Le lapin qui avait du chien

Christophe Peroua

Comme disait Claude Nougaro: " Gay, gay, l'amour c'est pas sorcier"

Jeannot vivait dans un quartier résidentiel nommé : Garenne. Il avait un joli pied à terre avec un bout de jardin. Il avait créé un petit potager où poussaient de magnifiques carottes. Il avait plein d'amis mais pourtant, il n'arrivait pas à rencontrer l'élue de son cœur. Il faut savoir qu'il était chaud lapin, aussi les lapines se méfiaient-elles de lui. Parfois l'une de ces demoiselles se laissait tenter par une invitation, car il était très mignon. Pourtant au dernier moment elle se ravisait et lui posait un lapin.

 

N'en pouvant plus de vivre échec sur échec, il décida de prendre la clef des champs. Un copain lui proposa de l'accompagner. Celui-ci était toujours content et chantait à longueur de journée. En réalité, il avait de l'oreille. Jeannot lui dit : « tu es toujours aussi gai ?

 - Tu étais au courant ?

- Au courant de quoi ?

- Que j'étais gay.

- Je le vois bien, tu es gai comme un pinson et tu chantes tout le temps.

- Non ! Je veux dire gay, je préfère les mâles. Tu devrais essayer, toi qui n'arrives pas à séduire les lapines ».

 

Jeannot resta pensif un moment puis ne voulant pas mourir bête, il suivit  son ami bien décidé ce coup-ci à lever un lièvre. Ils se dirigèrent en direction d'un grand champ de blé en quête de rencontres. En ce lieu, ils aperçurent deux lièvres magnifiques. Jeannot se mit à détaler à toute vitesse. Son ami lui cria : « tu ne vas pas courir deux lièvres à la fois, soit plus raffiné. Va à la rencontre du premier et fais-lui la cour. Tel que je te vois, tu partais pour faire un sauté de lapin. Ce n'est pas comme ça que tu vas séduire. Jeannot en perdait son « lapin ».

 « C'est quoi faire la cour ?  Demanda-t-il à son ami.

- Faire la cour, c'est dire de jolies choses en y mettant un peu de tendresse. Tu pourrais lui dire bonjour mon lapin, si ton bavardage se rapporte à ton pelage, je t'amènerai dans ma maison Phénix à l'autre bout du bois »

 

Jeannot prit un air dubitatif et lui tint ce langage : «  Si je comprends bien, il faut que je le fasse marcher à la carotte. Je ne le sens pas bien ton plan. J'ai beaucoup de copains qui se sont fait carotter leur terrier par trop de gentillesse. Je n'ai pas envie d'avoir le coup du lapin.

- Je comprends mieux pourquoi tu es toujours seul. Tu n'es pas gai, tu vois pour moi l'amour ce n'est pas sorcier.

-Effectivement, je ne suis ni gai, ni gay, pour moi l'amour, ça semble sorcier.

 

Quelques mois passèrent jusqu'au jour où une chienne lui tint ce langage : « Que vous êtes beau, vous avez du chien ». Jeannot n'en crut pas ses oreilles. Puis, il prit conscience que cela faisait des années qu'il éprouvait un mal de chien à se faire des relations. « J'ai l'apparence d'un lapin, mais à l'intérieur je suis un chien, cela me laisse un peu d'espoir » se dit-il. Il s'en alla consulter un psychologue qui l'encouragea à changer de race. Après quelques années d'entretien, il rencontra un chirurgien qui voulut bien l'opérer. Il lui réduit les oreilles, lui modifia la denture alors qu'il n'était « palais », et lui rallongea la queue pour que celle-ci puisse bouger. Puis il changea d'état civil.

 

Voilà, Jeannot a quitté Garenne pour aller vivre à « Niche » et il s'appelle aujourd'hui Rocco, car quoi qu'il soit devenu chien, il est resté au fond de lui, chaud lapin.

 

Comme le disait si bien Johann W.Von Goethe : « Traitez les gens comme s'ils étaient ce qu'ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu'ils sont capables d'être ».

 

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