Le jour où j'ai été Plume

Yeza Ahem

Ce texte est librement inspiré des aventures d'un personnage créé par Henri Michaux, Plume

Je suis sortie, dès 7h30, avec mon ciré rouge, ma capuche rouge, mon sac rouge, et mes bottes rouges. Alors que je m'apprêtais à descendre les marches conduisant du 3e au 2e étage, ma voisine, son chien, son mari et leur sac poubelle ont surgi hors de chez eux. Le chien est passé entre mes jambes, m'a déséquilibrée ; je me suis rattrapée au pardessus de l'homme, il m'a repoussée ; j'ai poussé la femme, qui m'a esquivée, puis ils étaient partis. Dans ma main droite trônait l'anse du sac poubelle.

Bah... On peut se rendre des services entre voisins...

J'ai descendu un étage et suis arrivée au 2e. Enfin presque, parce qu'il y avait des cartons sur le paillasson du voisin. Ils bloquaient le passage, devant sa porte ouverte. Alors, j'ai hésité : remonter et prendre l'ascenseur ou passer par l'entrée du voisin ? J'y étais, je suis entrée.

« Eh bien ! Qu'est-ce que vous attendez ? Ils ne vont pas rentrer tout seul ! Allez ! Arrêtez de lambinez ! » Je me retourne. Personne. Alors je dis à l'homme dans le salon : « Oui ! Bien sûr ! » Et je rentre les cartons en remarquant les inscriptions Bibliothèque-livres sur chacun d'eux. Puis je repars, après avoir refusé le pourboire : pas de ça entre voisins !

Je descends, du 2e au 1er étage. Arrivée sur le palier du 1er, une porte s'ouvre et une femme me tend une laisse en disant : « Vite ! ». Au bout de la laisse, un chien. Dans ma main droite, l'anse d'un sac poubelle. Il me reste la gauche. Alors je prends la laisse. La porte se referme et Nestor grogne à mes pieds.

Je descends, vais au local poubelle, y dépose Nestor, remonte au 1er étage, sonne à la porte de ma voisine et lui tend le sac poubelle. Quand je vois son regard, je souris et lui souhaite une bonne journée. Mais elle hurle et je comprends mon erreur. Alors je redescends, vais au local poubelle, récupère Nestor, dépose le sac, remonte au 1er, rends Nestor à la dame, et remonte chez moi.

Je crois que je ressortirai... plus tard.


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