Le lien

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Le lien

(Synopsis en fin de texte)

« Dans 1500 mètres prendre la sortie 7 en direction de A666. »

La voix hachée du GPS brisa le silence qui s’était installé dans l’habitacle.

Sur le siège arrière Quentin Devert, seize ans, leva les yeux de son Smartphone.

- A666 ? C’est une blague, n’importe naouak !

Bertrand, son père, le regarda par rétroviseur interposé. Ce simple mouvement lui lança une douleur dans la nuque. Cela faisait trop longtemps qu’il était derrière le volant, une pause s’imposait.

- Ben non, ce n’est pas une blague, si la gentille dame nous demande de tourner ici, on tourne ici. Ce que femme veux...

- A666, comme le chiffre du diable ? Ils sont cons ou quoi les keums qui donnent les numéros aux autoroutes ?

- Surveille ton langage veux-tu, surtout en présence de ta sœur et puis arrête de parler en verlan, ça m’énerve !

Quentin haussa les épaules et se laissa retomber sur le dossier du siège en cuir. Il avait envie de rétorquer à son père que c’était LUI qui avait insisté pour qu’il les accompagne en vacances dans ce bled paumé. « Pour se ressourcer en famille » avait-il dit. Tandis que LUI aurait préféré, et de loin, rester seul à la maison, il se serait éclaté avec ses potes. Qui sait, il serait peut-être même parvenu à attirer Zoé chez lui, il lui aurait sorti le grand jeu et une chose en entrainant une autre… Cette pensée éveilla en lui toute une série d’images lubriques où Zoé et lui étaient les acteurs principaux. Emoustillé, il se replongea dans la contemplation de son téléphone où il fit défiler une série de photos porno qu’il avait stockée en prévision des deux semaines d’ennui qui se profilaient à l’horizon.

- C’est vrai que c’est tout de même bizarre ce numéro d’autoroute, abonda Sophie dans le sens de son fils, en plus elle ne figure pas sur la carte.

Sophie était ce genre de personne à avoir raté le train de la technologie. Portables, GPS, tablettes, tous ces objets étaient suspicieux à ses yeux. Elle vivait dans le réel, affirmait-elle, et se sentait pleinement épanouie sans devoir recourir à tous ces gadgets si vite obsolètes.

Bertrand haussa les épaules.

- Elle est sans doute nouvelle, elle date de quand ta carte ?

Sophie retourna la carte dans tous les sens à la recherche d’une date. Elle la repéra enfin, inscrite en caractères si petits qu’elle avait pratiquement le nez dessus pour pouvoir la déchiffrer.

- 1992.

- 92 ? Mais c’est une antiquité ! Comment diable fais-tu pour garder les trucs aussi longtemps ?

Ils roulaient maintenant sur la rampe d’accès de l’A666, Bertrand jeta un rapide coup d’œil dans le rétroviseur avant de s’engager. La voie était libre. A dire vrai, il n’y avait pas un chat sur la route.

- Dis donc, il n’y a pas grand monde, tu es certain que c’est la bonne direction ? demanda Sophie.

Ca y est, elle commence à angoisser, pensa Bertrand. Il ne connaissait que trop bien la propension qu’avait son épouse à se mettre en mode panique pour des broutilles. La moindre contrariété pouvait déclencher en elle des bouffées de stress incontrôlables. Il s’était toujours demandé d’où lui venaient ces peurs infondées. De l’enfance probablement, mais il n’avait jamais osé aborder le sujet, certain qu’elle nierait la chose. Il avait simplement appris à vivre avec. N’était-ce pas là le secret d’un mariage harmonieux ?

Il opta pour l’apaisement.

- Certain, oui, je te parie qu’on va retomber sur l’A75, ce qui n’est pas plus mal, ça va nous permettre d’éviter l’A7. Elle est toujours blindée.

Tell me lies, tell me sweet little lies. La chanson des Fleetwood Mac lui vint à l’esprit. En vérité, il n’en était pas certain du tout, mais cela lui semblait parfaitement logique. Par contre, il n’était pas particulièrement calé en géographie, mais si son hypothèse se vérifiait cela voulait dire qu’ils allaient devoir franchir le massif ardéchois et il n’avait jamais entendu parler d’une autoroute le traversant.

Sophie sembla convaincue par les explications de son mari car elle se débarrassa de sa carte, désormais inutile, dans le rangement de la portière et se tourna vers ses enfants.

Elle constata que Manon s’était endormie, ce qui n’était guère étonnant, ils avaient pris la route dés six heures du matin pour éviter au maximum les embarras de circulation. Manon s’était montrée enjouée les premières heures, elle s’était amusée à saluer les occupants des voitures qu’ils dépassaient (et à ceux qui ne répondaient pas, elle avait tiré la langue), ensuite elle avait joué à « A quoi je pense ? » avec ses parents. Le principe était enfantin, elle pensait à une personne ou un objet, et ses parents devaient découvrir de qui ou quoi il s’agissait en posant le moins de questions possible. Enfin, elle avait écouté de la musique sur son lecteur MP3 (qu’elle avait hérité de son frère à la Noël lorsque ce dernier avait reçu son Smart) avant de s’assoupir.

Dix ans, déjà, réalisa Sophie, dieu que le temps filait ! Elle revoyait encore sa petite puce effectuer ses premiers pas dans le jardin de leur pavillon de banlieue. Qu’ai-je fait pendant tout ce temps à part jouer les épouses modèles ? Elle se sentit triste. Triste et vieille. Pourtant, elle n’en voulait à personne et certainement pas à Bertrand, c’était un choix qu’ils avaient fait ensemble lorsque qu’ils avaient décidé d’avoir des enfants. Tous les deux médecins, ils s’étaient mis d’accord pour que l’un d’entre eux se consacre pleinement aux enfants. Bertrand n’avait pas été opposé à l’idée d’abandonner son cabinet pour devenir un homme au foyer, c’était elle qui au final en avait décidé autrement. Elle avait eu peur des réactions de son entourage, de la famille. Peur qu’on ne la considère comme une mauvaise mère si elle privilégiait sa carrière au détriment de ses enfants.

Elle chassa ces sombres pensées et se concentra à nouveau sur la route. Aussi loin qu’elle pouvait voir devant eux, il n’y avait aucune autre voiture. Pas une seule, le premier week-end des vacances scolaires, c’était pour le moins surprenant.

- C’est quand même bizarre, non. On dirait qu’on est seuls au monde, dit-elle sur un ton qu’elle espérait décontracté.

- Ah non, nous ne sommes pas seuls darling, nous sommes suivi.

Bertrand avait suivi la progression du véhicule derrière eux. Au début, ce n’était qu’un minuscule point noir éloigné, et au fur et à mesure qu’il s’était rapproché, le point s’était progressivement transformé en un bolide noir sur lequel le soleil d’été se reflétait.

Bertrand jeta un œil au compteur de son X3, il roulait à plus de 140 à l’heure.

- Bon dieu, à l’allure où ce type est en train de nous rattraper, je te parie qu’il roule à plus de 200.

Sophie se retourna. La voiture était maintenant toute proche. Elle n’en avait jamais vu de semblable ; massive, chromée. Sans doute une marque américaine.

Elle était juste derrière maintenant. Le conducteur, caché par une vitre teintée, fit des appels de phares.

Sophie sursauta, elle voulut prévenir son mari, mais elle remarqua au front plissé de ce dernier, que lui aussi avait vu.

- Ben quoi connard, tu as deux autres bandes pour dépasser, marmonna Bertrand.

Le bolide ralentit et se laissa distancer avant d’accélérer à nouveau et de venir se coller à la BMW. Cette fois-ci, ils eurent droit aux coups d’avertisseur en plus des phares.

- Qu’est-ce qu’il veut ? Il y a un problème avec notre voiture ? demande Sophie.

Bertrand sentit une sueur glacée lui couler dans le dos. Sous la pression, craignant de se faire emboutir, il avait accéléré et roulait à près de 160.

- Non, je crois que ce type veut faire la course.

Derrière, Quentin s’était désintéressé du contenu explicite de son téléphone, alerté par le ton angoissé de ses parents. Il déboucla sa ceinture et se mit à genoux sur le siège, face à leur poursuivant.

- Putain, quelle caisse, ce serait trop la classe de se pointer avec au bahut, s’exclama-t’il admiratif tout en tendant son majeur à l’attention du chauffeur invisible.

Sa mère qui vit son geste, hurla, presque hystérique.

- Quentin, rassied-toi tout de suite !

Il obtempéra d’un bond, les joues en feu, conscient d’avoir été trop loin.

A côté de lui, Manon s’était réveillée, l’air hagard, pas encore pleinement consciente de l’endroit où elle se trouvait. Les bribes d’un rêve étrange, mais à l’aspect tellement réel, se dissipaient comme la fumée au vent. Au bout de quelques secondes, le temps de recouvrer ses esprits, il n’en subsista qu’une impression désagréable, un goût métallique dans la bouche, et l’image fugace d’un être sans visage.

Un être mauvais, qui lui voulait du mal.

De ça, elle était certaine.

Elle remarqua la tension qui régnait dans l’habitacle et cela l’effraya.

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t’elle d’une voix angoissée.

- Rien, ma puce, tenta de la rassurer son père sans vraiment y parvenir.

Cette fois-ci, le bolide noir changea de bande de circulation et vint se placer à leur hauteur. Bertrand tendit un poing rageur.

- Ne le provoque pas, souffla Sophie sur un ton qui ne soufrait aucune discussion.

Cela ne fit que l’énerver encore plus.

- Et bien quoi, je dois laisser cet enculé nous menacer, c’est ça ?

Derrière, Manon se recroquevilla sur son siège. Elle n’avait jamais entendu son père parler comme ça.

La voiture les doubla et se plaça devant eux. Elle freina subitement, et Bertrand fut obliger d’enfoncer la pédale de frein sans ménagement pour éviter de lui rentrer dedans. Les roues de la X3 se bloquèrent un instant malgré l’ABS, Quentin qui n’avait pas rebouclé sa ceinture se cogna le front sur le dossier du siège avant. Il se remit aussitôt en place et s’attacha avec empressement. Il en serait quitte pour une belle bosse.

Enfin, la voiture accéléra et s’éloigna jusqu’à disparaître de leur champ de vision. La tension retomba quelque peu, un silence pesant s’installa pour finalement être brisé par Manon.

- Il est parti ?

- Oui, ma puce, il est parti. C’était juste un cinglé qui prenait la route pour un circuit de course.

Ouais, sauf que c’était plus qu’un simple Fanjo, ce type a clairement cherché à nous intimider.

Rien que d’y repenser, Bertrand frissonna. Il avait le dos trempé de sueur. Il regretta de ne pas avoir relevé le numéro de la plaque d’immatriculation, il se serait fait un plaisir de le transmettre aux gendarmes.

Cela n’aurait probablement servi à rien. Qu’est ce que les flics auraient pu faire de toute façon.

Pas grand chose, de toute évidence. En prendre note. L’information aurait terminé quelque part dans une base de données et elle n’en serait ressortie que le jour où ce type aurait tué un pauvre innocent. Ce serait trop tard de toute façon.

Petit à petit il se calma et le tremblement qui agitait ses mains s’estompa. Bon dieu, quelle aventure, tu parles d’un départ en vacances !

Il décida d’oublier toute cette histoire, cet enfoiré n’allait pas gâcher leur première journée en famille. L’année écoulée avait été usante pour lui, entre le temps qu’il consacrait à son cabinet privé et celui dédié au service psychiatrique de l’hôpital Bichat, les moments privilégiés avec sa « tribu » se réduisaient à peau de chagrin. Un petit-déjeuner par ci, une fête d’anniversaire par là. Il ne se rappelait même plus à quand remontait la dernière soirée télé passée tous ensemble, ni même la dernière fois que Sophie et lui s’étaient retrouvés seuls, en amoureux. C’était le prix à payer pour garantir un confort de vie plus qu’acceptable à ceux qu’il aimait. Mais est-ce la recette du bonheur, mon coco ? Il préférait ne pas trop approfondir la question, la réponse risquait de lui déplaire.

Sophie le tira de ses pensées. Elle paraissait encore secouée par les événements.

- Il y a une aire de repos dans cinq kilomètres, si on s’y arrêtait, je crois que ça nous ferait du bien de nous dégourdir les jambes, en plus, il va être l’heure de déjeuner.

Il approuva l’idée.

Maintenant que la voiture noire s’était éclipsée, ils étaient à nouveaux seuls sur l’autoroute.

Au moins, il n’y aura pas la file au restoroute.

Quelques instants plus tard, ils quittaient l’autoroute. La voie qui menait à l’aire de repos était étroite et parsemée de nids de poule. Sur les côtés, une végétation luxuriante débordait allègrement sur la route, à tel point que des branchages effleurèrent la carrosserie de la BM.

Bertrand ralentit et progressa pratiquement au pas jusqu’au « R tau ant – Gr ll » comme l’annonçait une enseigne en piteux état. Le bitume du parking était craquelé et bosselé, de hautes herbes poussaient entre les fissures.

Il n’y avait aucun autre véhicule.

- Elle craint cette aire, s’exclama Quentin avec une moue de dégoût, on ne va quand même pas manger ici ?

- On va d’abord voir si c’est ouvert, dit Bertrand, ça m’a tout l’air d’être abandonné depuis belle lurette.

- Je croyais qu’on était sur une nouvelle section d’autoroute, ajouta Sophie fort à propos.

- Et bien apparemment, pas si nouvelle que cela, j’en sais rien moi, lâcha Bertrand plus agressif qu’il ne l’avait souhaité.

Ils descendirent et quittèrent l’air frais et climatisé de l’habitacle pour se retrouver sous un soleil de plomb. La chaleur les submergea, leur donnant l’impression fugace de manquer d’air.

Ils marchèrent en direction du restoroute. C’était un de ces bâtiments comme on en voyait partout le long des autoroutes de France à l’exception que celui-ci était délabré. Plusieurs vitres étaient brisées et les peintures murales étaient passées, décolorées par les rayons solaires.

Les craintes de Bertrand se confirmèrent lorsqu’il poussa la porte.

Personne. Pas un chat.

Sur la droite, il y avait une petite boutique. Etrangement les rayons étaient encore garnis de divers articles ; sodas, chips, magazines.

Bertrand s’approcha et s’empara d’un journal au hasard. Le papier était jauni. Il lu la date à voix haute.

- 14 décembre 2003.

La une du quotidien n’avait qu’un seul titre, la capture de Saddam Hussein à proximité de Tikrit, en Irak.

Il consulta d’autres titres de presse sur l’étalage, tous dataient du même jour à l’exception de quelques quotidiens internationaux qui dataient de deux ou trois jours plus tôt.

- Au moins on sait à quand remonte la fermeture, dit-il.

- Tu ne trouves pas ça étrange. Je veux dire pourquoi ont-ils laissé les produits dans le magasin ? C’est comme ci l’endroit avait été abandonné subitement.

Il haussa les épaules. Oui, c’était étrange. Et à dire vrai, ça avait même un côté un peu flippant. Si l’on en croyait ces journaux, l’aire était fermée depuis près de dix ans et pourtant, à l’exception de ces quelques fenêtres brisées, il n’y avait aucune trace de vandalisme. Juste l’effet destructeur du temps qui passe. C’était là le plus surprenant selon lui. Il était tout simplement inconcevable qu’un bâtiment laissé sans surveillance pendant une décennie ne soit la cible de vandales.

Une intuition subite le fit se diriger vers la caisse enregistreuse. Il essaya de l’ouvrir mais n’y parvint pas. Sans doute y avait-il un système de fermeture électrique. Il leva les yeux et parcourut les rayons de la boutique. Son regard se posa sur ce qu’il cherchait, des mini-kits de réparation. Il alla en chercher un et y trouva un tournevis.

Sophie qui l’avait observé en silence finit par lui demander ce qu’il faisait.

- Juste un truc que je voudrais vérifier.

Il glissa le tournevis et força le tiroir-caisse qui s’ouvrit brutalement d’un coup. Des pièces et des billets tombèrent à ses pieds. Un rapide calcul lui indiqua qu’il y en avait pour plus de mille euros.

- Putain, trop cool, s’exclama Quentin.

Cela amusa Manon aussi.

- On est riche, papa ?

Mais il n’écoutait pas.

Là, clairement, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Sophie lu l’inquiétude sur le visage de son mari. Il ne lui en fallu pas plus pour que son cœur se serre d’angoisse.

- Que s’est-il passé ici, ce n’est pas normal qu’il y ait toujours l’argent n’est-ce pas ?

Il ne savait plus quoi penser. Non, ce n’était pas normal. Pas normal du tout même. Il ressentit alors l’urgence de quitter les lieux. Une sensation irrationnelle, physique.

- Venez, ça ne sert à rien de rester ici. On va rouler jusqu’à la prochaine aire.

- Mais papa, je dois aller au petit coin ! dit Manon qui se dandinait d’un pied à l’autre.

Les toilettes se trouvaient juste de l’autre côté du hall d’entrée.

- C’est bon vas-y, mais ne traîne pas d’accord.

Manon partit en courant, ses sandales claquaient et résonnaient sur le carrelage.

Sophie et Bertrand la regardèrent s’éloigner, puis leurs regards se croisèrent. Après tant d’années de vie commune, la communication verbale devenait parfois superflue. Sans échanger un mot, ils tombèrent d’accord. Ce que confirma Bertrand.

- On va faire demi-tour, reprendre la A7. Inutile d’aller plus loin.

Sophie acquiesça, soulagée. Cependant le sourire qui illumina un instant son visage se figea et se déforma en une grimace.

Elle était là, sur le parking.

La voiture noire.

Ils restèrent tous les trois immobiles à observer la voiture dehors. Elle leur faisait face, comme si elle aussi les scrutait à travers ses phares.

Ils s’attendaient à voir quelqu’un en descendre, mais au lieu de cela la voiture se remit en route. Elle passa une première fois devant l’entrée, ensuite une deuxième fois. D’où ils étaient ils pouvaient entendre le moteur rugir.

Comme un fauve qui tourne autour de sa proie, pensa Bertrand. Cela lui rappela un mauvais film d’horreur qu’il avait vu il y a des années où les héros s’étaient retranchés dans une station-service mise en état de siège par des camions fous sans chauffeurs.

Soudainement, la voiture prit de la vitesse, ses pneus crissèrent. Elle s’éloigna pour ensuite faire un demi-tour en dérapage, laissant derrière elle des volutes noires de caoutchouc brûlé. Elle se dirigea tout droit vers la BMW, et sans même ralentir emboutit le quatre-quatre allemand sur le côté. Ce dernier fut traîné sur plusieurs mètres avant que la voiture noire ne se dégage, indemne. Pas même un phare brisé alors que le X3 avait le flanc défoncé, la tôle cabossée, les vitres des portières éclatées.

Sophie hurla.

C’était un cri hystérique, animal.

Paralysé durant ce qui lui parut une éternité, Bertrand se ressaisit.

- Va chercher ta sœur, ordonna-t’il à Quentin qui lui aussi était sous le choc, les yeux fixés sur l’extérieur, doutant encore de la scène à laquelle il venait d’assister.

- Maintenant ! ajouta Bertrand pour faire émerger son fils de sa catatonie.

Cela marcha. Quentin recula lentement dans un premier temps, avant de se retourner et de courir en direction des toilettes.

De son côté Bertrand décida de laisser là son épouse en lui intimant de ne pas bouger, même s’il doutât qu’elle en fut capable de toute manière.

Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce qu’il cherchait. Derrière une vitre à briser en cas d’urgence se trouvait un extincteur, mais surtout une hache. Sans hésiter il fracassa du pied le verre protecteur et empoigna la hache.

- Œil pour œil, dent pour dent, souffla Bertrand submergé par une colère aveugle.

Dans le hall, comme prévu Sophie n’avait pas bougé d’un iota, elle s’était tue et son corps était parcourut de hoquets. Il retrouva également Quentin.

- Où est Manon ?

- Elle n’est pas là. Elle a disparu.

Bertrand stoppa sa course.

- Comment ça disparu ? Tu as bien regardé ?

Quentin s’énerva.

- Oui, elle n’est pas là. Il n’y a personne aux toilettes, d’accord !

Bertrand réalisa qu’il y avait été un peu fort. Mais cette situation était tellement dingue ! Un véritable cauchemar. Il essaya de se calmer.

- Ok, ok, pardon, on va aller voir.

Oubliant momentanément son idée de faire sa fête à leur agresseur, ils se dirigèrent ensemble vers les toilettes.

Bertrand ouvrit unes à unes les portes tout en appelant sa fille.

Finalement, il trouva un Ipod abandonné sur le carrelage. Il le ramassa.

- C’est celui de Manon ? demanda-t’il à Quentin qui confirma d’un hochement de tête.

Alors Bertrand eut un geste auquel il repensa par la suite, un geste ridicule. Il se pencha au dessus de la cuvette dans l’espoir d’y trouver sa fille. 

Synopsis

1 – Bertrand et Sophie Devert, un couple de médecins, leurs deux enfants, Quentin et Manon sont sur la route des vacances. Ils prennent la A666 qui ne figure pas sur la carte et est étrangement déserte. Une voiture noire les harcèle sur la route. Arrêt sur une aire mystérieusement abandonnée. La voiture noire réapparait et emboutit leur voiture. Manon a disparu.

2 - Malgré les recherches Manon reste introuvable. La voiture noire s’éclipse une nouvelle fois. Bertrand s’empare d’un pistolet dans leur voiture. Questions de Sophie sur la présence de cette arme. Bertrand raconte un problème avec l’un de ses patients schizophrène. Sophie fait difficilement face à la situation. Aucune possibilité de contact. Ils décident de partir à pied. Quentin remarque un avion littéralement figé dans le ciel.

3 - Questionnements sur l’endroit où ils se trouvent. Seraient-ils morts ? Dans un monde parallèle ? Sophie est de moins en moins cohérente. Rencontre avec Sébastien, un jeune homme. Il est prisonnier depuis un certain temps. Il parle des Rôdeurs. Première nuit autour d’un feu de camp.

4 - Bertrand refuse de se laisser aller. Le petit groupe continue ses recherches. Attaque de créatures humanoïdes. Quentin est blessé. Fuite. Au sommet d’une colline, vision d’une petite ville.

5 - Arrivée dans la ville. A la fois semblable à une ville normale et différente. La police ne se montre d’aucune utilité. Au détour d’une rue, ils voient la voiture noire garée. La ville parait familière et changeante. Elle se détériore à vue d’œil.

6 - La menace des Rôdeurs est toujours présente. Il y a un lien avec la voiture noire. La ville continue de tomber en pièces. Ils reçoivent des messages qui les guident. Ils pensent qu’ils viennent de Manon.

7 - Ailleurs. Un homme épie une maison. Il en observe les occupants, se sont les Devert. Ses pensées sont irrationnelles. Ce sont celles d’un schizophrène, mélange de réalité et de délires paranoïaques. Il est armé. Il égorge le chien et pénètre dans la maison désormais assoupie. Il blesse Quentin.

8 - Retour dans la ville « irréelle ». Les signaux les conduisent vers un hôpital. Toujours cette sensation de déjà-vu. Tout y est étrange. La voiture noire arrive. Son occupant entre également. Dans une chambre, ils trouvent Manon alitée et très faible.

9 - Décembre 2003. Il fait déjà noir. Il y a de la neige et les routes sont verglacées. Sébastien rentre chez lui après le travail. Il a bu quelques verres avec des collègues. Il a une voiture noire « tuée ». Il perd le contrôle de son véhicule et percute violemment une jeune fille (Manon) qui marchait le long de la route. Il meurt dans l’accident.

10 - Lutte finale entre la famille et l’homme de la voiture noire (qui a les traits du schizophrène). Malgré son état, Manon sauve sa famille en se sacrifiant, elle succombe sous les coups de couteau. Retour dans la maison familiale. Le patient de Bertrand échoue dans sa tentative de meurtre. A quelques kilomètres de là, le personnel d’un hôpital accourre au chevet de la petite Manon qui était plongée dans le coma depuis cet accident de 2003. Elle meurt, le corps lacéré.

  • Merci, même si "génial" me semble un peu trop flatteur, ça fait plaisir.
    Je n'ai pas encore écrit la suite, mais elle est assez clairement établie dans ma tête.

    · Il y a plus de 11 ans ·
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