieu, haï de mes congénères, maudit à jamais, mes rêves d’adolescent noyés dans la cruauté des hommes, un matin, près de Koppen.
Je suis le joueur de flûte. Mes mélodies sont la grâce même.
Il ne sert plus à rien d'implorer le pardon, je suis seul. Et j’ai laissé la haine m’envahir. Je n’ai pas su lui résister. Combien de foi, de justice et d'amour m'a-t-il manqué pour que je n'exécute pas mon désir sauvage et jaloux envers ces enfants innocents?
Je suis le joueur de flûte. Mes mélodies sont une délivrance.
Je traîne mes jours comme une amertume, un supplice. Je n'ai plus personne vers qui me tourner. Mon âme est au tourment et personne pour s'en préoccuper. Combien de dépit s'échappera encore de moi avant que je ne meure ? Combien de jours sans joie ?
Je suis le joueur de flûte. Mes mélodies sont une condamnation.
Même si je pleure, c'est sans espoirs. Alors je me cache dans cette chambre où je n’ai plus personne à enchanter. Je vis au milieu de fantômes sans valeur et mon lit est froid.
Je suis le joueur de flûte. Mes mélodies se sont tues.